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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Véra avait 16 ans quand son amour de jeunesse est parti en 1945 à la guerre. Depuis 30 ans elle l'attend et guette depuis sa fenêtre son retour. Depuis "Véra avait déjà autour d'elle un mouroir de vieilles femmes qu'elle ne pouvait plus abandonner. Non elle n'avait pas choisi d'attendre, elle avait été cruellement happée par une époque, par ce passé de guerre qui s'était refermé sur elle telle une souricière". Dix millions d'hommes morts ou estropiés au cours de cette guerre, c'est dix millions de maris que ces femmes ne trouveront pas. Alors elles sont restées à proximité de cette Baltique, à Mirnoïé, et vivent dans des isbas isolées à moitiés en ruine, perdues dans des villages abandonnés, des villages desservis par des routes aux ornières boueuses."A Mirnoïé, on est peinard, pas de loyer à payer, la moitié des maisons sont inoccupées, on entre, on s'installe, c'est vraiment le communisme !"
Un beau roman sur cette fidélité, cette solitude, mais aussi un regard empreint d'humour critique sur ce communisme qui emprisonnait les hommes mais aussi les idées et la liberté, sur ces personnes qui n'ont pas évolué pendant toutes ces années noires, malgré les frémissements de liberté. Une belle écriture poétique décrivant ces automnes, ces paysages et ces premiers froids russes. Un beau roman sur cette âme russe.
Makine est décidément un grand auteur d'âme russe.

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Makine a été rejoint par la langue française qui l'a envouté au point de le décider à en acquérir une maitrise qui nous remplit de stupeur et d'admiration, comme Dominique Fernandez a pu le souligner lors de sa réception à l'Académie Française le 5 décembre 2016. Il écrit merveilleusement bien avec un style élégiaque qui caresse les mots, un vocabulaire suave qui par petites touches fait naitre des images délicates de sa Sibérie natale. Il donne à ce pays loin de tout, où la vie est rude, la nature hostile, l'habitat austère, une dimension poétique. de même, ses personnages, aux prises avec la chape que l'URSS Brejnevienne fait peser sur chacun d'eux, expriment leurs angoisses, leurs espoirs, leurs aspirations avec pudeur, même lorsqu'il leur fait manier un argot bien charpenté. L'univers de Makine, ce sont des destinées où chacun cherche à échapper à l'absurdité de sa situation, c'est un hymne à la femme, sensuelle, forte, déterminée, courageuse et belle. C'est aussi le questionnement de l'auteur sur son propre sort, une quête spirituelle, un manque à combler, un sens à trouver sur ce qui remplit la vie de l'homme et où l'amour prend une part importante...mais où les attaches, les liens sont toujours tranchés. "La Sibérie, longtemps identifiée à un lieu de désolation et de terreur depuis que Dostoïeveski l'avait appelée "la maison des morts" devient avec Makine la métaphore de la libération" précise Dominique Fernandez.
Véra, une femme énigmatique, belle et sauvage, se laisse progressivement apprivoiser par un jeune étudiant arrivé de Leningrad. Il a 26 ans, elle a l'âge d'être sa mère et la rumeur prétend qu'elle attend le retour de son fiancé disparu en 1945 lors de la libération de Berlin. Elle vit dans le petit village de Mirnoïé. Elle est institutrice et de dévoue aux vielles femmes du village. Elle semble attendre un retour auquel personne ne croit plus, sauf elle. C'est en l'observant que le narrateur finit par progressivement tomber amoureux de cette femme qui exerce une véritable fascination sur lui. Puissance des sentiments, délicatesse du phrasé, pudeur, font de ce roman une oeuvre agréable et profondément touchante qui descend dans l'intime de notre coeur.
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J'ai toujours un immense plaisir à retrouver l'écriture d'Andreï Makine. Il a l'art d'avoir une plume qui décrit les paysages, les êtres, les situations de manière très poétique et sait tout autant nous glacer d'effroi en nous évoquant la violence et la cruauté humaine.

Je préfère son "coté" poétique et ce livre m'a emportée pour cela.

Il est prétexte à opposer deux visions de la vie dans cette URSS des années 70 et à laisser le lecteur se faire "chahuter " par la pensée de ce jeune étudiant persuadé de tout savoir et de tout avoir déjà compris.


C'est un beau portrait de femme. Ses choix de vie ne sont-ils pas finalement si riches d'une certaine sagesse ? Et si c'était Véra qui avait tout compris...
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Pour moi, Makine est une valeur sure... Je sais que je vais passer un moment douillet, tant son écriture est enveloppante. Et cette lecture n'a pas fait exception... Déja le titre... énigmatique, poétique... La couverture également, sobre, mais complètement charmante... Et puis l'écriture, encore et toujours empreinte de douceur, malgré des passages crus, de tendresse, de poésie... Pour moi, ça fonctionne.. ça m'amène ailleurs... Vraiment, j'aime beaucoup beaucoup cet auteur.
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Quelle belle écriture ! Les origines russes de Makine expliquent certainement ce talent pour la poésie que les russes apprécient et pratiquent davantage que nous.
C'est un beau portrait de femme mûre ,le fait que ce soit un jeune homme qui parle ,comprenne ,observe,voire tombe amoureux apporte encore plus de force au récit .
C'est la description d'une région vidée de ses habitants,un Nord si froid mais si beau ,marquée par le passé, L Histoire : la deuxième guerre mondiale ,puis le communisme dont les vieilles personnes qui y résident encore sont les derniers témoins .
C'est l'attente d'un événement qui viendrait briser cette solitude et qui pourrait être l'amour !

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Le thème de notre club de lecture de Mars 2024 est original et, pour moi, très intéressant : la bibliothécaire est allée chercher dans la médiathèque des romans qui ont eu du succès il y a 20 ans , donc en 2004 !

J'ai beaucoup lu Andreï Makine et souvent avec grand plaisir, je n'avais pas lu ce beau roman d'amour désespéré – nous sommes en URSS !- je n'ai pas du tout regretté cette découverte . Donc après « la vie d'un homme inconnu« , « le livre des brèves amours éternelles » « L'archipel d'une autre vie », voici le destin de cette femme qui depuis trente ans attend le retour de son grand et seul amour.

Ce roman nous permet de découvrir les ravages de l'hécatombe d'hommes soviétiques morts lors de la deuxième guerre mondiale. Véra vit dans un village près de la mer blanche, Mirnoïe, elle est institutrice mais passe aussi toute sa vie à s'occuper de vieilles femmes complètement seules car leurs maris et leurs fils sont morts à la guerre. La description de ces destinées est vraiment tragique. le narrateur est un jeune homme de Léningrad et il est séduit par Véra qui a l'âge d'être sa mère, nous dit-il.

Il va l'aimer mais ne saura pas l'embarquer dans sa propre vie, elle qui n'avait été que la fiancée de seize ans d'un jeune homme qui ne revient pas.

On vit avec l'auteur le froid et la violence des rapports humains en URSS, ce n'est sans doute pas son meilleur roman, mais c'est un bel hommage à son pays en particulier aux femmes russes. Les tragédies russes nous donnent souvent envie de pleurer (encore plus fort dans notre actualité de 2024 !)
Lien : https://luocine.fr/?p=17933
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Quand on s'inscrit au challenge multi-défi 2017, il faut s'attendre à de très belles découvertes. Je devais lire un auteur russe et bien c'est chose faite et un second m'attend dans ma pal de ce nouvel académicien Andreï Makine.
La femme qui attendait est avant tout un roman poétique qui pourrait surprendre plus d'un lecteur. C'est la rencontre entre la jeunesse débauche citadine et une femme rural qui attend depuis 30 ans. C'est l'amour dans toute sa splendeur avec des mots crus et des mots tendre. C'est la passion des deux côtés mais pas pour les mêmes raisons. L'envie, la luxure, la jalousie, certains des septs péchés capitaux sont bien mis en avant.
Véra a vu partir son amour d'adolescente et elle l'attend. Elle fera la rencontre d'un universitaire qui lui cherche à comprendre cette femme énigmatique…..
Andreï Makine nous offre un roman poétique avant tout. Très peu d'interaction entre nos deux protagonistes, juste les réflexions livresques de notre érudit. Il observe, il note et il convoite….
Ce roman se lit très très vite et vous laisse un sentiment de douce douleur. On attend comme l'universitaire le soldat perdu ou un changement de Véra. Une rencontre qui changera à jamais nos deux héros.
Il me tarde de lire d'autres romans d'Andreï Makine vu qu'on voit avec qu'elle simplicité et poésie il joue avec ses mots qu'ils soient brutes ou doux. Un roman abordable où il faut rester concentrer sur la narration très énigmatique. Ceci rajoute un côté addictif au roman car on veut connaitre l'identité de cet universitaire et surtout sa fin.
Je n'ai pas mis la note maximale malgré mes éloges car la fin du livre m'a laissé en plan et je déteste ça. Oui je l'ai aimé je ne vais pas dire le contraire mais quand la mayonnaise à commencer à bien monter sur les deux derniers chapitres je m'attendais à autre chose. Mais bon l'auteur nous offre cependant une douce fin plein de promesses et de poésie encore.
Une très belle découverte et des romans à découvrir. Un auteur que je vais suivre de prés.
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le narrateur, un jeune universitaire, s'installe provisoirement dans le village de Mirnoïe, région d'Arkhangelsk, pour écrire une série de texte sur les us et coutumes locaux "En province , tu sais, il faut toujours un universitaire de Moscou ou de Leningrad C'est pour leur album commémoratif".

Dans ce petit village oublié survivent "des vieilles femmes chassées de chez elles par la solitude, les maladies, l'indifférence des proches". le narrateur y rencontre une femme, celle qui depuis trente ans attend l'homme qu'elle aime. Fasciné par Véra - Il a vingt-six ans, elle aborde la cinquantaine - le narrateur s'emploie à découvrir ses motivations, son secret.

Texte magnifique dans lequel sont évoqués avec un grand talent littéraire des impressions, émotions , réflexions, récits de vie, la nature et le paysage.
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C'est un village russe, retiré, paisible, où la Nature a repris ses droits. Si l'on tend l'oreille, on peut entendre les pas lourds qui s'enfoncent dans la neige, ce bruissement sourd, et, dans le ciel, les aigles qui glatissent. de temps en temps, les feuilles des arbres, fatiguées, laissent tomber la neige qui s'est accumulée sur elles.

Si l'on regarde à l'horizon, on ne sait pas vraiment dissocier la neige qui s'est accumulée sur le tapis de feuilles du ciel cotonneux et lourd. Tout forme une unité inséparable et imperturbable. le lac aux allures de miroir lisse et innocent, renferme un microcosme qui veille jusqu'au retour du printemps.

Parmi cette Nature, il y a Véra, une femme à la beauté farouche, et qui, depuis 30 ans, attend le retour de son premier amour envoyé au combat. Nous sommes en septembre 1976.

A Leningrad, dans l'atelier Wigwam, le narrateur, âgé de 26 ans, fait partie d'un groupe d'artistes dissidents, dont les réunions ont pour principal objet la critique du pouvoir alors en place. Théâtre de révolution « cachée », l'alcool y coule à flots, le sexe est désinhibé, les moeurs sont bouleversées.

Pour une mission journalistique, notre reporter est envoyé dans le village de Mirnoïé, où il est supposé écrire un article satirique sur les us et coutumes encore en place dans cet endroit reculé de la Russie, dont il ne connait rien.

« La femme qui attendait », c'est cela ; deux personnages (deux mondes) qui se rencontrent, se confrontent et que tout oppose.

Véra est une femme de 45 ans, entièrement dévouée à son village et ses habitants ; quand elle ne donne pas cours à ses jeunes élèves, elle s'occupe des « vieux » du village, abandonnés, résignés et les accompagne jusqu'à leurs derniers souffles. Mais au-delà de cet « altruisme » et de cette « abnégation », Vera attend. Tous les jours, depuis 30 ans. Que son soldat revienne. Elle guette, chaque matin, la boîte aux lettres : Y aurait-il une nouvelle ? Un espoir dans le désespoir ? Une lueur divine dans l'obscurité sauvage du Village ? Véra est une femme de morale, d'une droiture cartésienne, auto-sacrifiée au nom de l'Amour.

Le narrateur est jeune, il est fougueux, intrigué par cette femme, désireux de la connaître et de la comprendre. Mais il est aussi chatouillé, démangé de la faire basculer, de rompre ses attentes ; fier et orgueilleux, il désire ardemment la faire sienne.

L'attente, le désir, la jalousie et l'espoir sont des thèmes que Makine caresse délicatement et en toute poésie dans ce roman. Ces personnages si différents n'apprennent pas réellement à se connaître, ils s'appréhendent. Leurs âmes sont deux droites parallèles dont la courbe ne sera en rien altérée ; leurs corps, quant à eux, suivent des routes sinueuses, se cherchent, se trouvent, puis se séparent. A jamais. Et s'il en fut ainsi, si les désirs ont été assouvis, ce n'est pas par amour, ni par simple faiblesse d'âme, mais bien pour donner un sens à toutes ces années (perdues ?). Car il n'est de pire désespoir que la trahison.
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Makine est encore pour moi à découvrir. Bien que j'aie lu une bonne partie de ses écrits, il arrive encore à me surprendre. Ses livres se suivent et, bien qu'on y trouve la même écriture précise et recherchée, qu'on y trouve aussi certains thèmes dont souvent celui son pays d'origine et celui du mystère féminin, ils ne se ressemblent pas beaucoup. Ici j'ai trouvé un roman plein de poésie faite de la nostalgie russe légendaire aux allures autobiographiques tant on y palpe l'authenticité des situations et des réflexions. J'ai aimé, entre autres, la façon dont l'auteur fait l'apologie de l'humilité, celle de Véra mais aussi celle du narrateur qui avoue son arrogance de mâle et reconnaît à demi-mot la force tranquille de son héroïne dont on découvre au fil des pages toutes les qualités tant morales que physiques. Tous ces ingrédients font une histoire de couple improbable, contée magnifiquement dans un beau roman que j'ai dévoré d'une traite.
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