Quelle leçon d'amour l'histoire de Tristan et Iseut nous donne-t-elle ?
Parmi tous les noms qui émergent presque spontanément du « maquis » arthurien figurent ceux du chevalier Tristan et de son indissociable Iseut. Tristan fait partie de ces hommes valeureux, désintéressés par la vie et capables de s'oublier par désespoir. Il a toutes les qualités du chevalier errant et cette tristesse prédestinée qui le met un jour au contact de la magicienne Iseut la Blonde, créature des terres d'Irlande. Mais il a, comme les autres, une quête supérieure à accomplir au nom de son roi.
Pourtant, comment ne pas succomber à la tentation et laisser aller la nature ? Tristan et Iseut sont beaux, jeunes et pleins de talents, mais cela ne suffit pas pour les dévoyer : Iseut doit devenir reine et Tristan doit tenir sa promesse. Il faut alors jeter du piment au feu de la foudre et cette pincée de filtre magique (« le vin herbé » qu'ils boivent un jour de canicule sur le pont d'un bateau)… Alors les coeurs se bouleversent, la passion s'abat sur les amants, et plus rien n'arrête ni la fougue ni l'audace. Et ils s'enlacent et se tordent et ils s'aiment contre la société, contre le monde, quitte à tricher, à se cacher, à user de mensonge et de ruse…
Ce roman de Tristan et Iseut s'est construit sur des versions variées. On lit souvent celle d'un certain
Béroul qui écrivait au XII° siècle, mais
Béroul s'est lui-même largement inspiré des contes qui faisaient battre les coeurs à cette époque dans le royaume d'Angleterre d'Henri II et d'Aliénor d'Aquitaine, via les troubadours (du pays d'Oc, sud Loire) et les trouvères (du pays d'Oïl, nord Loire).
Ce qui plaît dans cette histoire, c'est que, à la différence des autres, Tristan est un chevalier dont l'amour absolu se nourrit d'une attraction charnelle. Iseut est une femme libre et exigeante qui se moque des principes et des usages. Pas de sublimation, de devoirs ou de spiritualité entre les amants. L'étreinte leur est nécessaire, elle coule dans leurs veines en circuit fermé depuis l'ingestion de cette espèce de cannabis de « vin herbé » et ils foncent obstinément l'un vers l'autre et plus rien ni personne ne parvient à les séparer. Pour le comprendre, il faut relire La fable du chèvrefeuille et du coudrier que raconte
Marie de France dans son poème le Lai du chèvrefeuille : elle y explique que les deux amants sont comme le noisetier autour duquel s'enroule le chèvrefeuille. Si on veut les séparer, on les condamne à une mort certaine. Tristan le dit très bien à son Iseut :
« Belle amie, ainsi en va-t-il de nous,
Ni vous sans moi, ni moi sans vous ».
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