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Citations sur Le tournant : Histoire d'une vie (46)

"L'inscription sur le mur, 1930-1932" :

"le danger venait de l'intérieur, c'est au milieu de nous que poussait la semence diabolique (...) plus d'un d'entre nous s'abaissa même -de parti délibéré ou non- jusqu'à prêter la main aux forces destructrices et à les encourager. L'infatuation et la faiblesse, l'agressivité et la bêtise que l'on trouvait dans nos rangs devinrent de puissants alliés de l'ennemi". (p 330)
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"A la recherche d'un chemin, 1928-1930" :

"je cherchais à donner un nom à mon désir et à ma nostalgie, à mon héritage et mes devoirs. Europe ! Ces trois syllabes devinrent pour moi la quintessence même de ce qui est beau et digne de nos efforts, elles devinrent le moteur de mon inspiration, une profession de foi, un postulat intellectuel et moral.(...)

Et de cette union -l'idéal hellénique de la beauté et de la liberté, affermi par le sens de l'ordre romain, éclairé par le joyeux message chrétien de l'amour du prochain – naît la Loi éternelle, qui sera le fondement de la civilisation occidentale(...)

L'Européen n'a-t-il pas bien souvent désavoué et oublié sa mission ? (...) Si l'esprit européen dans son ambition effrénée, insatiable, alarmait et corrompait cinq continents, la même force cependant, se révélait toujours assez inventive pour produire, dans le même temps, remède et contre-poison (...)

Le pôle dominant du continent n'était jamais stable longtemps (...) Tel est le double postulat que l'Europe doit reconnaître pour ne pas périr : il faut conserver et approfondir la conscience de l'unité européenne (...) ; mais en même temps, il faut garder vivante la diversité européenne des styles et des traditions. (p 271-274)
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DÉCISION
1940-1942



14 septembre. San Francisco a du charme ; sans aucun doute, la plus belle ville d’Amérique ― en dehors de New York, qui est ma préférée.
Lunch avec le vieux Bender. (Vieillard guilleret, d’origine juive-irlandaise ― mélange qu’à ma connaissance, je n’ai jamais encore rencontré. Peut-être un « ange », pour user de la drôle d’expression dont l’Américain désigne un bailleur de fonds.)
Allié avec lui à Treasor Island, pour la grande « Fair » (comment dit-on cela en Allemand ? « Exposition » ? « Foire » ? Aucune traduction ne semble convenir parfaitement…) Nettement plus impressionnante que la NewYork Fair. Plus haute en couleurs. La mer très bleue. Essor orgueilleux des ponts colossaux.
Passé à peu près deux heures à la « Art Exhibition », avec un plaisir intense. Profondément touché par quelques Italiens, une madone de Filippo Lippi, sur un fond d’or semblable à un brocart ; portraits sublimes du Tintoret ; charme du Tiepolo. (Mais, par contre, la perfection lisse et mièvre de Raphaël me laisse tout à fait froid.) Fasciné au plus haut point par une fête populaire de Brueghel, horriblement gaie, macabre et truculente, et par un merveilleux Cranach : Saint Hieronymus dans son vaste cabinet d’érudit peint avec une pieuse minutie, en compagnie d’écureuils, d’oiseaux, d’un lion qui repose doucement… Tout à fait captivé par Poussin : la Madone drapée de bleu. (Le caractère sculptural de ses personnages. Le mystère de cette clarté, l’insondable profondeur de cette transparence…) Quelques petits Rembrandt d’une matière prodigieuse ; la tête désolée du David ― d’une beauté saisissante. Tout aussi admirables, les esquisses de Dürer. Au dix-neuvième siècle, seuls comptent les Français : représentés par des œuvres mineures mais pleines de charme, des dessins de Degas, Redon, Daumier, Cézanne, Renoir etc. Une ravissante écuyère de Toulouse-Lautrec avec caniche en train de japper. Les Américains modernes, presque sans exception, languissants. A peu près pas un moment neuf, véritablement inspiré ou représentatif, rien qui puisse se comparer au roman américain moderne (Hemingway, Faulkner, Wolfe). Chez les « contemporains » européens, une profusion de choses intéressantes, et belles également. Plaisir de voir Braque, Dufy, Utrillo, Vlaminck. Émerveillement devant un paysage sur la Tamise, de Kokoschka, peint avec virtuosité mais aussi avec une sensibilité profonde. Parmi les Allemands d’aujourd’hui, seul Beckmann, à mes yeux, peut encore être pris en considération. (Klee, qui reste important, n’est pas allemand. Et Hofer, Nolde, Dix ? « Ça n’existe pas ». Et s’il n’y avait plus de Liebermann, ce ne serait pas non plus une bien lourde perte…) Beckmann, et lui seul, possède un langage authentique, un style convaincant, une vision originale. Les distorsions sadiques de ses formes gothiques peuvent choquer, l’agressivité des couleurs crues de sa palette peut, elle aussi, produire souvent une impression désagréable (« il est très boche ») ; mais dans chacune de ses toiles s’exprime une personnalité forte, qui lutte avec courage et ferveur. De là, la force de persuasion de cet art, que, dans sa partialité, son intensité, son tragique, on pourrait peut-être comparer à celui de Rouault. Mais qu’est-ce qu’un talent douloureusement problématique et limité, comme Beckmann, ou Rouault, auprès d’un créateur dont le daimon est capable de métamorphoses, et véritablement universel ? Parmi les nombreux peintres talentueux de notre époque, il n’y a qu’un génie : Picasso.
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La seule excuse de Dieu, c'est qu'il n'existe pas.
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Le savoir est stérile : il ne porte pas le bonheur.
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Comme nous ne pouvons concevoir l'infini à l'image du fini, le fini prend un signification infinie; car c'est seulement à travers l'accomplissement du fini que notre chemin conduit à l'infini.
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