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Citations sur Le tournant : Histoire d'une vie (46)

[...] ... Malheur à [l'Europe], malheur à la civilisation européenne, si l'un de ses éléments devait avoir l'audace de prétendre pour longtemps à l'hégémonie absolue sur tous les autres ! La prééminence permanente d'une partie signifierait la ruine et la décomposition du tout. L'harmonie de l'Europe repose sur des dissonances. Les lois immanentes de la structure - de l'essence - du génie européen, interdisent l'uniformisation totale, "l'unification" du continent. Réduire l'Europe à un même dénominateur - qu'il soit allemand, russe ou américain -, "unifier" l'Europe, c'est la tuer. Tel est le double postulat que l'Europe doit reconnaître pour ne pas périr : il faut conserver et approfondir la conscience de l'unité européenne (l'Europe est un tout indivisible) ; mais en même temps, il faut garder vivante la diversité européenne des styles et des traditions. L'Europe, cet accord difficile et précieux, qui unit les dissonances sans jamais les résoudre.

Comme elle semble minuscule et vulnérable, notre chère vieille Europe, vue du Kansas ou de Corée ! La tendresse émue avec laquelle, durant mes voyages, je pensais à ma lointaine patrie, n'était pas exempte d'inquiétude. Aussi longtemps que je n'eus pas quitté l'Europe (mon voyage en Afrique du Nord ne compte pas : Tunis et le Maroc sont des annexes de l'Europe), ma pensée resta limitée à des concepts et des représentations purement européens. La rencontre avec les espaces démesurés de l'Amérique et de l'Asie me fit prendre conscience du fait que l'Europe n'est pas le monde et qu'elle devra perdre sa place dans l'univers si elle continue à s'épuiser et à se déchirer elle-même dans une querelle suicidaire entre frères ennemis. ... [...]
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C' est toujours le même désordre : de mémoire d'homme la même souffrance, les mêmes fêtes :
- Un labyrinthe , un marécage de désirs mortels, et de force créatrice. Les racines de notre être plongent jusqu'à l'eau trouble, jusqu'à la frange, jusqu'au bourbier de sperme, de sang et de larmes où se répète éternellement l'orgie de la volupté et de décomposition , infini tourment, extase infinie.
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Le fléau de l'obscurantisme et de la réaction a non seulement corrompu la vie politique, mais s'est même infiltré dans les opinions de l'intelligentsia auto-proclamée libérale. Le culte du "sang et du sol" ("Blut-und-Boden"), de la force brutale et du style pauvre, l'accent malin mis sur les valeurs biologiques au détriment de la culture, la primauté de l'"instinct" et la défiance de l'intellect, le dénigrement de la fierté individuelle et du progrès social : toute la liste des humeurs et des tendances fascistes ou pré-fascistes a contaminé le jargon des professeurs, des journalistes et des dramaturges - en bref, de tous ceux qui souhaitaient être en phase avec le Zeitgeist, rester à la page.

(dans le chapitre L'enseigne sur le mur [1930-1932])
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Quelle importance s'ils disent que vous déraisonnez ? Apparemment, vous êtes pour l'instant un peu sens dessus dessous. Ce sont des choses qui arrivent : On s'égare parfois lorsqu'on est à la recherche d'un chemin. Vous vous êtes aventurés bien loin , jusqu'au bord de la folie. Mais tout même pas trop loin ! Vous trouverez le chemin du retour . Et plus l'aventure du fourvoiement a été grave , plus vous jouirez de l 'aventure de l'équilibre retrouvé, de l'identité à nouveau hors de danger.
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Les nouveaux arrivants, les greenhorns, comme nous, suivaient la campagne avec un intérêt haletant. Le peuple se laisserait-il berner par les riches quittaient la haute main sur la presse et la radio? Des millions de gens se laisseraient-ils tenir en laisse par les millionnaires? La nation trahirait-elle le meilleur des hommes sur l'ordre d'une clique de privilégiés qui auraient trouvé plus confortable la présence, à la Maison Blanche, d'un médiocre docile?
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Je tombais amoureux d'une ville, c'est tout. D'une ville avec ses odeurs, ses couleurs et ses bruits, avec ses perspectives royales et ses recoins tranquilles , avec son rythme, sa mélodie et _ oui _ avec sa lumière. Ce fut assurément cela surtout , cette lumière, qui, dès le début m'ensorcela [...]
Les Tonalités gaies de Renoir _ rose souriant, bleu profond, carmin lumineux; les ombres solennelles que nous connaissons pour les avoirs vues dans les paysages classiques de Poussin; la gamme infinie des gris dont Monet dispose avec une non chalance princière [...]
Quelle palette, Quelle profusion d'effets de couleurs, de nuances précieuses.
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"La voiture d'enfant, c'est le Paradis perdu. L'unique période absolument heureuse de notre vie est celle que nous traversons en dormant. Il n'y a pas de bonheur là où existe le souvenir. Se souvenir signifie regretter le passé. Et notre nostalgie s'éveille avec notre conscience."
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Car c'est toujours une erreur que de trop hâter les choses. La vie est longue, elle nous accorde suffisamment de temps pour mener à bien des projets de toutes sortes.
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Ce furent donc les livres qui devinrent le véhicule enchanté qui m'emmenait bien loin, vers des horizons insoupçonnés.
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Une fois que l'on a goûté au charme ensorceleur de la grande littérature et au réconfort qu'elle procure, on voudrait en connaître toujours davantage - d'autres "histoires ridicules", et des paraboles pleines de sagesse, et des contes aux significations multiples, et d'étranges aventures. Et c'est ainsi que l'on commence à lire soi-même.
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