− Fonce !
Le mot ronfle, furieux, joyeux, il repeint l’habitacle, me plonge en plein film d’action.
J’appuie sur la pédale, me couche sur le volant.
− Plus vite !
Mylène, les yeux braqués à travers le pare-brise, sourit de toutes ses dents. La vitesse étincelle son regard. Elle est plus belle que jamais. Je la vois ouvrir la fenêtre, passer la tête dehors, ses cheveux se mettent à flotter en drapeau.
− Yeahhhhhhh.
Son cri se perd dans le paysage qui s’enfuit. C’est quoi la vie finalement ? Une voiture, une fille et une route. Droit devant.
- Tu l'aimais bien ta mère ?
J'ai enfoncé mes mains dans la couette, comme pour y chercher un truc oublié. Une douceur, une tendresse, va savoir.
- J'imagine, oui. On en a qu'une.
Je nous revois dans la voiture de Mylène. Elle et moi c’était si bien ce matin. Ensemble à faire les dingues, à ne penser à rien, à foncer sur la route.Mais pour s’offrir des moments comme ça, pour les vivre à fond, faut pas tricher.
-Tu entends maman ? Faut pas tricher. Sinon rien ne sert à rien. page 136 à la toute fin du livre.
J'avais été à bonne école avec ma mère qui faisait du mouvement un art de vivre. Avec elle, rien n’était jamais triste ou alors rien qu'un peu et pas longtemps.J'ai fermé les yeux et j'ai entendus son rire m'exploser le cerveau. Avec des gestes d'aveugles pour ne pas la perde, je me suis dirigé maladroitement vers la fenêtre. Le soleil a glissé sur ma peau et en plissant plus fort les paupières je pouvais presque croire que c'était les doigts de ma mère qui m'effleuraient. Presque.
-J'adore comment tu me traces mon futur. Il en deviendrait presque beau...
J'ai aspiré la nuit, m'en suis rempli à ras bord, le courage vient du ciel.
C'est vrai qu'elle était visionnaire... une boule de cristal à la place du cœur.
Le ciel se charge d'écharpes de brume par peur de prendre froid.
« Comment pouvait-elle savoir ? Les accidents domestiques ne peuvent pas se prévoir Ma pensée me percute. »
Sébastien DB
« Comment pouvait-elle savoir ? Les accidents domestiques ne peuvent pas se prévoir Ma pensée me percute. »
Sébastien DB