Citations sur Le silence blanc et autres nouvelles du Grand Nord (13)
Le silence de l'obscurité est plein de miséricorde, il vous entoure de sa protection et vous chuchote mille sympathies intangibles, mais le Silence Blanc, lumineux, clair et froid sous un ciel d'acier, est sans pitié.
Les gens du Grand Nord apprennent très tôt la futilité des paroles et la valeur inestimable des actes.
La nature emploie mille ruses pour convaincre l'homme qu'il est mortel - le flux incessant des marées, la fureur des tempêtes, le choc des tremblements de terre, le grondement du tonnerre, mais le plus prodigieux, le plus stupéfiant de tout est l'inertie passive du Silence Blanc. Tout mouvement cesse, le ciel s'éclaircit et sa teinte de cuivre, le moindre murmure semble un sacrilège, et l'homme rendu timide est effrayé par le son de sa propre voix. Seule étincelle de vie traversant les étendues fantomatiques d'un mort univers, il tremble devant son audace, réalise que sa vie équivaut à celle d'un ver de terre, rien de plus. D'étranges pensées lui viennent malgré lui, et le mystère de toute chose lui est révélé. La peur de la mort, de Dieu, de l'univers l'envahit - l'espoir de la résurrection et de la vie éternelle, le désir d'immortalité, les vains efforts de l'être emprisonné -, c'est alors, ou jamais, que l'homme marche seul avec Dieu.