Expiation

La cocaïne était probablement l'un des derniers plaisirs de sa vie, mais Cohle ne souhaitait cette addiction pour personne au monde. Cette saloperie pouvait vous détruire mentalement et physiquement. Il avait en partie échappé à ces deux caractéristiques mais était devenu un esclave, incapable de vivre s'il n'avait pas sa dose une fois de temps en temps. Il n'en était pas fier mais il n'avait plus le choix désormais. Sa vie était programmée. C'était tout.

Le plus important était de courir le plus vite possible pour distancer la mort. Il fallait qu'elle échappe à la silhouette terrifiante qui la pourchassait. Quand elle avait pénétré la forêt, quelqu'un s'était lancé à ses trousses, une force démoniaque lui voulait du mal. Et elle se rapprochait. Peu à peu elle serait bientôt sur elle et l'envelopperait d'une couverture funeste. Qui était-ce exactement ? La jeune fille ne sut le dire. Tout ce qu'elle savait à ce moment précis, c'est que si elle s'arrêtait de faire fonctionner ses jambes, elle se ferait tuer de sang-froid. L'horreur qu'elle traversait était à peine croyable. Elle n'avait pourtant rien demandé à qui que ce soit. Était-ce trop demander que de passer du bon temps en compagnie du bonheur ? Apparemment le mal s'était invité à la fête et il avait pris forme humaine. Elle essayait de le fuir.

Amelia Davis était une femme délicieuse. Une petite blonde coiffée d'un chignon et dont le rouge à lèvres pétillant faisait ressortir ses lèvres à merveille. Dans la vie de tous les jours elle était l'archétype de la bonne mère au foyer. Une femme parfaite pour son mari. Elle était convaincu que derrière toute personne, aussi effacée soit-elle, se cachait un autre être différent qui valait la peine qu'on s'y intéresse.

Elle courait. Elle courait pour sa vie parce que c'était la dernière chose qu'il y avait à faire. Courir pour sa vie. Courir contre la mort. Bientôt, des larmes de désespoir coulèrent sur ses joues. Elle s'imaginait déjà se faire capturer par la silhouette. Elle le sentait. On gagnait du terrain et dans quelques instants peut-être qu'elle n'existerait plus. La jeune fille eut du mal à y croire mais elle savait que c'était une réalité. Non c'est pas vrai. C'est un cauchemar. Je vais me réveiller et je serai tranquillement allongée dans mon lit, blottie sous mes couvertures. C'est ce que je veux. Me réveiller.

Il était conscient de la personne qu'il était, qu'il passait aux yeux de beaucoup de monde pour un asocial et qu'il fallait à tout prix l'éviter pour s'assurer un train de vie paisible. Mais, selon ce que lui pensait être vrai, c'était aux autres de faire un effort envers lui, et non l'inverse. Le fait que Colin fasse le premier pas lui fit intérieurement plaisir. Il ne se souvenait pas la dernière fois où quelqu'un avait entrepris la moindre amorce.