Il est trop tard... Je sais qui je suis... et ce que j'ai fait...
A pas feutrés, il se dirigea vers la console de surveillance et appuya sur les commandes des caméras.
C'est à ce moment qu'un craquement provenant du rez-de-chaussée attira son attention. Il resta immobile plusieurs secondes, les sens en alerte, les mains toujours suspendues au dessus de sa chaussure, dans l'attente d'une certitude. Un autre craquement se fit entendre, dont l'écho s'éleva partout dans la maison. Le policier retira lentement ses baskets pour pouvoir marcher sans faire trop de bruit puis se leva en maîtrisant sa respiration.
Shakespeare, Stoker, Saint-Exupéry... toujours les mêmes merdes à lire, encore et encore !
Croyez-vous aux sorcières, Julien ?
Arrivé à quelques pas de la paroi rocheuse, il s'arrêta, prenant conscience de l'endroit où il se trouvait. Sur sa droite, le squelette métallique des grilles de l'ancien cimetière dessinait une frontière à ne pas franchir, un lieu dont personne ne s'approchait plus depuis des siècles.
Julien, je te promets de raconter ton histoire à tout le pays. Tout le monde saura ce qu'il s'est passé, dans ce village maudit. Dés que j'aurai les explications à cette folie, j'écrirai la vérité, et alors .... Alors Montmorts ne pourra plus se cacher derrière ses histoires de sorcières ridicules.
"Sarah ne se fit pas prier et quitta le commissariat en prévenant qu'elle reviendrait vers dix-huit heures pour veiller sur le prisonnier durant la nuit. Julien tapa son rapport et l'envoya par mail. Il resta un long moment pensif, à se répéter les révélations illuminées du garçon. Son esprit dériva sur le suicide de Vincent. Se pouvait-il qu'il y ait un lien entre les deux drames ? Vincent, tout comme Jean-Louis et Lucas, avait-il lui aussi entendu des voix lui intimer de se trancher la gorge ? Ou bien tout cela n'était-il que pur hasard ?
A sept heures quinze, Julien se trouvait déjà attablé dans le salon de l'auberge. Mollie lui apporta son café en trainant les pieds, ses chaussons frottant le sol tels les sabots d'un âne récalcitrant, et ne répondit aux salutations du fonctionnaire que par un bref raclement de gorge. Elle disparut ensuite après avoir remis une buche dans le feu de la cheminée, pourtant bien ravitaillé, comme pour préciser par ce geste qu'elle ne reviendrait pas avant un long moment. Le policier se trouvait seul dans la pièce, et ne doute pas un instant qu'il demeurait l'unique pensionnaire de l'endroit.
j'ai tué votre fille pour sauver notre village
Dans le reflet de sa chute, j'ai vu...
Le ciel s'ouvrir et les enfers se geler...
j'ai entendu les saules s entrechoquer et la terre respirer...
J'ai surpris le diable à grimacer...
Et les sorcières de tout temps, regretter...