AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 146 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  

Du grand n'importe quoi.

Vous l'ignoriez peut-être, mais les 20 kilomètres de Paris ont été gagnés en 2021 par le Français Mohrad Amdouni en 57 minutes et 14 secondes.
Eh bien dans le roman de Sarah Maeght, l'un des principaux protagonistes, Adam, vendeur de journaux, auteur de bandes dessinées en panne d'inspiration, a couru les vingt kilomètres de Lorient en 47 minutes et 23 secondes.
Un surhomme.
Est-ce que c'est important pour l'histoire ?
Honnêtement non, mais c'est agaçant. Pourquoi parler athlétisme si on a aucune notion ? Pourquoi ne pas vérifier la pertinence du propos, ce qui aurait pris 30 secondes ?

Et il y a pire. L'auteure nous parle de World of Warcraft, le MMORPG ( jeu de rôle en ligne massivement multijoueurs ) alors qu'elle n'y connaît rien. Comme j'y ai joué quelques années, ses erreurs grossières m'ont forcément sauté aux yeux.
"Elle faisait partie de l'Alliance ou de la Ligue ?"
Dans World of Warcraft, ce sont l'Alliance et la Horde qui s'affrontent. C'est le b.a - ba des trente millions d'abonnés qui y ont joué, et qui pour certains n'ont toujours pas quitté l'aventure.
Et c'est toujours le personnage d'Adam, ancien joueur, qui fait ce commentaire complètement stupide au sujet d'une des meilleures joueuses françaises :
"Quand elle a perdu le combat contre le dragon nain, on a tous halluciné."
Non seulement les dragons nains à combattre ne sont pas légion sur Azeroth, mais les quelques dragons gigantesques que l'on croise dans le jeu ( Onyxia, Ysera, Malygos, Aile-de-mort ) se combattent en guilde à 10, 25 ou même 40 joueurs qui doivent parfaitement se coordonner. En outre on ne meurt pas dans World of Warcraft, ou du moins si l'on est victime d'un coup fatal, il suffit que notre fantôme fasse le chemin du cimetière jusqu'au corps de notre avatar pour que celui-ci revienne en vie.
Est-ce que c'est important pour l'histoire ?
Déjà plus, puisque ce jeu vidéo impactera directement la vie de l'héroïne, Victoire.

Dans le livre, Sarah Maeght n'hésite pas à se moquer de la faute d'orthographe du tatouage d'un surfeur ( "Hâtes-toi de céder à la tentation avant qu'elle ne s'échappe" ) mais elle aurait mieux fait de s'assurer de la cohérence de ses propos jusqu'au bout.
"A l'impératif, les verbes du premier groupe ne prennent pas de "s" à la deuxième personne du singulier."

Principalement énoncées par Basile, un gamin de neuf ans autiste sur les bords, ces petites remarques de culture générale démontrant autant son intelligence que son handicap font cependant sourire tant elles tombent comme des cheveux dans une soupe, aux moment les plus inadaptés ( pour son auditoire ) et surprenants. Quel crédit faut-il y apporter ? Aucune idée, je n'ai pas été vérifier.
"Quoi est un adverbe interrogatif réservé aux choses inanimées."
"En 1880 Napoléon Bonaparte a cédé la Louisiane aux Etats-Unis pour 15 millions de dollars."
"Mais le plus grand des dinosaures était herbivore. Il s'agit de l'Argentinasaurus."
Ce jeune souffre-douleur sauve un peu le roman avec ses réparties cocasses inattendues, même si le pathos pour forcer à l'empathie est trop extrême. Solitaire, méprisé par ses camarades et même ses enseignants, abandonné par son père, délaissé par sa mère débordée de travail, il a besoin de repères comme les lignes de la table de cuisine ou la ponctualité pour éviter des crises de panique ou de colère.
"Je voudrais être n'importe qui, excepté moi."
Quelques moments sont quand même sympas, notamment ceux où il prend tout ce qu'on lui demande de faire au pied de la lettre.
"- Les enfants, lance Mme Soulier, appuyez-vous bien sur le texte pour répondre aux questions !
Basile pose les deux mains à plats sur la feuille, pousse de toutes ses forces sur la table, se lève, appuie encore.
- Madame, il fait une crise ! crie Jessica.
- Basile, que fais-tu ?
- Je m'appuie sur le texte."

La meilleure amie de mini-Monk se prénomme donc Victoire, c'est sa baby-sitter, et tous les deux forment une sacrée brochette d'inadaptés.
"- A nous deux on fait une belle équipe de désorientés."
Etudiante en anglais, elle est malheureuse parce qu'elle se trouve trop grosse, que son ex pour qui elle rampait l'a quittée, parce qu'elle se trouve moche et con. Pour couronner le tout elle a des problèmes d'argent et envisage sérieusement de se prostituer pour pouvoir payer sa taxe d'habitation.
Heureusement, sa meilleure amie Allison est là pour lui remonter le moral.
"Arrête de raconter que tu vaux rien."
Toutes les deux échangent souvent des SMS à haute teneur philosophique :
"Moi : Suis toute seule avec le livreur de journaux. Je fais quoi ?
Allison : Branle-le.
Moi : J'ai pas envie.
Allison : Roule-lui des pelles."
Si tout se passe bien, elle partira en Amérique l'année prochaine. Mais alors qui s'occupera de Basile ?
Tel est l'enjeu de ce roman à l'insoutenable suspense.

Bref, Les imbattables c'est l'histoire de cette profonde amitié intergénérationnelle qui change des 98 ans / 25 ans dont d'autres auteurs se sont déjà chargé.
C'est aussi l'histoire complètement rocambolesque d'une baby-sitter qui se retrouve à devoir garder un gamin non pas une soirée mais une semaine, durant laquelle ils vivront plein de superbes aventures auxquelles on ne croit pas un instant.
Enfin sauf si vous pensez qu'on peut faire 20 kilomètres en 45 minutes bien sûr et qu'on est au pays cucul des fées.

Je ne vais pas insister davantage, je n'ai pas aimé. Les personnages sonnent faux, l'histoire est inconcevable, les informations sont approximatives pour ne pas dire erronées.
Après oui, ça se laisse lire sans ennui mortel, Basile est attachant et nous fait passer quelques bons moments. Mais c'est très insuffisant.
A dire vrai je ne fais simplement pas partie du public visé par ce genre de "littérature".

Moralité : Quand une de vos auteures préférées - qui s'appellerait par exemple Amélie Antoine - vous conseille un roman sur facebook, réfléchissez-y à deux fois. Si ses livres vous plaisent indéniablement, ses goûts peuvent cependant être très différents des vôtres.

Commenter  J’apprécie          1816

Autres livres de Sarah Maeght (1) Voir plus

Lecteurs (338) Voir plus




{* *}