- Et ça veut dire quoi, tout ça ?
Jeanne a perdu l'initiative de la conversation et s'en trouve décontenancée.
- Que tout n'est pas dans les livres, madame. Mon père, il est tout le temps plongé dans les livres : il a perdu son procès, sa maison, son pays, et tout ça pour devenir concierge...
- Et vous croyez que s'il était resté analphabète ça se serait mieux passé ?
- Il l'aurait mieux supporté, dit Geneviève.
Douloureuse la perte...Mais plus terrible le manque. L'absence. Non, pas l'absence, car l'absence est perte encore, a un contraire. Ce qui n'a jamais été:cette fenêtre condamnée dans le couloir de notre enfance.
L'amour maternel était là, comme un dépot dans une banque,une réserve en cas de malheur. Ce qu'on appelle dans certaines familles modestes "une poire pour la soif". Il ne faut pas toucher au magot,mais il donne un sentiment de sécurité. C'est comme une assurance. On sait qu'on l'a, n'est ce pas?On a la soif, aussi.
Tout à coup, elle fut de nouveau dans le désert de l'été, cheminant. La solitude.Dieu, peut être.Dieu, ce vide, ce manque? La chose qu'on ne peut pas retourner, qui n'a ni envers ni endroit, ni densité ni étendue? Le rien qui n'est pas le contraire du tout? Le vide qui n'est pas le contraire du plein? Sont ce là les vraies litanies?
Comment se résigne-t-on à peser un "poids normal" ? Un peu plus, c'est trop. Un peu moins, c'est inquiétant. La marge est bien étroite. Il faut vivre là-dedans....
- Je ne voulais pas vous blesser, s'excusa-t-il.
C'était vrai. Il était trop égoïste pour être vraiment méchant.
Paissez mes brebis...Et depuis elles vont,répandant la bonne parole avec le pain;la bonne et fausse parole qui endort la faim de Dieu comme un enfant,qu'on berce,la parole qui dit qu'on peut être rassasié.
Ravaillac, arrêté et s'attendant aux atrocités promises aux régicides, portait sur lui en guise de talisman des "Stances pour empêcher la douleur des supplices". Quelle foi en la poésie !
C'est avec une calme majesté que se développent les cuisses massives, jeunes troncs d'arbre soutenant un ventre qui a conquis depuis longtemps ses voisins immédiats : la taille et l'estomac, et monte sereinement jusqu'aux seins massifs, bien plantés. Seules les hanches, territoire encore indépendant, conservent une frontière et développent leurs coussinets d'une façon autonome et incongrue, se refusant encore à participer de la sphère parfaite qui tend à s'accomplir, dans l'impitoyable logique de sa force d'inertie.