AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 91 notes
5
7 avis
4
10 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
0 avis
Jean-Baptiste Malet propose un voyage autour du monde passionnant, autour d'un produit banal, présent dans toutes les cuisines : le concentré de tomate. La tomate cultivée à l'origine sur les contreforts andins de l'Amérique du Sud a été diffusée sur tous les continents. Dans notre imaginaire, elle est liée à la cuisine italienne, aux pizzas et aux sauces pour les pâtes. Un produit sain issu d'une production méditerranéenne ? Pas vraiment...

Précisons d'emblée que l'auteur ne s'intéresse qu'à la tomate industrielle. Un micro-secteur ? Pas du tout, cette industrie (car c'en est une) consiste en champs plantés en tomates sélectionnées pour résister aux chocs lors des récoltes mécaniques, transferts accélérés dans d'immenses usines où la peau est enlevée, la chair épépinée et chauffée pour obtenir un concentré, et même le plus souvent un triple concentré, pour diminuer les frais de transport. A partir de là, le concentré de tomate n'est plus qu'une matière première, vendue entre traders, distribuée partout dans le monde. Un marché de milliards de dollars. Plein de surprises… Oubliez l'Italie...

Le principal acheteur ? Heinz, une multinationale américaine, dont les fondateurs ont créé, avant même Henry Ford, le travail à chaîne dans de grandes usines. Une immense entreprise largement présente aux États-Unis et au Royaume-Uni à la fin du dix-neuvième devenue une machine marketing au vingt et unième siècle.

Le principal pays de production? La Californie, son soleil et ses usines de production géantes.

Le principal exportateur ? La Chine. Avec des milliers d'hectares cultivés dans le Xinjiang, ce territoire autonome, peuplé de Ouïghours, que la Chine a réduit à territoire de peuplement pour les Han. Pour assurer du travail à ces nouveaux arrivants, l'entreprise de l'armée, Chalkis, a favorisé les plantations, monté les premières usines, avec l'aide technologique des Italiens, qui s'en mordront ultérieurement les doigts.

La principale zone de consommation ? L'Afrique. D'abord alimentée par des boites tricolores, vert, blanc, rouge, avec des noms italiens comme Gino. Les boites venaient effectivement jusqu'au début des années 2000 quasi exclusivement d'Italie du Sud, produites à partir de concentré chinois, dans le cadre du régime douanier de perfectionnement actif, permettant de ne pas payer de droits de douane. Puis les Chinois ont compris qu'ils pouvaient produire ces conserves chez eux, à moindre coût, et les vendre directement en Afrique.
Accessoirement, à la demande des distributeurs, ils pouvaient encore faire baisser les prix en ajoutant des additifs à la préparation. Les conserves de concentré de tomate sur les marchés africains contiennent souvent moins de 50 % de tomates… Les quelques usines locales qui existaient, notamment au Sénégal, n'ont pas survécu à ces pratiques.

Les concentrés et sauces tomates vendues par nos magasins sont-elles de meilleure qualité ? Pour la plupart elles sortent des mêmes usines du Mezzogiorno qui livraient et continuent de livrer l'Afrique. Des usines où on trouve parfois des concentrés noircis par le temps. Quant aux productions locales, la récolte est assurée par des immigrés, amenés dans les champs de production par camionnettes entières par des exploiteurs.
Existe t-il de la qualité ? Peut-être en Toscane, dans le bio, et dans le nord de l'Italie autour de Parme. Mais on parle là de produits incapables de lutter sur les prix.

Cet essai part d'une petite boite de conserve et devient un cours d'économie sur les conséquences de la mondialisation et de l'industrialisation. Au passage, la géopolitique est là au Xinjiang. La mafia traîne dans les couloirs des usines napolitaines. le reportage tient de la partie de cache-cache pour parvenir à découvrir les secrets de production.
Cet ouvrage est une totale réussite dans son genre (bien difficile à qualifier d'ailleurs).
Commenter  J’apprécie          225
Très bon documentaire, j'ai eu l'impression de lire Cash investigation !
Parti d'un produit qui nous semble anodin car extrêmement présent dans notre quotidien, Jean-Baptiste Malet nous dévoile les dessous de la mondialisation à savoir l'esclavage moderne, les mafias, la corruption et les industriels qui nous permettent de nous alimenter à bas coût. C'est bien beau de faire les vertueux mais nous ne sommes visiblement pas prêts à nous passer de ce système.
Un documentaire dont il faut absolument prendre connaissance.
Commenter  J’apprécie          120
Instructif et déprimant quant à son contenu l'ouvrage m' a paru trop long car exhaustif, et parce qu'il a le défaut de sa qualité. Fruit du travail responsable d'un journaliste qui s'attache essentiellement aux faits, il manque de fil conducteur qui ferait que les faits se rattachent à une idée force.
Comme par exemple, "Le capitalisme c'est la liberté du renard libre dans le poulailler libre" comme disait l'autre...
Commenter  J’apprécie          110
Avis aux amateurs de frites au ketchup, de lasagnes sous vide et de pizzas surgelées : arrêtez ça tout de suite ! Cette enquête courageuse d'un journaliste qui avait déjà dénoncé le système Amazon va vous faire passer l'envie de sauce tomate. Pas le fruit frais, charnu et goûteux qu'on achète au marché bien sûr, mais une tomate « industrielle », un hybride créé uniquement pour la transformation en concentré, et produit massivement en Chine. de puissants industriels chinois exportent cette bouillie rouge en énormes quantités à travers le monde, y compris en Europe, sans être toujours très scrupuleux sur la qualité du produit vendu...Ce concentré est ensuite utilisé dans l'industrie agroalimentaire, ou vendu dans nos supermarchés après avoir été reconditionné. Alors avant d'ouvrir un bocal de sauce bolognaise, lisez ce livre, et envisagez plutôt une bonne carbonara pour vos pâtes!
Commenter  J’apprécie          110
J'ai découvert cet auteur par son article paru dans « Le Monde Diplomatique » d'il y a déjà plus d'un an.
La vérité sur l'industrie de la tomate était peu glorieuse. Et puis, je l'ai un peu oublié.

Récemment, j'ai vu le documentaire éponyme à ce livre lors d'une soirée ciné-débat avec l'auteur. Il s'agit d'un bon documentaire qui se suit le parcours de Jean-Baptiste Malet dans sa recherche sur la culture de la tomate industrielle servant à la fabrication du concentré de tomates, jus de tomates, sauce tomates… Bref, ce qu'on peut utiliser dans beaucoup de nos préparations culinaires.
Et ce n'est toujours pas glorieux.

Puis, j'ai reçu ce livre proposé lors de la Masse Critique de février 2019. Après lecture de cette enquête. Eh ben… c'est assez édifiant (ça l'était déjà dans le documentaire). Les tomates, ou plutôt des trucs rouges génétiquement modifiés pour avoir peu d'eau et résister grandement aux chocs, vont être ramassées et transformées une première fois (en majorité aux US, en Chine ou en Italie) puis vont parfois faire le tour de la Terre pour une deuxième transformation (voire encore un autre périple) pour peut-être arrivées dans les rayons de nos commerces.
Et ça, ce n'est que la première couche !

Et si après toute cette lecture, vous avez encore faim de produits avec de la tomate, regardez d'où elle provient. Ou mieux, préparez tout vous-même ! ^^
Commenter  J’apprécie          93
Au delà de cette excellente enquête sur "l'industrie" de la tomate, dont nous sommes tous victimes, il y a là une leçon exemplaire sur le fonctionnement de l'industrie alimentaire mondiale, aux mains des banques, des puissances d'argent et -pour faire simple - du système capitaliste mondialisé.
Commenter  J’apprécie          90
Si l'industrie de la viande me fait vomir, cet essai démontre que la cupidité n'a nulle limite et que tout est source de profit. De la viande à la tomate, même inhumanité. De la Chine à l'Italie en passant par l'Afrique, l'industrie de tomate (et je n'y vois évidement qu'un exemple) génère du fric avec des produits frelatés, reconditionnés, dilués ou périmés sur le dos des plus pauvres en s'appuyant sur des méthodes mondialisées, esclavagistes et mafieuses.

Édifiant jusqu'à l’écœurement avec l'aveugle complicité des états laxistes et du commerce globalisé, anonymisé, aseptisé sous des emballages aux jolis logos.
Lien : http://noid.ch/lempire-de-lo..
Commenter  J’apprécie          92
La tomate, direz vous, quelle drôle d'idée ? Et bien 280 pages plus loin, on a plutôt envie de dire que c'est une drôlement bonne idée, un sacrément bon sujet : on a appris plein de choses sur à la mondialisation en général et l'industrie agroalimentaire agroalimentaire.

Au fil des pages, on comprend que la tomate industrielle (c'est-à-dire la tomate qui est utilisée pour des préparations alimentaires, une tomate refabriquée dans ce sens, et non pas celle que l'on peut trouver sur les étalages, y compris des supermarchés ) est un enjeu économique beaucoup plus fort qu'on ne le croit, avec ses tradeurs, ses entreprises supranationales, sa loi du marché, sa corruption… C'est une très bonne façon de comprendre l'organisation du commerce au niveau mondial que de se pencher sur ce petit fruit/légume rouge...

On commence en Chine, où la tomate a été importée pour le seul plaisir de faire de l'argent, de façon tout à fait artificielle, et où, outre enrichir des déjà-multimillionnaires, elle donne, généreuse qu'elle est, du travail aux enfants comme aux prisonniers des camps de redressement. Elle est ensuite conditionnée en concentré, de qualité pas très bonne à franchement très mauvaise, selon le marché auquel elle s'adresse. "Franchement" car, oui, les Africains n'ont pas d'argent, donc, pas de problème, on leur propose une qualité inférieure, et ce sera toujours cela de gagné en plus… À moins que la nouvelle idée d'implanter les usines de conditionnement en Afrique elle-même, ou la main d'oeuvre est encore moins cher, soit finalement la panacée…

En Italie, qui a toujours été le royaume de la tomate, eh bien oui…maintenant, on reconditionne du concentré chinois, c'est tellement moins cher et facile, on colle une étiquette Made in Italie, aux couleurs vert blanc rouge, et cela permet à l'occasion de blanchir l'argent de la mafia. Ce serait cependant mentir de dire qu'il n'y a plus de culture de tomates industrielles en Italie : il faut bien donner du travail aux migrants clandestins (ceux-la même que l'importation de concentré de tomates chinois en Afrique a privés de leur travail et de leurs revenus)r. Je vous raconte pas les conditions de travail, je vous laisse les imaginer…

La Californie, avec ses cultures intensives, son libéralisme à outrance, son délire de mécanisation ferait presque figure d'enfants de choeur là au milieu.


Au total, c'est un survol impressionnant du commerce au niveau mondial, complètement déprimant, certes, mais globalement très instructif.
Commenter  J’apprécie          80
"L'empire de l'or rouge" de Jean-Baptiste Malet ((349p)
Ed. livre de poche

Bonjour les lecteurs...

Vous pensiez maîtriser ( plus ou moins ) vos consommations alimentaires?
Vous pensiez acheter des produits à la traçabilité impeccable?

QUE NENNI !!!

Bienvenue dans le monde de l'or rouge.

L'auteur a choisi la tomate pour nous décrire le système de l'agro-industrie mis en place autour de certains produits, mais il est clair que son étude aurait pu toucher un bon nombre d'autres supports.
La tomate étant un des rares aliments consommé de façon mondiale, le courageux fouineur a enfoncé les portes pendant presque 3 ans avant de nous livrer son rapport.

Il va s'intéresser à la tomate industrielle, celle qui est utilisée pour fabriquer le fameux " concentré " consommé de part le monde et qui entre dans de multiples fabrications industrielles ( même les plus improbables).
Des usines de Chine, aux société de transformations italiennes, des supermarchés des pays industrialisés à la vente à la cuillère en Afrique, la pâte rouge va être analysée comme jamais.
L'auteur en plus de s'attaquer aux géants de l'industrie, aborde l'histoire de la conserve, le problème des migrants, la surexploitation humaine, les fraudes camouflées ( ou non), la mafia .. bref.. tout y passe.
Enquête de la Chine au Ghana, en passant par l'Italie et la Californie.

Bienvenue dans le monde sympathique de la mondialisation à outrance.

Ce livre a connu une période de censure en Italie et a reçu le prix Albert -Londres 2018.

Petit bémol ( mais vraiment très petit) .. par moment, je me suis moyée dans les chiffres exposés.

Merci à Anne d'avoir parlé de ce livre.
Commenter  J’apprécie          71
Originaire des régions andines côtières, au nord-ouest de l'Amérique du Sud, dans une zone incluant la Colombie, l'Équateur, le Pérou et le Nord du Chili, la tomate est cultivée dans 170 pays. Elle dépasse les clivages culturels et alimentaires, les civilisations du blé, du riz et du maïs, identifiées par Fernand Braudel. le chiffre d'affaire annuel de la filière s'élève à 10 milliards.
Deux années durant, Jean-Baptiste Malet a enquêté de la Chine à l'Italie en passant par le Ghana, rencontrant des agriculteurs, des cueilleurs, des généticiens, des traders, des fabricants de machines, des généraux chinois… À travers la tomate, marchandise devenue universelle, c'est l'histoire de l'industrialisation et du capitalisme mondialisé qu'il raconte.
(...)
Intarissable sur le sujet, abonné à Tomato News, il s'est laissé conduire par sa curiosité dans les coulisses de bon nombre d'usines à travers la planète, dans les bureaux de la plupart des principaux dirigeants. Son travail impressionne par son exhaustivité et son récit jamais ne lasse. Un film est en cours de montage et devrait suivre. Son enquête historique et économique permet de comprendre comment l'esclavage, indissociable du développement du capitalisme, ne disparait pas mais adopte d'autres formes, comment ces guerres de conquêtes ne profitent qu'à un tout petit nombre et combien elles font de victimes essentiellement civiles.


Article (très) complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          61




Lecteurs (211) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
129 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}