"Nous naissons dans le sang, devenons femmes
dans le sang, nous enfantons dans le sang. Et
tout à l'heure, le sang aussi. Comme si la terre
n'en avait pas assez de boire le sang des femmes."
"Que sur moi se lamente le Tigre" n'est pas écrit pour faire l'éloge du monde. Il en expose les caprices, les cruautés, les douleurs et parfois même les hontes.
Dans l'Irak moderne, l'autrice
Emilienne Malfatto dépeint un tableau dur de la place des femmes dans le pays, dans le sang. Mais on comprend au fil de la lecture, par le biais de courts points de vues internes changeants, que la société elle-même semble meurtrie.
Le lecteur va suivre l'histoire d'une jeune fille dont le prénom ne sera jamais dévoilé. Mais le destin si cruel soit-il va renverser le futur de la femme. Amoureuse, passionnée d'un homme, celui-çi meurt au combat alors qu'elle porte une vie dans son ventre. Leur vie. Les dogmes de la société irakienne son strictes. le patriarche disparu, c'est le frère de l'ancienne amante, qui va devoir supprimer l'existence de sa soeur pour sauver la sienne, sous les regards impuissants de toute leur famille.
Poussée par des codes de l'honneur et une structure patriarcale et masculine prédominente, c'est dans une écriture crue mais poétique que l'on se laisse rythmer par le récit. La mort, presque omniprésente durant toute la lecture paraît accompagner l'héroîne de même que les contes mythologiques qui ponctuent les chapitres.
"La ville empestait la mort. C'était douceâtre,
un peu sucré, un peu écoeurant, un peu métallique."
La mort bestial, abrupt, la mort qui ne laisse plus de larmes tant elle est quotidienne. C'est de cette vie là que
Emilienne Malfatto vous contera ses mots avec art.
Dans ce livre Hors-Concours qui se délecte en une soirée, laissez-vous allez à un rétablissement des horreurs modernes, tout en prenant plaisir à découvrir une gracieuse écriture.