Derrière lui, à travers l'espace et le temps, comme venue de l'endroit qu'il avait quitté, il lui sembla aussi entendre de la musique. Mais peut-être n'était-ce que l'écho. ( p222 )
Deux enfants - un masculin, un féminin - par cellule familiale. C'était écrit très clairement dans le règlement.
Un jour, lorsqu'il était un quatre ans, il avait dit, juste avant le repas de midi à l'école : "Je meurs de faim." On l'avait immédiatement pris à part pour un petit entretient en précision du langage. Il ne mourrait pas de faim, n'était jamais mort de faim et ne mourrait jamais de faim dans la communauté. Dire qu'il mourrait de faim était un mensonge. Un mensonge involontaire, bien sûr. Mais la précision du langage permettait de s'assurer que personne ne dise jamais de mensonges involontaires.
Voir au-delà d'un monde parfait ...
— Gaby ?
L'enfant remua légèrement dans son sommeil. Jonas se pencha sur lui.
— Il pourrait y avoir de l'amour, murmura Jonas.
Ce n’est pas mon passé ni mon enfance que je dois te transmettre. Ce sont les souvenirs du monde entier. Avant toi, avant le receveur précédent et des générations avant lui.
Il ne savait pas ce que signifiait sa sélection. Il ne savait pas ce qu'on attendait de lui.
Ou ce qui l'attendait.
Le passeur l'attrapa fermement par les épaules. Jonas se tut et le regarda.
- Écoute-moi, Jonas. Ils n'y peuvent rien. Ils n'y connaissent rien.
- Vous me l'avez déjà dit une fois.
- Je te l'ai dis parce que c'est vrai. C'est leur façon de vivre. C'est la vie qu'on leur a fabriquée. C'est la vie que tu mènerais si tu n'avais pas été choisi pour être mon successeur.
- Mais il m'a menti, reprit Jonas en pleurant.
- C'est ce qu'on lui a appris, il ne connait rien d'autre.
Monde où l'imperfection n'existe pas
"[...] il y a tant de choses que je pourrais leur dire, des choses que j'aimerais les voir changer ! Leur vie est tellement ordonnée, tellement prévisible, sans douleur. C'est ce qu'ils ont choisi."