J'ai aimé. Beaucoup.
Un beau bravo à
Emilienne Malfatto pour ce magnifique texte qui vient de recevoir le Goncourt 2021 du premier roman.
80 pages, lourdes comme le béton et la terre qui remplit les tombes, puissantes comme les bombes qui éteignent le soleil d'Irak.
Religion, condition des femmes, guerre, chantés comme une tragédie antique sous le joug du tigre et l'épopée de
Gilgamesh. Une femme qui n'a déjà plus de nom et qui va mourir pour porter un enfant sans père.
Et des conteurs, qui tour à tour, subissent leur destin.
Elle « La mort est en moi. Elle est venue avec la vie. »
Baneen « Je suis celle qui ne questionne pas, qui ne bouscule pas. Je suis celle qui accepte sa condition, qui n'imagine pas qu'une autre vie est possible. »
Amir « La guerre n'est pas noble ni grandiose ni courageuse la guerre ce sont des hommes effrayés couchés dans la fange et la merde qui prient Dieu pour ne pas mourir. »
Mohammed « Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes. »
Hassan « Je suis le garçon dont l'avenir n'est pas encore écrit. Je suis celui qui, peut-être, ne sera pas un assassin. »
La mère « Je suis vieille et le monde de mes enfants m'est étranger. J'ai consciencieusement appliqué à mes filles les règles qui m'avaient été imposées. J'ai bâti autour d'elles la même prison que pour moi. J'ai justifié mon monde en le reconduisant. »
Ali « Je suis un homme bien mais je n'empêcherai pas mon frère de tuer ma soeur. Je suis en demi-teinte, enchaîné par des règles que je condamne, navré d'être un salaud. »
Layla « Dans cette famille, une femme déshonorée est une souillure que seul le sang peut laver. »
Un livre accessible, fort, réussi. Merci.