Bonjour à toutes et à tous !! 😁
J'ai eu la chance immense d'avoir été sélectionné par la masse critique graphique du mois d'avril !J'en profite donc pour remercier Babelio et les éditions Kana pour cet envoi !! 🥰🙏🧡
Il se trouve que parmi de nombreuses autres oeuvres très tentantes, « Kujô, l'implacable » tome 1 a attisé ma curiosité .
Quelle chance de l'avoir donc reçu !! ✍
le Manga = ⚖
Taiza Kujô est un avocat controversé qui n'accepte que des affaires complexes.
Que ce soit pour défendre un conducteur ivre, qui a percuté un père et son fils, ou pour défendre un homme manipulé et abusé par un gang, Kujô n'a qu'un objectif : trouver une ligne de défense qui aura un maximum d'avantages pour son client.
Kujô est sans pitié. Pour exercer son métier il estime qu'il n'a pas à avoir de morale . « J'obéis au client. Je ne suis du côté de personne ».
🎨L'auteur souhaite nous transmettre avec réalisme un Japon qu'on ne voit pas .
D'ailleurs le mangaka est plutôt coutumier du fait. Il est aussi l'auteur de « Ushijima, l'usurier de l'ombre » en 17 volumes .
Il nous montre ce que la loi permet. Avec noirceur et sans pitié .
Cette lecture est d'ailleurs conseillé « pour public averti ».
Le choix des dessins est plutôt judicieux et très bien réalisé avec un effet de photoréalisme (le terme est-il adéquat ?).
💻📖Après cette lecture très instructive mais dérangeante j'ai voulu faire quelques recherches sur le métier d'avocat et la moralité pour peaufiner ma critique . Je suis tombé sur une interview d'une juriste très intéressante sur le site du CNRS qui disait ceci :
💠« Seize principes guident ainsi le comportement de l'avocat en toutes circonstances. Celui-ci doit exercer ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité dans le respect des termes de son serment. Il doit respecter en outre les principes d'honneur, de loyauté, de désintéressement, de confraternité, de délicatesse, de modération et de courtoisie. Il doit faire preuve à l'égard de ses « clients », de compétence, de dévouement, de diligence et de prudence. La méconnaissance d'un seul de ces principes constitue une faute pouvant entraîner une sanction disciplinaire. L'avocat est par conséquent en permanence sous une épée de Damoclès, d'autant plus que la relation avec « le client » s'est considérablement modifiée. Ce dernier ne s'en remet plus comme par le passé à son défenseur avec beaucoup de révérence, l'échec éventuel était accepté avec résignation. Désormais, « le client » n'hésite plus à faire savoir son mécontentement, jusqu'à même user parfois des voies de droit. »💠
Je trouvais aussi intéressant de vous relever cette réponse au vu du sujet :
▶ Comment les avocats parviennent-ils à défendre les causes qui nous paraissent les plus indéfendables ?
E. R.-A. : Les avocats disent tous qu'il leur arrive de se trouver en face de clients qui ont commis des faits qui leur apparaissent plus immoraux que d'autres, voire monstrueux. Tous soulignent qu'ils sont là pour défendre. Pour eux, plus l'accusation est grave, plus l'accusé a le droit d'être défendu, et l'avocat, le devoir de le défendre. L'avocat, cependant, n'est pas un mercenaire, il a sa propre vie et ses propres convictions, et la défense qu'il propose à l'accusé doit en tenir compte. L'avocat doit accepter de défendre les pires criminels à une seule mais importante condition : c'est d'être d'accord sur la stratégie de défense. Les avocats ajoutent qu'au-delà de l'acte commis ils défendent l'humanité. Si l'avocat refusait de défendre un prévenu, on pourrait penser qu'il nie la part d'humanité de son « client » et par là qu'il renonce à sa propre humanité. ⏸
💬Mon avis =
Vous vous demandez certainement pourquoi je vous ai transmis un pavé d'une interview, en France qui plus est, sur le métier d'avocat et la moralité.
J'ai voulu relever cette interview car j'ai trouvé que sa réponse éclairait mon ressenti sur cette lecture. J'irais plus loin en disant qu'elle a trouvé les arguments que j'aurais aimé entendre de la bouche de Kujô. J'aurais aimé que l'auteur approfondisse cette réflexion. Peut-être dans le tome 2 ?
🔸Je salue le courage d'une telle oeuvre. Cette capacité à retranscrire une triste et noir réalité .
Mais j'avais tout de même l'impression qu'en voulant fuir un schéma manichéen ou classique ; l'auteur était parti lui-même dans ses propres extrémités. En revanche il réussit le pari d'être impactant.
🔸L'avocat se contrefout de toute morale dans les affaires qu'il traite. C'est là où le passage cité devient intéressant . J'aurais peut être préféré un personnage qui assume à la fois son humanité et son métier , distinct eux même de la moralité de ses clients. Qu'il nous montre en quoi ses choix sont moraux plutôt que de nous faire croire qu'il n'en a aucune. Ce qui, qui plus est, ne semble pas être vrai .
🔸J'ai apprécié également les nombreuses recherches concernant la loi au Japon. Ce sujet est très intéressant car il permet de relever notamment des aberrations législatives, le fonctionnement du pays dans ces plus noirs travers.
🔸Je dois reconnaitre que j'ai toujours du mal à accrocher à une lecture quand le personnage principal m'est abjecte. J'aurais apprécié plus de nuances à son propos. Mais je comprends aussi que c'est ce choix qui permet aux propos de
Shôhei Manabe d'avoir plus de poids.
➡ Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai pris un immense plaisir avec cette lecture mais ce n'est pas la visée de ce manga d'être « détente ». Il est là pour nous bousculer un peu , nous faire prendre conscience d'un fonctionnement un peu bancale , et contrairement à l'avocat , pointer du doigts les iniquités et injustices .
Il veut nous faire réagir , nous choquer .
En ça, cette lecture est réussi .
💔Je me dois en revanche de relever 2 petites choses qui m'ont un peu agacés :
-Les placements de produits ne sont pas très discret, et même complètement assumés.Ce n'est pas ce que je souhaite dans l'avenir de la lecture !
-On sature un peu de voir des femmes aux poitrines démesurés même si ça n'a pas été prédominant dans cette lecture (un personnage) …
🔲⚠❗Une lecture que je conseillerais donc à un public averti car il y a des scènes qui faut savoir moralement encaisser.
Il ravira ceux qui veulent en savoir plus sur les failles de la loi au Japon. Ce manga est richement documenté et très intéressant , bien que dérangeant .
Je lui reprocherais plus globalement de ne pas avoir su d'avantage me séduire dans le ton presque un peu « bourru » de l'auteur. Il m'a peut-être manqué de la finesse …😏
Les planches ont réussi à nous plonger dans des angles de vues et des décors très réalistes qui collent parfaitement aux propos de ce manga.🤩
Si vous avez envie de tenter un manga différent, qui vous secoue un peu en vous instruisant sur le fonctionnement de la loi au Japon, foncez !!
Je tenterais surement le tome 2 pour me faire une opinion beaucoup plus objective sur ce manga et son évolution.🤔
NB =Cet avis n'engage bien sûr que moi, et il n'y a pas meilleures façons de se faire une idée qu'en tentant l'expérience ! J'ai écrit cette critique en tentant d'être le plus sincère et honnête vis-à-vis de mon ressenti de lecture.
🧡🥰Bravo à l'auteur, et merci aux éditions Kana !
Bonnes lectures à tous, et n'oubliez pas, prenez du plaisir à lire. 😘
(source interview : https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-avocats-ont-ils-un-sens-moral )