Kira est une miraculée.
Née dans un village où règnent la misère et la violence, elle ne doit sa survie qu'à la volonté farouche de sa mère. Cette dernière, toute jeune veuve, s'est en effet battue pour qu'on ne se débarrasse pas de sa fille nouveau-née sous prétexte d'une jambe handicapée. C'est pourtant une des règles de cette société quelque peu archaïque, les membres dits faibles sont un poids qu'on ne peut se permettre de garder en son sein.
Kira a grandi en solitaire, compensant son handicap grâce à une volonté de fer et une capacité d'empathie peu commune dans son milieu. Lorsque sa maman décède, elle se trouve livrée à la vindicte publique, coupable d'être un fardeau selon certains dans une communauté au bord du chaos. Et c'est devant le conseil des Seigneurs qu'elle se retrouve, pour décider de son avenir.
A sa plus grande surprise, elle se retrouve non seulement sauvée mais amenée au palais pour accomplir une tâche de grande importance : restaurer une robe sur laquelle est inscrite toute l'histoire de son peuple. Car Kira a un don hérité de sa mère : elle sait broder ; elle a de la magie au bout des doigts qui enchante les ouvrages qu'elle entreprend, et ceux qui les admirent...
L'apprentissage pour elle commence seulement, car il s'agit également de produire ses propres fils et de les teindre aux couleurs désirées. Elle pourra pour remplir sa tâche compter sur l'aide du petit Matt le minot, de Thomas l'apprenti ébéniste, et d'Annabella, la vieille femme aux mains « toutes pleines d'arcs-en-ciel ».
Est-ce là le début d'un conte de fée pour la toute jeune fille ? La voilà sauvée et son avenir assuré. Mais il n'est pas si simple de se consacrer à coeur perdu à son ouvrage en fermant les yeux sur le monde qui l'entoure. Même enfermée dans sa chambre du palais, le monde extérieur viendra à elle et remettre en cause l'équilibre précaire de sa nouvelle vie...
Deuxième opus de la série le quatuor, et je reste enchantée par l'écriture et la finesse d'approche de
Lois Lowry... Là encore, comme dans
le passeur, question est posée de l'importance de la mémoire collective d'une société pour qu'elle soit inscrite dans l'équilibre et la maturité. de même, il est dit que l'avenir d'une communauté dépend de ses enfants, à condition de s'en occuper dignement, tout en les laissant libre d'être ce qu'ils désirent.
Ce court roman s'attache plus encore que le premier au problème de l'identité propre, savoir d'où on vient, qui on est et où on va. Il aborde au-delà les différents âges de la vie qu'il décrit en quatre périodes, marquée chacune par une syllabe ajoutée au prénom. Ainsi, Annabella la sage, est une « quadri-syllabe », née avec octroyé le prénom Ann pour le voir grandir à chaque étape de sa vie.
Plus philosophique peut-être que le 1er volume et en cela, moins axé sur le dynamisme, il affirme sa différence tout en restant dans la logique des univers décrits par
Lois Lowry, en toute cohérence. Et sans aucun doute, je reste sous le charme de cette auteure qui sait assurément trouver les mots justes pour amener son jeune lecteur (et tous les autres) à réfléchir sur la société qui l'entoure.
Je continue la découverte !