Citations sur Un palais de cendres et de ruines (148)
Si je n'avais pas rencontré un certain fils de l'invisible, poursuivit-il, je n'aurais jamais compris que c'est la famille qu'on choisit qui compte réellement, et pas celle dans laquelle on naît. Je n'aurais jamais su ce que c'est d'espérer envers et contre tout, même quand le monde entier vous somme d'abandonner.
- Vous saviez que j'étais son âme sœur quand nous sommes partis là-bas. Je ne vois pas en quoi mon titre y change quoi que ce soit.
- Ça change tout.
Je posai les mains sur mes hanches.
-Pourquoi ? Insistai-je.
Cassian passa la main dans ses cheveux.
-Parce que... Parce que, en tant qu'âme sœur de Rhys, vous étiez sous sa protection. Oh, inutile de me regarder ainsi. C'est réciproque : il est également sous la vôtre. J'aurais sacrifié ma vie pour vous quand vous étiez seulement son âme sœur et je l'aurais également fait en tant qu'ami. Mais vous étiez encore exclusivement... À lui.
- Et en tant que Grande Dame ?
- En tant que Grande Dame, vous êtes à moi, ainsi qu'à Azriel, à Mor et à Armen. Vous nous appartenez et nous vous appartenons. Si nous l'avions su, nous ne vous aurions pas... Exposée à un tel danger.
Il poursuivit par notre lien.
Je t'aurais attendue cinq cents autres années. Ou mille. Et même si notre vie ensemble touche à son terme... cette attente en valait la peine.
Il essuya les larmes qui coulaient sur mes joues.
- Je crois que tout ce qui est arrivé s'est passé exactement comme il le devait... Afin que je puisse te rencontrer, acheva-t-il à voix haute.
Que voulez-vous, en temps de guerre on ne peut pas s’offrir le luxe de bonnes idées, mais seulement choisir la moins mauvaise.
Ce que nous prenons pour notre plus grande faiblesse peut se révéler notre meilleur atout, expliqua-t-il en me voyant hausser un sourcil. Et la personne qui en paraît le moins susceptible peut changer le cours de l'histoire.
- Je t’aime.
Et si je ne l’avais pas cru, si je ne l’avais pas déjà su au plus profond de moi, la lumière de son visage quand il prononça ces mots aurait achevé de me convaincre.
- Nous irons sur ce champ de bataille, et nous n'accepterons la Mort que quand elle nous traînera dans l'Au-delà, déclara Rhys. Nous nous battrons pour la vie, pour la survie, pour l'avenir de chacun de nous. Mais si le Destin, la Mère ou le Chaudron décident que nous ne ressortirons pas vivants de ce combat... je tiens à vous dire que la plus grande joie et le plus grand honneur de ma vie auront été de vous avoir connus et d'avoir pu vous appeler ma famille. Et je suis reconnaissant, plus que je ne pourrai jamais l'exprimer, du temps qu'il m'a été donné de passer avec vous tous.
Il prit mon visage entre ses mains et l'approcha du sien.
- Ne te laisse pas distraire, recommanda-t-il. Ne t'attarde pas. Tu es une guerrière, et les guerriers savent exactement quand ils doivent combattre.
Je hochai la tête tandis que nos souffles se mêlaient.
- Ils ont pris ce qui nous appartient, gronda Rhys, et nous ne laissons pas de tels crimes impunis.
Son pouvoir déferlait et tournoyait autour de moi.
- N'aie peur de rien, reprit-il. Ne flanche pas. Ne cède rien. Entre, délivre-la et reviens.
J'acquiesçai de nouveau en soutenant son regard.
-Souviens-toi que tu es une louve et que personne ne peut te mettre en cage.
J'avais toujours imaginé la mort comme un paisible retour au foyer, une berceuse douce et triste qui m'accompagnerait dans l'au-delà.
Je foulai le mât d'un porte-étendard des loyalistes, maculant de boue le sanglier aux défenses saillantes brodé sur la bannière émeraude.
Je me demandais si, au lieu d'une douce chanson, la berceuse de la mort n'était pas plutôt le vrombissement des mouches, si les mouches et les vers n'étaient pas les serviteurs de la mort.
Je t'aurais attendu cinq cents autres années. Ou mille. Et même si notre vie ensemble touche à son terme... cette attente en valait la peine.