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EAN : 9782702166857
396 pages
Calmann-Lévy (02/09/2020)
3.95/5   753 notes
Résumé :
Dans ce quartier chic de Port-au-Prince s’élèvent de belles demeures de pierre entourées de palmiers, de flamboyants et d’arbres orchidées. C’est là que, pour la deuxième fois en une semaine, un couple est retrouvé assassiné dans sa chambre. Deux corps mutilés gisant au pied du lit conjugal. La presse titre déjà sur une série de "crimes vaudous".
Pourtant l’inspecteur Simon Bélage refuse de tomber dans la superstition. Sur cette île, la corruption et le trafi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (216) Voir plus Ajouter une critique
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sur 753 notes

*** rentrée littéraire 2020 #26 ***

J'aime quand les polars nous offrent un dépaysement total. de Soleil et de sang le fait avec brio, créant immédiatement une ambiance poisseuse et sourde. Haïti est une une toile de fond idéale pour un thriller et Jérôme Loubry rend immédiatement palpable la déréliction et la dépravation anarchique qui règnent dans cette île : misère, inégalités sociales entre le quartier riche de Pétion-Ville et celui complètement abandonné aux gangs de la Cité-Soleil, corruption généralisée depuis les Tontons macoutes du président Papa Doc.

A partir de ce matériau potentiellement très riche, Jérôme Loubry déploie tout son talent de conteur dans un scénario très intelligemment mené autour de deux arcs narratifs : 2010, quelques jours avant le terrible séisme du 12 janvier, pour une sombre histoire de crimes odieux empreints de magie vaudou commis sur de riches Haïtiens ; 1984 autour des Six, bande d'orphelins enlevés, tous enfants à « défaut » ( aveugle, bègue, jumeaux marassa soit-disant porteurs de malheurs etc ), tous très attachants; comme il se doit, leur histoire tragique est relié aux meurtres de 2010 ....

Le tempo monte crescendo, les coups de théâtre arrivant pile au moment où il faut pour happer le lecteur et le surprendre. Et au-delà de sa construction très convaincante, l'auteur parvient à distiller une émotion très forte lorsqu'il parle de ces enfances abusés dans ces orphelinats clandestins, véritables plateformes de trafics en tout genre, contrebandes et blanchiment. Si ce thriller ne révolutionne pas le genre, il est empreint d'une sensibilité toute humaniste qui touche droit au coeur. Une réussite.
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Un grand merci à BabElio et aux éditions Calmann Lévy...

Haïti, décembre 2009. pied au plancher, l'inspecteur de police, Simon Bélage, fonce vers le quartier de Pétion-Ville, une sorte de Beverly Hills haïtien. En effet, son adjoint, Manus, vient tout juste de le prévenir d'un double homicide... exactement comme celui de la semaine passée. Aussi, Simon s'attend-il, évidemment, à retrouver un couple blanc. Elle, les yeux transpercés ; lui, son pénis et sa langue dans les mains. Tout comme la semaine passée, les deux policiers découvrent un origami en forme de cercueil. Si la plupart des habitants d'Haïti considèrent ces meurtres comme vaudous, Simon Bélage, lui, rejette cette superstition...
Paris, novembre 2005. Vincent fait la connaissance de Méline, lors d'un vernissage. Et cela a été comme une évidence pour eux. Une histoire d'amour qui va les emmener à des milliers de kilomètres de la capitale...

De Paris aux quartiers de Cité-Soleil et Piéton-Ville de Port-au-Prince, de 1984 au 12 janvier 2010, jour du terrible séisme qui tuera des milliers de personnes et détruira bon nombre d'habitations et bâtiments, Jérôme Loubry nous plonge au coeur d'une enquête qui pourrait en faire frémir plus d'un... sauf Simon Bélage qui, lui, est sûr qu'un être humain est bien à l'origine de tout cela. Vengeance ? Règlement de compte ? Et quel lien avec un orphelinat fermé depuis des années ? Ce thriller, habilement mené en alternant lieux et périodes, se révèle tout aussi touchant que captivant. Avec, en toile de fond, une peinture sociale aussi triste que désolante, qu'il soit question du sort réservé aux enfants que du séisme. Par son ambiance envoûtante et oppressante, par ses personnages touchants, par son contexte historique, politique et social, ce roman garantit un dépaysement total.
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Cadeau du Père- Noël , 4 sur 7 et encore une vraie bonne pioche .Il est vrai que Jérôme Loubry a déjà fait ses preuves et connaît les codes émotionnels et environnementaux sur le bout des doigts . Ce roman ne dérogera pas aux " principes de base " , voire plus , pour nous " transporter "dans des aventures sanglantes et cruelles sous le solei d'Haïti. Haïti, 2010 , des crimes atroces imputés au Vaudou dans des quartiers chics de Port au Prince . Lancés sur l'affaire , l'inspecteur Simon Belage et son adjoint Manus , vont avoir à remonter jusqu'aux tristement célèbres " tontons macoutes " pour trouver les " racines du mal " ....La route va être longue , parsemée d'embûches terribles . A ignorer les esprits , Simon risque de plonger au coeur d'un danger dont il ne mesure pas l'ampleur....C'est qu' Haïti n'est pas un pays comme les autres . le vaudou , certes , mais aussi la misère, les rapts d'enfants , la criminalité, la corruption , un pays où certaines vies ne valent guère plus que les quelques pièces qui permettront de prolonger de quelques mois la survie de familles condamnées ....Et pourquoi tous ces orphelinats légaux...ou pas ? Bienvenue en enfer .Oui , attendez- vous à pénétrer au coeur d'une société éclatante de misère extrême où la vie ne tient qu'à un fil ténu .
Le cadre , c'est " la cour des miracles " décrite avec beaucoup de tact mais sans concession , une cour des miracles dont l'approche ne permettra même pas de chanter comme Aznavour que " la misère est moins grande au soleil " ...L'intrigue est certes classique , mais bien ancrée dans ce décor de misère et les personnages sont bien dépeints, chacun dans son rôle, naturellement .Ajoutez un rythme soutenu , des dialogues de bonne qualité et un style très fluide , un "basculement habile " entre deux périodes , alors , comme moi et comme les amis et amies babeliotes qui ont rédigé de bien beaux commentaires pour exprimer un ressenti le plus souvent très favorable , prenez vos billets pour Haïti.....Ah , oui , la Covid ? Bon , ce n'est finalement pas plus mal pour vous ...Pour une fois qu'on trouve un avantage à ce virus ....Vous voulez en savoir plus ? C'est légitime . Je ne peux que vous y encourager , un très bon roman noir sans concession...
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Jérôme Loubry Travel Tour est fier de vous compter parmi ses passagers à destination d'Haïti, et d'un plaisant moment de lecture, accessoirement.

Haïti, dans mon esprit, c'est Papa Doc, vaudou, misère sociale et séisme dévastateur.
Loubry coche ici toutes les cases, one point.

Avec de tels arguments, difficile d'imaginer cette perle des Antilles sans mortalité suspecte.
L'inspecteur Simon Bélage ne le conjecture pas mais le vit au quotidien.
Des couples de blancs, retrouvés sans vie, semblant marqués par le sceau du vaudou, voilà désormais un abonnement auquel il n'avait pas souscrit.

Arf, signe d'un gars chafouin qui attendait bien plus de la Loubry's touch.
Que dire de ce récit si ce n'est qu'il se lit tout seul, sans véritablement susciter le tourne-paging bien humblement mais fort logiquement quémandé depuis la dévoration de ses trois précédents opus.

Point fort, un environnement plutôt travaillé évoquant avec intérêt les us et coutumes de ce pays caribéen.
Point faible, une intrigue que l'on devine assez aisément assorti d'une chute millimétrée où toutes les planètes seraient étonnamment alignées pour faire coïncider un phénomène sismique avec un épilogue plus que tiré par les tifs.
La symbolique, oui, le grotesque, nein.

Dommage, il y avait matière à approfondir un peu plus, notamment sur le plan politico-social, plutôt que de focaliser sur une pratique occulte, certes fortement ancrée en cette République, mais qui aura justement monopolisé le terrain aux dépends d'autres légères contrariétés que représentent la dictature, la pauvreté, le racisme, autant de joyeusetés pourvoyeuses, à n'en point douter, d'éclats de rires rassérénants dans un récit aussi plombant.
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Du soleil, oui, mais pas dirladada ♪♫. Il ne fait pas rêver, celui-là : chaleur, moiteur, poussière, misère.
Du sang, aussi. Vengeance, rituel vaudou ? Quoi qu'il en soit, les victimes sont salement mutilées.

L'histoire se passe en Haïti, entre les années 1980 et le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a tué des milliers d'enfants.
Le fil rouge : des enfants, justement - enfants des rues, d'orphelinats...
Ceci sur fond de trafics divers, de violence et de régime corrompu, avec la dynastie Duvalier, sa milice, ses sbires (les tontons macoutes).
Avec des croyances/superstitions vaudoues. Encore plus effrayantes que des fantômes et esprits malins, car "manipulée[s] par le pouvoir, depuis le début (...). Pourquoi crois-tu que les gangs la respectent, [cette religion], que les politiciens l'adoptent en clamant leur conversion devant le peuple ? le vaudou n'a jamais rien libéré, il a enfermé les esprits... Même les esclaves, avant de libérer l'île, y étaient asservis. (...) le vaudou ne connaît qu'un maître, c'est la folie des hommes."

Roman 'atmosphérique', comme le dit la 4e de couverture (J. Toledano), envoûtant, captivant, effrayant, riche d'enseignements, qui donne envie d'en savoir plus sur l'.Histoire et la culture haïtiennes.

J'ai reconnu le talent de l'auteur, qui sait réveiller nos peurs d'enfance, plus ou moins enfouies, intimes ou universelles - empruntées au folklore traditionnel (on pense ici au conte d'Hansel & Gretel, et les maisons 'gingerbread' haïtiennes renforcent ce malaise diffus, entre façade & réalité intérieure, entre confort trompeur et terreur).

Mon préféré de l'auteur à ce jour.
....................

• Un grand merci à Babe(u)lio 😉 et aux éditions Calmann Levy !
•• Et merci au site pour les petites vidéos postées hier - où l'on découvre les voix et 'accents' des participants... Me voilà aussi perplexe que la première fois que j'ai entendu l'adorable Ma- prononcer BabEUlio. Ne serait-ce pas plutôt Babélio, ou Babèlio !? 🤔😕😉
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Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
Ce vitrail sur lequel l'histoire entière de Haïti était représentée, cette histoire qui se racontait aussi dans les rues et dans les mémoires. (...) Comme les autres enfants, il avait entendu cette histoire. Il en avait absorbé les composantes, les avait ingérées au point de les accepter. Tous ces récits au sujet du vaudou, de la supériorité des Blancs et des métisses, de Cité-Soleil, des années de révolte qui n'avaient mené qu'à la pauvreté d'un peuple à jamais esclave, les enfants qui deviennent des fardeaux, de la nécessite de travailler ou de mendier dès le plus jeune âge pour aider sa famille, de la fierté et de la chance d'être recruté comme 'restavek' ou 'lapourça' [domestiques/esclaves *]...

(p. 307)

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* Le terme « restavek » en créole qui signifie « reste avec » est un système d’une tradition haïtienne très ancienne et ancrée dans les moeurs, conçue pour aider les enfants des familles très pauvres. En de plus amples termes, des parents croupissant dans la misère, et vivant généralement en campagne décident de confier leurs enfants à des familles plus nanties dans le but de leur offrir un avenir meilleur en les scolarisant en échange de menus services.
Cependant, aujourd’hui, la réalité que masque ce troc d’enfants est totalement différente. Alors que les parents respectifs vivent dans l’illusion que leurs enfants sont scolarisés, bien entretenus et sujets à un avenir bien plus meilleur qu’en restant à la campagne, ils sont loin d’imaginer qu’ils ont en réalité échangé la sécurité de la vie de leurs enfants contre la vie d’un « retavek ».
Généralement, ces enfants « restavek », empêchés d’aller à l’école, sont employés à la maison comme des domestiques, surchargés de travail et victimes de violences physiques et verbales. (...)
>> https://www.humanium.org/fr/les-enfants-restavek-en-haiti-une-nouvelle-forme-desclavage-moderne/
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Leurs regards étaient déjà éteints par le crack et les rêves brisés de l'adolescence. L'inspecteur comprenait même en partie cette haine pugnace envers l'uniforme. Beaucoup avaient encore en tête les exactions menées par la police parallèle de Baby Doc, Jean-Claude Duvalier, durant les années de dictature. Ces tontons macoutes avaient fait régner la terreur au sein de la population : meurtres, viols, tortures et extorsions définissaient alors les forces de l'ordre. Malgré la chute du président, en 1986, et le grand ménage effectué dans la police et dans l'armée du pays, les rancoeurs persistaient et se léguaient de génération en génération. Personne n'ignorait que d'anciens tontons macoutes s'étaient faufilés entre les mailles du système et qu'ils occupaient à présent des postes importants dans l'administration ou dans les services publics, et plus particulièrement au sein de la police.
(p. 20)
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Une lueur étrange brillait au fond de leurs regards.
Une lumière peu visible, mais il suffisait de fixer leurs yeux pour comprendre que leur innocence était en train de se consumer. La famille représente le seul lien avec l'enfance. Une fois les spectres de cette vie passée évanouis, il ne reste que les souvenirs, à condition bien entendu que l'on souhaite les garder au fond de nous. Et voilà justement ce que les six ne voulaient pas : garder au fond de leur mémoire et de leur cœur les images de ces fantômes qui n'avaient pas hésité à se débarrasser d'eux en les vendant comme du vulgaire bétail.
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Haïti reconnaissait l'importance de bon nombre d'organisations étrangères, mais accordait difficilement sa confiance aux initiatives locales. Elle autorisait l'installation des organisations humanitaires les plus célèbres et des associations religieuses sans hésiter parce que celles-ci, en plus d'apporter une médiatisation importante, généraient des profits substantiels. Car bien sûr, pour chaque levée de fonds et appel aux dons internationaux, une partie était reversée aux politiciens véreux du pays, seul moyen selon eux de permettre à ces organisations d'opérer sans craindre quelques 'incidents'. Une vieille pratique connue de tous depuis le départ pour la France de Baby Doc, le fils et successeur du dictateur Papa Doc. Durant son règne, celui-ci avait détourné plusieurs millions de dollars sans que les ONG n'avertissent quiconque, car chacun y trouvait son compte, ces associations consolidant leur présence sur l'île et leur visibilité médiatique, attirant ainsi de nouveaux dons.
(p. 95-96)
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[Elle] connaissait cette structure qui, tout comme sa propre organisation, RCH, venait en aide aux orphelinats les plus démunis en leur apportant des produits de première nécessité. Seulement, contrairement à RCH, celle-ci avait obtenu une accréditation en versant une 'taxe' au ministère de la Planification, ce qui lui permettait notamment d'engager du personnel étranger, de visiter légalement les établissements et d'exposer son logo aux côtés de ceux des ONG de renommée mondiale.
- Un simple achat de visibilité dans le but d'attirer le plus de dons possibles et d'en détourner une partie, railla-[t-elle].
Bien entendu, les petites mains de ces organisations ignoraient tout des combines de leurs dirigeants et croyaient fermement à la portée humanitaire et pure de leur engagement.
(p. 223-224)
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