Derrière Imala, la louve blanche, la meute grandit, et bientôt elle sortira de l’ombre pour aller au combat. Les clans, unis, mèneront à la victoire celle qui parle leur langue : Aléa, la Fille de la Terre !
Elle puisa le Saîman tout au fond de son esprit. Le souffle chaud monta le long de son corps, dans ses bras. Lentement, il s'échappa par ses mains et se faufila sous la porte, par la serrure, entre les planches. Aléa continua d'envoyer le flot de l'autre côté. Il glissait sur un sol de pierre, puis s'élevait, emplissant l'atmosphère pour comprendre l'espace. Il était dehors. Sur le rempart. Il n'y avait personne pour le moment. Aléa poussa le Saîman encore un peu plus loin. Il glissait sur la coursive comme un nuage difforme. Toujours rien. La voie était libre.
Djar. Je reconnais facilement ce monde maintenant. Je ne rêve pas, je voyage. Imala, je sais que tu n'es pas loin. Un jour, nous pourrons nous comprendre ici, car je pense qu'ici tu n'auras plus aucune peur. Mais il y a plus urgent. Erwan. Je dois trouver Erwan.
C'étaient les instants lourds et graves qui précèdent la bataille. Ceux où commencent les regrets. Ceux où battent des milliers de cœurs, de peur et d'excitation mélangées. Où l'appréhension noue le ventre. Où elle se fait si oppressante qu'on n'a plus qu'une seule envie, se jeter dans le combat pour en finir. Pour se débarrasser de cette tension continue, suffocante. Ces instants où l'on repense aux années ecoulées. Aux tendres souvenirs. Où l'on cherche à deviner si l'autre, juste à côté, ressent la même angoisse. S'il se demande aussi si cette cause mérite que l'on meure. Où l'on s'inquiète de savoir quand tombera la flèche, quand s'abattra l'épée.
Ces instants sourds, où l'on n'entend plus rien que le sang qui bat dans ses veines. Comme s'il y pulsait pour la dernière fois.
- Je serais des vôtres demain et je combattrai jusqu'à la mort, s'il le faut. Je suis un Mahat'angor avant tout, je remplirai mon devoir, et j'espère que tout cela aura une fin heureuse, parce-que je ne veux pas qu'un jour mes enfants aient à venger mon sort à leur tour. Personne ne devrait avoir à payer de sa vie pour venger ses ancêtres.
J'ai entendu dire tellement de choses à son sujet que je ne sais plus à quoi m'en tenir. Certains disent qu'elle est le Samildanach, d'autres disent qu'elle croit l'être mais qu'elle ne l'est pas, certains prétendent qu'elle est à la solde d'Harcourt, d'autres qu'elle est venue avec les Tuathanns...On dit aussi qu'elle est la meilleure amie de la reine de Galatie, ou encore que ce n'est qu'une petite voleuse du comté de Sarre.