Il avait connu toutes les infamies de la cruauté humaine, et était sorti indompté de toutes ces épreuves. Il avait haï le monde entier et lutté jusqu'au bout, jusqu'à ce que, enfin, le cœur ulcéré, respirant la vengeance et la bestialité, il avait vu luire le jour de sa libération.
Il lui disait: Te tenir dans mes bras, tout près, et pas trop près pourtant. Te désirer sans jamais te posséder, afin de te garder toujours! Et elle répondait: Puisses-tu rester sans cesse un peu au-delà de mon atteinte! Je te saisirai toujours sans jamais te tenir. Et puisse notre amour durer éternellement, à jamais frais et neuf dans sa pudeur première!
C'est le revers ou le négatif de l'inspiration de Jack London que révèlent les dix nouvelles réunies par F.Lacassin sous le titre "les condamnés à vivre".
Célèbre pour avoir exalté l'héroïsme, l'abnégation, la réussite et l'effort, London ironise ici sur la lâcheté, la haine, l'échec et la résignation.
Soldats, clochards, ivrognes, épileptiques, parents indignes, cambrioleurs, amoureux déçus...Sinistrés de la vie, mis au rebut par la société, tous endurent l'existence comme une longue maladie dont la guérison s'appelle la mort. (traduction Louis Postif)
(quatrième de couverture - édition 10/18 de 1974)