Lorsque l'homme frappe l'homme, lorsque les coups frappent bruyamment sur les corps, lorsque celui qui frappe et celui qui est frappé soupirent, celui qui rejette violemment l'air de ses poumons, et celui qui remplit les siens avec précaution, eh bien, je me surprenais à me soulever de mon siège, le souffle coupé, ayant oublié que le monde et moi nous existions, entièrement absorbé que j'étais par la lutte qui se déroulait devant moi.
L'homme public sait exactement quand il a établi le contact parfait entre lui et la foule. Le démagogue sent également quand ses auditeurs sont en résonance avec ce qu'il leur dit ; de même, les acteurs ou ceux qui font un prêche. Marc-Antoine savait que les romains étaient suspendus à ses lèvres quand il prononçait ses discours - demeurés historiques - car il avait la claire conscience qu'ils répondaient parfaitement aux suggestions de chacun, inconsciemment peut-être mais certainement adaptés à l'objectif qu'ils visaient.q
Allez-y ! Ôtez les vêtements qui vous entravent sous ce climat béni ! Entrez dans l'eau, affrontez la mer, ayez vous aussi des talons ailés, rassemblez a puissance et l'habileté qui sont en vous, défiez les déferlantes, dominez-les, chevauchez-les comme il sied à un roi !
Toute personne qui se figure que la compétition n'est rien d'autre que de la brutalité pure et de la barbarie apprendraient beaucoup en une journée de contact avec cette armée de boxeurs et de fanatiques qui s'est déversée à Reno et serait surprise d'apprendre qu'il y a plus dans ce sport que deux hommes qui se flanquent des beignes. Ce sport est des milliers de fois plus subtil et plus grandiose que cela.
Johnson est un prodige. Personne ne le comprend, cet homme qui sourit. Eh bien, l'histoire de ce combat est l'histoire d'un sourire. Si jamais un homme a gagné sans employer de moyen plus fatigant qu'un sourire, Johnson a gagné aujourd'hui.
Et puis, marin un jour, marin toujours. Le goût du sel ne s'atténue jamais. On n'est jamais trop vieux pour se battre contre le vent et les vagues. Je sais de quoi je parle : je suis devenu propriétaire de ranch et j vis sans voir la mer, mais au bout de quelques mois, elle me manque. Je deviens impatient, je repense aux péripéties de ma dernière croisière, je me dis qu'on trouve peut-être des bars rayés dans le Wino Slough, je dévore dans la presse les articles sur l'arrivée des premiers vols de canards en provenance du Nord. Et tout d'un coup, je fais mes valises, je rassemble le matériel, et nous partons à Vallejo, où le petit "Roamer" attend toujours l'annexe qui se met à couple, le feu qu'on allume dans le poêle, les rabans de ferlage qu'on retire, le chant de la grand-voile, le claquement des garcettes, le dérapage de l'ancre, l'appareillage, et le tour de gouvernail au moment où il s'élance, toutes voiles dehors, dans la baie.