Fabry s’était retiré, laissant en tête-à-tête le grand-père et la petite-fille.
Mais ils étaient si émus qu’ils restaient les mains dans les mains sans parler, n’échangeant que des mots de tendresse :
« Ma fille, ma chère petite-fille !
— Grand-papa. »
Enfin quand ils se remirent un peu du trouble qui les bouleversait, il l’interrogea :
« Pourquoi ne t’es-tu pas fait connaître ? demanda-t-il.
— Ne l’ai-je pas tenté plusieurs fois ? rappelez-vous ce que vous m’avez dit un jour, le dernier où j’ai fait allusion à maman et à moi : « plus jamais, tu entends, plus jamais, ne me parle de ces misérables ».
— Pouvais-je soupçonner que tu étais ma fille ?
— Si cette fille s’était présentée franchement devant vous ne l’auriez-vous pas chassée sans vouloir l’entendre ?
— Qui sait ce que j’aurais fait !
— C’est alors que j’ai décidé de ne me faire connaître que le jour où, selon la recommandation de maman, je me serais fait aimer.
— Et tu as attendu si longtemps ! n’avais-tu pas à chaque instant des preuves de mon affection ?
— Était-elle celle d’un père ? je n’osais le croire.