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Un très court roman, ou une longue nouvelle.
Estelle vit le long de la Nationale 7, louée par Charles Trenet. Mais sa vie n'est pas un enchantement. Maison bruyante, limite salubre de part la nuisance des voitures.
Mère de deux jumeaux, son mec l‘a quittée alors qu'elle attendait un troisième enfant. Et la Nationale 7 est là, impitoyable, lui fauchant ses enfants, et alors, elle bascule.
C'est noir, sordide, glauque. Les dessins tout aussi noirs contribuent à ce sentiment d'inéluctable.
Mais alors, que c'est bien écrit.
Style, vocabulaire, enchaînement, personnages…. tout coule de source.
Jean-Luc Manet a beaucoup d'imagination et autant de talent.
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Attention Haine 7 est une novella choc
Mais alors que nous raconte Haine 7
Estelle Carnec, rendue enragée par la mort de ses trois enfants lors d'accidents de la route le long de la nationale 7, sème le chaos sur son passage.

Dans Haine 7, on va rencontrer Estelle mère célibataire de 3 enfants. Abandonnée par Marc le père de de Jeanne et Hugo, les jumeaux, et de Paul. Il faut dire que leur vie de couple était devenue vide, grise, triste et morne. Plus rien à voire avec leur rencontre lors d'un festival punk rock et les beaux moments vécus dans les années 80. Avec leur 3 enfants, ils se retrouvent maintenant dans cette petite maison en bordure de la nationale 7. Les revenus du couple ne leur permettent pas plus. Et puis il y a le trafic incessant, le bruit de la route. Pourtant maintenant seule avec ses mômes, Estelle n'a pas le choix, elle est restée vivre là, dans cette maisonnette au bord de la national 7.
Et un jour le drame. Les jumeaux sont fauchés par un chauffard et comme un drame n'arrive jamais seul, Paul est emporté trois ans plus tard lui aussi.
Son petit dernier mis en terre, Estelle abandonne tout, direction Paris. En pleine errance meurtrière, la jeune femme au bout du rouleau croise la route d'un journaliste rock en panne d'inspiration et de quelques clochards protecteurs. En parallèle, un inspecteur renseigné par des prostituées, un pilier de bar et des SDF la recherche activement.
70 pages intenses proposer par Jean-Luc Manet et brillamment illustrées pleine page par les esquisses diffuses de silhouettes éthérées d'Emmanuel Gross.
Un road movie très rock'n roll comme la bande son de ce court texte. Des chapitres très courts, très rythmé au son des clash et d'autres groupes punks de l'époque. Une fuite en avant sans issu possible. No futur pourrait être le sous-titre de cette longue mais trop courte nouvelle. On présent d'avance que cela ne peut que se terminer mal, on le sait, on le vit intensément à travers les mots justes de Jean-Luc Manet.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Une sourde pulsation rock pour accompagner le malheur d'une vie qui se vide, fauchée par pauvreté et absence de compassion.

Publiée début 2012 par les dynamiques éditions Antidata, la nouvelle "Haine 7", de l'écrivain et critique rock Jean-Luc Manet retrace en une soixantaine de pages superbement illustrées par Emmanuel Gross le bref parcours d'une jeune ex-punkette, fuyant la misère et les loyers parisiens pour vivre avec son compagnon en bordure de la redoutable nationale au trafic incessant et occasionnellement mortel, surtout pour les enfants... Désolation, fuite, et fin d'un parcours dans le quartier parisien Bastille-Arsenal...

Une vignette minimaliste, sur des riffs rock effrénés, qui rappelle un peu, par son ambiance, les plus sombres enquêtes parisiennes de la journaliste rock Mona Cabriole, mais qui, servie par une écriture d'une grande justesse, parvient à camper en peu de phrases de beaux portraits de personnes abîmées par la vie, d'un journaliste poussif et généreux à un clochard au grand coeur, en passant par un inspecteur de police délicat... Une pulsation ininterrompue, qui fait mal du début à la fin.

"La Nationale 7 n'avait pas fait dans le détail. Jeanne et Hugo : laminés trois ans auparavant. le petit Paul : porté en terre le matin même.
Les rugissements d'un semi-remorque cyclopéen lui résumèrent d'un coup ses dix dernières années. Elle tira la porte sans même la verrouiller. À peine si elle eut un regard pour la rambarde de sécurité installée par la DDE le mois précédent. Déjà un autre tonnerre sur roues affolait ses cheveux sombres en un essaim sauvage, dressé à mordre et à vous fouetter les yeux. Elle attendit quelques secondes que la marée brune retombe, insuffla un filet d'air, et prit son élan pour jeter l'énorme sac en bandoulière sur son épaule droite. Elle chancela un instant, se redressa vaguement, avant de se résoudre à adopter une posture de guingois. Comme si la vie n'avait pas suffi à la faire plier."
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La Nationale 7, ici rebaptisée Haine7 – novella noire oblige – campe le décor d'un drôle de cirque : celui des déclassés, désespérés en sursis, SDF et rebels at heart, vrais parias assumés à la vie rude et sans chichis, à la rue ou sur la route, ces deux voies se croisant volontiers et finissant par se confondre pour un temps indéterminé. Une existence à la fois ténue et tenace, fragile et pourtant coriace, qui oscille entre la fuite (devant l'ordre établi, les flics, mais pas que…) et le renoncement à tout. le temps d'une escale à Paname, s'agite en bord de Seine une galerie de portraits brossés à la rude, « Karl Marx pouilleux », « Moïse post-nucléaire » et « la bosse » qui s'enfilent un « sandwich pain de campagne-merguez à caler toute l'équipe du Stade Toulousain », relâchement temporaire auquel sursoit « Jacquot, vigie masaï à la proue du dernier radeau pirate ». Paradoxe de la rue, splendeur du caniveau, ces Diogènes modernes nous percutent de plein fouet par la grâce du style sans concessions, suprêmement efficace et mordant de Jean Luc Manet. S'ensuit une dernière valse désespérée avant la chute, à laquelle assiste, témoin déboussolé et en quelque sorte privilégié, un critique spécialiste de musique punk rock, dès lors qu'il a l'idée contestable d'héberger une Estelle blessée, mutique, irréparable, cruelle et déchirante. Et même si la danse est macabre, l'écriture splendide, fidèlement illustrée par les lavis noirs et gris d'Emmanuel Gross, infléchit le sort de Cendrillon, changeant à minuit les guenilles en habits de bal. Implacable. No surrender.
Nathalie Barrié
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« Haine 7 » est une novela des écorchés, toute en noir et cinglante comme un bon riff de guitare, qui raconte le fond d'une descente aux enfers, celle d'Estelle, ex-punkette à la vie sordide, dont les enfants ont été laminés par les chauffards sur le bord de la N7.

En route vers le rien, Estelle va croiser un clochard nostalgique et un journaliste de rock en mal d'inspiration.

« Il la borda avec soin, la regarda se rendormir, et prit position au bord du fleuve. Là-bas Sainte-Geneviève et Notre-Dame brûlaient des feux clinquants d'une autre planète, lointaine. le brasero s'est doucement tu, mais Jacquot est resté debout toute la nuit, vigie masaï a la proue du dernier radeau pirate. Les mondes cyniques et libéraux lui étaient passés dessus au moins cinq cents fois, mais le prochain pouvait toujours oser. Attila, César, Napoléon, Alexandre, Hannibal : il les attendait tous. Trente et quelques années, des milliers de lunes à implorer, qu'il n'avait pas veillé sur les longs cheveux bruns d'Elsa. Il en était le gardien, prêt à mourir pour ca. »

Un excellent format court à pulsation rapide.
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Nous faisons la connaissance d'Estelle, nous apprenons un bout de sa vie de marginal au côté de marc. Qui, plus tard, la laissera seule avec trois enfants Jeanne et Hugo âgé de six ans et Paul qu'elle porte encore dans son ventre. Et un jour, l'horreur absolue, un ballon qui traverse une route, des enfants courant après et un camion qui arrive. Deux petits caveaux et puis plus tard la mort de Paul... À bout, elle décidera de prendre la route et croisera un clochard et un journaliste de rock ! l'histoire est accompagnée de dessins , noirs , dérangeant , glauques. Pour moi une courte histoire voire même une nouvelle poignante d'une femme à qui la vie à retirer ses enfants et qui finira mal.
Lien : https://lavisduneaccrodelale..
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Les points forts de cette nouvelle, ce sont les personnages secondaires, bien croqués et attachants, du critique rock aux flics, en passant par les SDF et les prostituées, et surtout la nationale 7, que Jean-Luc Manet a eu l'intelligence d'élever au rang de personnage à part entière. Immortalisée dans la chanson de Trénet et évoquant la gaîté, le soleil, le bonheur, la "route des vacances" est ici complètement à contre-emploi, grise, triste, monotone, malveillante, morbide. Autre point fort, c'est l'écriture fluide et musicale, rythmée par le rock de la fin des années 80, un rythme tour à tour pessimiste, violent, enragé ou mélancolique.
Mais le gros point faible, pour moi, c'est Estelle, la personnage principale, pour laquelle je n'ai ressenti pas la moindre once de sympathie, ni même d'empathie. Une femme démissionnaire, morte émotionnellement, dénuée même de fibre maternelle, qui a subi passivement une vie émaillée de faits divers sordides, et qui décide de retourner à Paris sur les traces de sa jeunesse enfuie.
Je n'ai pas compris, ou en tout cas mon esprit cartésien habitué aux polars réalistes n'a pas compris, comment ni pourquoi cette femme hagarde et désespérée, qui chancelle sous le poids de son sac, pouvait à ce point haïr la gent masculine (même s'il est clair que ces messieurs sont loin d'être de parfaits gentlemen) et être envahie par un tel déchaînement de violence et de rage. Et tout ce qui fait le sel d'une nouvelle, c'est sa chute. Ici, si chute il y a, elle est prévisible et m'a laissée sur un sentiment d'inachevé.
Je ne suis pas fan des illustrations d'Emmanuel Gross, même si elles collent parfaitement à l'histoire et en renforcent l'aspect glauque et sordide.
Je remercie Babelio et la maison d'éditions Antidata qui m'ont permis de découvrir ce livre et cet auteur à la plume originale et musicale.
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