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Citations sur L'assassin de la rue Voltaire (59)

Qu’est-ce donc qu’une vésanie ?
— Un désordre mental non organique, maître, répondit le journaliste en se tapotant la tempe du bout de l’index. Et il existe des vésanies sans accès de délire, qui peuvent donc passer inaperçues, mais qui cachent malgré tout un profond égarement de l’esprit. Dans certaines formes de cette malheureuse pathologie, une apparence trompeuse de calme dissimule parfois les plus violentes pulsions. Qu’on l’interroge, et le malade ne laissera échapper dans ses réponses aucun écart, aucun propos incohérent.
Gabriel s’éloigna de la table et vint se placer devant un portrait de Marivaux, peint par Louis-Michel Van Loo. Le jeune homme sourit en songeant au surnom que l’on avait donné à l’auteur des Fausses Confidences. Nul n’avait mieux décrit, dans ses pièces, les vices de la manipulation. Ainsi, tout en observant le visage malicieux du maître du mensonge, il continua son exposé :
– L’homme que nous cherchons ne présente sans doute aucune altération visible de son entendement, de sa perception, de son imagination ou de sa mémoire. En revanche, il souffre d’une perversion de ses fonctions affectives, qui le rendent insensible à la douleur d’autrui, froid devant la mort, et le conduisent aveuglément à ces actes sanguinaires, lesquels lui paraissent légitimes, même s’il sait qu’ils relèvent du crime.
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— Je suis sérieuse, Louis ! On se dispute ici sur chaque article, on débat, on se passionne, et je dois dire que c’est souvent fort touchant, mais il est, étrangement, une chose qui fait l’unanimité : l’absence des femmes dans ce projet politique ! De tous les privilèges, le seul qu’on n’a pas aboli, c’est celui de la masculinité !
— Je ne suis pas sûr que le fait d’être un homme soit un véritable privilège…
— De grâce ! Voyez donc : il ne se trouve pas un seul homme, parmi tous ceux aux côtés desquels nous avons combattu, pour faire remarquer à cette assemblée qu’en refusant aux femmes le moindre droit civique elle oublie la moitié de la nation ! Vous rendez-vous compte ? Le sujet n’est pas débattu ! Pas même abordé ! Alors que nous avons été des milliers à supplier qu’on nous entende dans les cahiers de doléances des états généraux !
— Qu’avez-vous demandé ?
— Bien peu de chose, en vérité ! Nous n’avions guère d’illusions quant au droit de voter, mais quid du droit à l’instruction primaire que nous avons réclamé ? Du droit à l’héritage, aux mêmes emplois, du droit à la santé, au divorce ? Et quid de la réforme du mariage ?
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Cette foule d’enfants des rues faisait désormais partie du décor quotidien de Paris. L’air mutin, les yeux ardents, ils parcouraient le pavé en haillons, du matin jusqu’au soir, la figure barbouillée de suie. La nuit, ils prenaient refuge sur les bateaux de la Seine, sous les arches des ponts ou les piliers des halles, dans les caves ou les carrières, et souvent dans des quartiers comme celui-ci, où régnait la pire truanderie. Les plus chanceux trouvaient un emploi, comme porteurs d’eau ou de bois ou comme décrotteurs, et alors ils travaillaient chaque jour de l’année jusqu’à l’épuisement. Les autres devaient se contenter de mendier, et le manque les poussait inévitablement à chaparder. Pour de menus larcins, on expulsait ces enfants, qui n’avaient dans leurs besaces que des croûtons de pain, vers les colonies, comme d’authentiques criminels. Quant aux plus jeunes d’entre eux, ils servaient aux mendiants adultes, qui les exhibaient en guenilles pour s’attirer la compassion des passants, exposant ces pauvres créatures à la rigueur des nuits froides, à l’air malsain des bas-fonds et au jeûne.
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D’un air las, le commissaire Guyot posa sur son bureau le texte de Jean-Sylvain Bailly, maire de Paris, dont l’inspecteur Minier venait de lui porter une copie. La nouvelle organisation de la municipalité, si elle avait préservé la plupart des charges de commissaire, s’était accompagnée d’une épuration foudroyante au sein du corps des inspecteurs, objet de toutes les détestations du peuple de Paris. Ainsi, ledit Minier faisait partie des nouveaux officiers qu’on avait nommés à la hâte pour assister les commissaires, et dont la mission première était de reconquérir les faveurs du public. Comme beaucoup de ces fraîches recrues, ce petit quadragénaire au corps sec, à l’esprit fin et au regard perçant était un ancien militaire, qui avait été chef de brigade à la maréchaussée de la généralité de Toulouse. Il avait gardé de sa région natale un délicieux accent et quelques savoureuses expressions occitanes.
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Ainsi, tout en observant le visage malicieux du maître du mensonge, il continua son exposé :
– L’homme que nous cherchons ne présente sans doute aucune altération visible de son entendement, de sa perception, de son imagination ou de sa mémoire. En revanche, il souffre d’une perversion de ses fonctions affectives, qui le rendent insensible à la douleur d’autrui, froid devant la mort, et le conduisent aveuglément à ces actes sanguinaires, lesquels lui paraissent légitimes, même s’il sait qu’ils relèvent du crime.
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Gabriel s’éloigna de la table et vint se placer devant un portrait de Marivaux, peint par Louis-Michel Van Loo. Le jeune homme sourit en songeant au surnom que l’on avait donné à l’auteur des Fausses Confidences. Nul n’avait mieux décrit, dans ses pièces, les vices de la manipulation.
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Qu’est-ce donc qu’une vésanie ?
— Un désordre mental non organique, maître, répondit le journaliste en se tapotant la tempe du bout de l’index. Et il existe des vésanies sans accès de délire, qui peuvent donc passer inaperçues, mais qui cachent malgré tout un profond égarement de l’esprit. Dans certaines formes de cette malheureuse pathologie, une apparence trompeuse de calme dissimule parfois les plus violentes pulsions. Qu’on l’interroge, et le malade ne laissera échapper dans ses réponses aucun écart, aucun propos incohérent.
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— Je ne suis pas sûr que le fait d’être un homme soit un véritable privilège…
— De grâce ! Voyez donc : il ne se trouve pas un seul homme, parmi tous ceux aux côtés desquels nous avons combattu, pour faire remarquer à cette assemblée qu’en refusant aux femmes le moindre droit civique elle oublie la moitié de la nation ! Vous rendez-vous compte ? Le sujet n’est pas débattu ! Pas même abordé ! Alors que nous avons été des milliers à supplier qu’on nous entende dans les cahiers de doléances des états généraux !
— Qu’avez-vous demandé ?
— Bien peu de chose, en vérité ! Nous n’avions guère d’illusions quant au droit de voter, mais quid du droit à l’instruction primaire que nous avons réclamé ? Du droit à l’héritage, aux mêmes emplois, du droit à la santé, au divorce ? Et quid de la réforme du mariage ?
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— Je suis sérieuse, Louis ! On se dispute ici sur chaque article, on débat, on se passionne, et je dois dire que c’est souvent fort touchant, mais il est, étrangement, une chose qui fait l’unanimité : l’absence des femmes dans ce projet politique ! De tous les privilèges, le seul qu’on n’a pas aboli, c’est celui de la masculinité !
— Je ne suis pas sûr que le fait d’être un homme soit un véritable privilège…
— De grâce ! Voyez donc : il ne se trouve pas un seul homme, parmi tous ceux aux côtés desquels nous avons combattu, pour faire remarquer à cette assemblée qu’en refusant aux femmes le moindre droit civique elle oublie la moitié de la nation ! Vous rendez-vous compte ? Le sujet n’est pas débattu ! Pas même abordé ! Alors que nous avons été des milliers à supplier qu’on nous entende dans les cahiers de doléances des états généraux !
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— Je suis sérieuse, Louis ! On se dispute ici sur chaque article, on débat, on se passionne, et je dois dire que c’est souvent fort touchant, mais il est, étrangement, une chose qui fait l’unanimité : l’absence des femmes dans ce projet politique ! De tous les privilèges, le seul qu’on n’a pas aboli, c’est celui de la masculinité !
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