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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
En exil depuis plus de 20 ans, banni de Chine pour "pollution spirituelle", Ma Jian continue de publier loin de sa terre natale, inlassable pourfendeur des dérives du régime en place. China Dream peut ainsi aussi bien se lire comme un pamphlet que comme une satire aux solides vertus caustiques où le ridicule le dispute au tragique. Cependant, Ma Jian mêle la réalité, déjà souvent incroyable et désolante, à la fiction dystopique qui n'y va pas par quatre chemins pour stigmatiser cette société orwellienne. le livre prend pour héros un haut fonctionnaire en bout de course, Ma Daode, directeur du Bureau des rêves, dont le but est d'éradiquer les souvenirs douloureux de chaque citoyen en les remplaçant par le merveilleux "rêve collectif chinois." de sombres desseins que notre homme a toutefois du mal à faire se concrétiser étant lui-même obsédé par son passé de la Révolution culturelle. L'époque actuelle et les funestes années 60 finissent par coexister de façon chaotique, non seulement dans l'esprit de Ma Daode mais aussi dans le roman, de manière tellement insistante que la démonstration en devient parfois irritante, dans un état de schizophrénie galopante. La fable en devient presque illisible dans ses dernières pages à mesure que l'état de Ma Daode se dégrade et que l'on plonge dans une sorte de délire incontrôlé. D'où l'impression mitigée que ressort de cette lecture singulière où en définitive il devient impossible de démêler le vrai du faux, la seule boussole restant le préambule écrit par Ma Jian qui lui est parfaitement clair et terrifiant.
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Petit topo sur l'histoire : Ma Daode est le nouveau directeur du Bureau communiste du Rêve Chinois, un bureau chargé de diriger les idées et autres souvenirs des habitants vers une pensée unifiée et en total accord avec le régime communiste mis en place depuis 1949 par Mao. Ma Doade est ce que l'on pourrait appeler un enfant du communisme, adolescent qui se cherche en période de Révolution Culturelle où la haine de l'habitant bourgeois n'a cessé de diviser les populations. A cette époque il était prêt à renier sa famille pour la patrie, prêt à devenir insensible face à la violence que cette révolution a engendrée. Quelques années plus tard, cette volonté de ne faire qu'un avec les idéaux de son pays l'auront mené au pouvoir, où pots-de-vin, infidélités et hypocrisie font rages. Mais les souvenirs ne cessent de réveiller cette conscience que Ma Doade pensait depuis longtemps enfouie…

Ma Jian est un auteur chinois exilé en Angleterre dont les oeuvres satiriques n'ont jamais vraiment atteint le coeur du gouvernement de la République populaire de Chine, l'image donnée dans ses romans n'étant pas ce qu'il y a de plus politiquement correct (il est bien connu que la vérité peut déranger). Face à cette envie de le faire taire, j'attendais beaucoup de China Dream. Je m'attendais à quelque chose de percutant, d'historique, je m'attendais à des descriptions profondes voire philosophiques sur la condition du peuple chinois. A la place de cela, j'ai retrouvé un personnage bedonnant et davantage obsédé par ses nouvelles conquêtes féminines qu'un récit pointant les vices du régime.

J'ai trouvé que la narration était par moment un peu trop grivoise, il aurait été plus constructif de mettre l'accent sur la vie des habitants et sur le côté historique que sur les positions lascives et les conversations à caractère érotique du personnage. A contrario, cette forme de narration un peu cru met en avant le fait qu'à trop vouloir se sentir puissant on en finit par oublier que l'on reste un homme, et c'est ce à quoi le « héro » de l'histoire est confronté. Au travers de ses souvenirs (parties les plus intéressantes du récit) on retrouve la volonté du régime de confisquer les terres des paysans, le côté historique de la Révolution culturelle survenue en 1966 qui incita les jeunes à s'insurger et à prendre place au sein de la Garde Rouge, des « soldats » qui seront formatés pour rééduquer les familles bourgeoises (pour ne pas dire les humilier). On retrouve également avec une certaine opacité l'extermination des réfractaires au pouvoir ou encore les combats menés au sein même des révolutionnaires. Tout n'est pas négatif, on comprend que le personnage principal est victime de ce régime, qu'il a agi sous l'adrénaline et la rééducation imposée par les dirigeants de l'époque. le fond de l'histoire reste efficace et on ressent ce que l'auteur tente de nous faire comprendre.

Au niveau de la construction même du roman, l'écriture de Ma Jian est simple et facile d'accès, proposant une narration franche et sans fioriture. Les chapitres sont un peu trop longs à mon goûts, je préfère quand ils ne dépassent pas trois ou quatre pages, ce qui me permet de faire un point sur ce que je viens de lire et effectuer des recherches sur des faits que je souhaite approfondir. J'ai trouvé l'avant-propos très bien, je pensais qu'il donnait le ton sur le côté un peu satirique de l'auteur. Un bref mais non moins convaincant résumé sur le contenu du roman. Il en va de même pour la note de fin sur la couverture qui mérite d'être présenté tant elle propose une approche philosophique de du saule isolé.

En conclusion, même si la lecture m'a laissée un peu sur ma faim, il y a quand même dans le récit des faits historiques qui méritent d'être mis en relief et approfondis, des faits qui auraient par ailleurs mérité de se fondre dans un environnement littéraire plus harmonieux et moins cru. Ce roman qui allie fiction et réalité m'a permis de découvrir des événements que je n'avais jamais pris la peine de creuser, alors je le recommande comme un bouquin initiatique, qui suggère au lecteur de se pencher sur l'histoire de la montée du communisme en Chine. Si vous souhaitez vous attacher au(x) personnages, je pense que vous pouvez passer votre chemin, ce côté-là n'est pas le point fort du roman.
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Ma Daode, haut fonctionnaire chinois, en fin de carrière, s'ennuie avec sa femme et s'offre tous les plaisirs avec ses nombreuses maitresses.
Alors que Beijing s'apprête à inventer la fête des Noces d'or, il se remémore sa jeunesse et son parcours politique.
Membre des Gardes Rouges, il a souffert d'en être viré à cause de ses parents "droitier" et à la solde des étrangers. Ceux ci n'ayant pas supporté la dénonciation et l'humiliation ont mis fin à leur jour. Il gardera de ce suicide une grande culpabilité...

Un roman où se mêlent faits réels et utopie, faisant référence au slogan du président Xi Jinping sur "Le Rêve chinois".
A la fois pertinent et terrifiant, ce récit sous forme de fable dénonce de façon satirique les perversions du système politique chinois en place, la souffrance de la population, l'amnésie collective inculquée par le pouvoir, la seule histoire autorisée étant celle du Parti.
Mais le texte est complexe à suivre. le roman "La route sombre" m'avait subjugué, celui ci me laisse sur ma faim.
Déception.

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Entre fiction et réalité, ce roman de Ma Jian est assez déroutant.

Comme l'indique le résumé du livre, il dresse bien le portrait de la Chine d'aujourd'hui livrée au rêve chinois du président Xi Jinping. Il le fait à travers le regard d'un haut dignitaire du parti, Ma Daode.
Ce rêve chinois ? C'est la volonté d'effacer les événements encombrants du passé pour ne penser qu'à des choses autorisées par l'Etat, glorifiant la Chine et l'aidant dans son accession au pouvoir mondial.
Dans ce contexte qui n'est pas sans rappeler 1984 dans une Chine contemporaine et surtout réaliste, Ma Jian le dit lui-même : il a cherché à montrer la violence de l'autocratie, les fragments de l'être et le désir de liberté de l'âme humaine.
Pour la violence, elle est belle et bien présente. Violence de l'Etat, dureté envers les personnes qui sont contre les pensées du parti, les exemples n'en manquent pas. Cette brutalité est aussi répétée à longueur du roman avec l'évocation de la Révolution Culturelle, période sombre de la Chine qu'a connu le protagoniste principal de ce roman.
Et cette Révolution Culturelle, elle le hante et à forger la personne qu'il est devenu. Et c'est ici que Ma Jian introduit la notion de personne, comment on se définit et comment on se construit au fil du temps. On voit Ma Daode sombrer petit à petit, dont la seule solution pour lui est d'éradiquer son passé. Il cherche à être libéré, car c'est contraire à ce rêve chinois. Ce fameux rêve qui est de suivre une ligne droite, sans embouchures, privant les partisans de toute liberté.
Ma Jian continue de dénoncer la dérive tyrannique de ce régime chinois, bien méconnu et peu médiatisé dans nos contrées. Un roman pas forcément facile à lire, vachement décousu mais qui apporte des éléments intéressants sur la Chine d'aujourd'hui et son régime en place. Et qui permet de découvrir ces voix qui s'expriment contre la dictature.

Merci à Babelio pour ce roman reçu en Mass Critique.
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C'est une lecture un peu étrange !
Plutôt que "China dream", ce livre pourrait s'intituler "Le cauchemar de Ma Daode".

Le roman raconte l'histoire d'un haut fonctionnaire chinois qui rêve d'implanter à tous les citoyens une puce. Celle-ci permetrait de surpasser de loin la surveillance des individus telle qu'elle est décrite dans "1984" de George Orwell.

Ma Daode ne va vraiment pas bien, au moins en ce qui concerne sa santé mentale. Comme le récit suit son point de vue, il part dans tous les sens en mêlant le présent, le passé et des hallucinations. le résultat est déroutant !

La dessente aux enfers de Ma Daode m'a rappelé celle de Sherman McCoy dans "Le bûcher des vanités". Difficile d'avoir beaucoup d'empathie, pour l'un comme pour l'autre de ces personnages qui n'ont pas un sens moral très développé.

J'ai déjà lu des livres qui se passaient en Chine mais celui-ci est mon premier par un auteur chinois. Il me donne envie d'en apprendre davantage sur l'histoire de ce pays et en particulier sur la révolution culturelle.
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