4.
A wop bop a loo bop a lop bam boom
Nik Cohn
4.03★
(53)
Suggéré par Medusa.
Le bien nommé Awopbopaloobop, Alopbamboom est un texte historique, parce qu'il a ouvert un nouveau champ journalistique et fondé un genre littéraire, celui de la Rock-Critic. C'est-à-dire une manière d'écrire qui assume et revendique son entière subjectivité, sa partialité, ses emportements, son lyrisme... Sans se soucier des risques de plantage. La musique Pop, c'est l'objet - et le mantra - de Nik Cohn. Golden Boy de la critique musicale dans les swinging London des années 60, Nick Cohn, à la manière de ses héros, décide de se retirer des affaires (il a 24 ans!) et de sortir du feu un mausolée dédié à la Pop, son histoire, ses dieux, ses tricheurs, ses seconds couteaux, ses pirates, sa folie, et sa mort. Car, bien entendu, aux yeux de Cohn, il ne fait aucun doute en 1969, que c'est déjà foutu, grillé.
Awopbopaloobop n'est pas un livre qu'on résume, c'est une longue traînée de poudre enflammée par le carburant hautement explosif que sécrètent compulsivement hormones et neurones de l'apologiste (et flingueur) Cohn, une sorte de Kerouac anglais, au temps des Teddy boys, des dandys Mods, et de l'avènement de la Teen-age Culture. Les morceaux de bravoures ne manquent pas : on retiendra notamment un portrait habité du producteur prodige Phil Spector, un tableau hilarant et jouissif de la Californie des Beach boys, ainsi qu'une évocation décalquée de la déglingue de Liverpool décrétée ville du Pop, suite au succès astral des Fab four. Mis à part sa capacité à dépeindre les étalons du Pop et leurs errances, le plus étonnant, à posteriori, chez Cohn, c'est le regard extrêmement critique qu'il porte sur le Rock «intello» qui apparaît alors dans le milieu des années 60 avec le "Sgt-Peppers" des Beatles, ou la chanson engagée et poétique d'un Dylan. C'est que le panégyriste rêve d'une Pop éternellement jeune, brutale, bête, bruyante, purement «expressionniste», celle de Little Richard beuglant «Tutti Frutti».
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