Entendre, comprendre de quoi on parle ... "si l'on pouvait gagner encore cinq petits degrés en hauteur, je suis sûr que la cargaison glisserait toute seule... oui, il a employé précisément ce mot, "cargaison". Il n'y avait aucune haine dans sa voix. Et c'était ça le plus terrifiant !" .... quand des corps entassés ne deviennent qu'une cargaison !
Entendre, découvrir de quoi on parle .... "cela, ce n'est qu'une première étincelle. L'Amérique va s'embraser toute entière ! Tu imagines, bientôt ça va s'appeler la république soviétique socialiste d'Amérique !" .... l'île pour l'instant n'était nommée que l'île de la liberté !
Entendre, comprendre ce qu'est une bagarre ... "c'était la haine de celui qui soudain voit dans l'autre, comme dans un miroir, l'impasse de sa propre vie." .... le mécanisme de la haine !
Quitter son ami, son compagnon quand on a quatorze ans ... et ne jamais le revoir alors peut être lui écrire une lettre qui devient alors un livre, ce livre que nous découvrons ensemble, le roman de l'apprentissage, de la construction de sa personnalité au travers de ce qu'ils ont vécu ensemble.
Entendre, et enfin comprendre ces non dits, l'histoire que les parents ont voulu oublier, n'ont pas voulu se souvenir, n'ont pas voulu raconter à leurs enfants sur ce qu'ils ont vécu, le combat des pères, la confession des mères et enfin réussir et vouloir partager.
Avec son ami, ce qu'ils ont fait de leur vie, et ne jamais oublier de dire, de raconter ... ne jamais se taire !
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Le passé : un souterrain qui contient des dragons dont il vaut mieux ne pas s'approcher, dit une légende tibétaine rapportée par Faïa, la mère d'Arkadi. Tout est placé sous le signe du double, dans ce récit : les deux jeunes pionniers, le clairon et le tambour, qui découvrent la vie ensemble, puis s'éloignent au même moment du lieu de leur enfance, l'un à Paris, l'autre aux U.S.A. Les pères, Iacha le robuste qui porte sur son dos Piotr, amputé des deux jambes, devenu par l'ironie du sort cordonnier. Les mères, celle qui à l'hôpital raconte de façon neutre la guerre et les maux qu'elle a subis, sans se plaindre, et Faïa, qui dit la vérité : le froid, la faim, la mort, la vie sauve grâce à la prostitution. Et puis Kim, devenu écrivain, qui a le sentiment de trahir en racontant tout, et Arkadi, l'homme qui a réussi mais est hanté par une "nostalgie" souterraine dont aucune réussite matérielle ne pourra jamais le guérir. Pour assumer le passé, il faut payer le prix d'un dédoublement qui est une déchirure toujours douloureuse. Très beau livre.
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un peu mitigée sur ce livre
il donne tout de même un très bon aperçu de la vie à cette époque et à cet endroit, avec une enfance rythmée par le régime et les conditions de vie.
Mais l'écriture destinée au meilleur ami d'enfance du narrateur instaure une distance que je n'ai pas réussie à dépasser totalement.
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