Temps
Les heures indolentes volettent,
les ombres mouvantes du cadran solaire,
fragments de ciel dans ce sable.
Son érythroptique majesté l’Oiseau-prophète
collecte pour ses cavités, couronné de noir
et féroce, féru de perfection
Je ne suis pas libre, mon désir est dans l’oiseau
Les rêves portent des roses, les doigts de l’ongle,
Les pierres sont des yeux Dans mon sang la croix
Je ne suis pas libre, à mon poignet palpite encore le temps
qui construit
les galeries calcaires pour ce sang,
de petits ponts, des escaliers qui dévalent
toujours plus bas leurs cailloux, les dates précises
en pierre pour les collecteurs de pierre du ponton
des pas que baigne le sel et les échos échoués
la file des jours et les déchets
jusqu’à m’élever et traverser
le temps éparpillé, le sable, les étoiles
Je suis un aimant, je retiens, si je veux.
Quand la rive
Quand la rive et son reflet sont parfaitement semblables
et qu’harmonieux et paisible se fait le mariage entre
ciel et eau,
quand profonde et claire est l’illusion du miroir,
et que flânent les animaux, et les nuages, et que la sombre forêt
frémit en profondeur sans un souffle,
il suffit alors d’une aile d’oiseau plongée dans l’eau pour
briser le mirage :
la reconnaissance émerveillée de l’eau et de la lumière
au monde,
fine comme la soir ; mais elle noue le mariage.
Et le monde, frais et beau comme après la pluie ou la
création,
ou une conversion ou une longue maladie,
est unique, lourd, seul membre à membre.