...c'est un trait courant chez les alcooliques que de faire des projets et des promesses , à eux-mêmes et aux autres , avec ferveur et sincérité , dans l'espoir d'une rédemption . Des promesses qui sont systématiquement rompues par la peur , le découragement , par toute une série de raisons qui dissimulent un désir très profond d'anéantir leur personnalité brisée .
...un sentiment de supériorité insouciante qui est le rempart des médiocres .
l y a un abîme entre la vie viscérale et sanglante que je partage avec Mabel et la vision distanciée, réservée, qui caractérise la façon dont nos contemporains apprécient la nature. Je sais que certains de mes amis considèrent le fait de vivre avec un faucon comme quelque chose de moralement suspect, mais je ne pourrais pas aimer les oiseaux les comprendre aussi profondément si je ne les avais vu que sur des écrans. J'ai fait d'un faucon un fragment de vie humaine et d'une vie humaine un fragment de la vie d'un faucon, ce qu'il a rendu un million de fois plus complexe et source d'émerveillement à mes yeux.
L'archéologie de la douleur ne se fait pas avec ordre et méthodes. Cela ressemble davantage à la terre que vous retournez à la bêche et où vous découvrez parfois des choses oubliées. Des éléments surprenant refont surface non seulement les souvenirs, mais aussi des états d'âme, des émotions, des visions du monde plus anciennes.
Et je porte d’autres cicatrices invisibles, des cicatrices qu’elle ne m’a pas infligées mais qu’elle m’a aidé à guérir.
Les mots qu’on a lus un jour se tracent un chemin secret.
Il est un temps dans la vie où vous vous attendez à ce que le monde soit toujours rempli de nouveautés. Puis vient le jour où vous comprenez qu’il n’en va pas du tout ainsi. Vous voyez que la vie va devenir une chose faite de trous. D’absences. De portes. Des choses qui ont été là, mais qui ne le sont plus. Et vous réalisez que vous devez vous développer autour de ces manques, entre ces creux, même si vous pouvez tendre la main à l’endroit où ces choses ont existé et sentir le terne éclat et la tension des lieux où les souvenirs logent.
Nous portons les vies que nous avons imaginées de même que celles que nous vivons, et parfois, nous faisons le compte de toutes celles que nous avons perdues.
Les autours sont nerveux parce qu'ils vivent dix fois plus vite que nous et réagissent aux stimuli littéralement sans réfléchir . "De tous les faucons, écrit Richard Blome, un fauconnier du XVIIe Siècle, l'autour est sans doute le plus timide et farouche, envers les hommes et envers les chiens ; il faut davantage lui faire la cour comme une maîtrsese que d'user d'autorité en maître, car il sera enclin à ne pas oublier les torts et cruautés dont il aura pâti. Qu'on le traite avec douceur et il deviendra fort maniable et aimable envers son fauconnier."
Je réalise désormais que nous observions la même chose, ou du moins des choses que l'histoire a rendues similaires.