La quatrième de couverture parlait de ce roman islandais comme d'un mélange entre
George Orwell et
Boris Vian. Après lecture, c'est plutôt quelque part entre
Bernard Werber et
Paolo Coelho.
À presque chaque paragraphe, on a l'impression que l'auteur a fait une pause de satisfaction pour apprécier son propre génie. Vous voulez une suite sans fin de phrases creuses crypto-intelligentes et des questions rhétoriques banales? Vous n'en manquerez pas ici.
"L'
amour ne serait rien dans la mort. Que serait Roméo et Juliette sans elle? Rien de plus qu'un drame plastique."
Toutes les thématiques existentielles sont là, même si Snaer n'avait rien à dire à leur sujet.
Oh et la science fiction? C'est un autre cas insultant de l'artiste qui n'en a probablement jamais lu, mais était convaincu que son génie naturel révolutionnerait le genre.
L'histoire :
Un "génie" Silicon Valley style réussi à créer un système qui remplace internet en utilisant les ondes du cerceaux.
Il crée ensuite une application de rencontre qui assure avec un taux de réussite de 100% de trouver notre âme soeur en analysant ces mêmes ondes.
Puis il réinvente la mort avec un système qui transforme des cadavres en étoiles filantes.
Bref, il crée un monopole capitaliste sur la vie, la mort et l'
amour. Cela lui fait réaliser que le libre arbitre n'existe pas et qu'il peut tout contrôler. (Le personnage est clairement un self-insert de l'auteur qui s'en sert pour exprimer son narcissisme. On comprend vite pourquoi Snear s'est présenté à la présidentielle islandaise de 2016.) Il se met à douter du bien fondé de son entreprise lorsqu'il s'apprête à découvrir et à devenir Dieu grâce à ses développements.
Pendant ce temps, un couple d'
amoureux qui ose ne pas être branché à ces systèmes découvrent qu'ils ne sont pas des âmes soeur. Peuvent-ils quand même être libres et s'aimer loin de la technologie?
Ouin.
Tout ça a été fait un millier de fois en SF. Et beaucoup mieux qu'ici.
Ah oui, et pour finir, il y a des passages capacitistes assez troublant. La narration nous explique un moment, out of nowhere, que la mort est préférable aux handicaps. Et le mot "autiste" est utilisé plusieurs fois de manière péjorative comme synonyme de "fou" ou "idiot".