AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La langue géniale : 9 bonnes raisons d'aimer le grec (34)

Et pourtant il arrive bien souvent que nous ne connaissions même pas notre langue, alors inutile de parler d'une autre, qu'elle soit morte ou vivante. Combien de fois me suis-je surprise à dire durant toutes ces années en tant qu'helléniste : « Mais je ne sais même pas ce que ça veut dire en italien ! »
Commenter  J’apprécie          20
Goethe, dans sa Théorie des couleurs, avait déjà observé que le lexique grec de la couleur est extraordinaire, c'est-à-dire loin de toute norme, tant il est différent du nôtre, tout comme leur langue était différente de la nôtre. Des associations chromatiques si inédites qu'elles ont conduit certains érudits du XVIIIe et du XIXe siècle à prétendre que les Grecs ne voyaient pas les couleurs. (...) Les couleurs étaient avant tout pour les Grecs vie et lumière : une expérience entièrement humaine et non physique, optique, et qui n'a rien à voir avec le spectre chromatique du prisme tel que l'a théorisé Isaac Newton. Homère, dans l'Iliade et l'Odyssée, ne mentionne que quatre couleurs : le blanc du lait, le rouge pourpre du sang, le noir de la mer, le jaune-vert du miel et des champs.
Commenter  J’apprécie          00
Jusqu'au IIIe siècle avant J.-C., la scriptio continua était d'usage courant en Grèce, c'est-à-dire une écriture sans espace entre les mots, toute en majuscules et sans signes diacritiques (de διακριτικός, "distinctif") pour distinguer les mots entre eux. Autrement dit, au premier coup d'oeil moderne, un texte original grec semble constitué d'un seul mot démesuré, incompréhensible et infini, tout en majuscules.
Commenter  J’apprécie          00
En italien comme en français, nous ne pouvons donner un visage, une couleur ou une nature aux choses du monde qu'à l'aide de deux genres, le masculin et le féminin. Le grec ancien possédait un genre de plus : le neutre.

En italien comme en français, nous ne pouvons compter et mesurer la vie qu'à l'aide de deux nombres : le singulier et le pluriel. Le grec ancien possédait un nombre de plus : le duel.
Commenter  J’apprécie          11
Le temps, cette prison qui est la nôtre : passé, présent, futur. Tôt, tard, aujourd'hui, hier, demain. Toujours. Jamais. Le grec ancien se préoccupait peu, voire pas du tout, du temps. Les Grecs s'exprimaient en prenant en considération l'effet des actions sur le locuteur. Eux, qui étaient libres, se demandaient toujours comment. Nous, qui sommes prisonniers, nous nous demandons toujours quand.
Commenter  J’apprécie          00
Le décalage entre le sens d'un mot et son interprétation grandit d'heure en heure, de même que les malentendus, les non-dites, de manière directement proportionnelle aux regrets et aux échecs. Peu à peu, nous perdons la capacité à parler une langue, quelle qu'elle soit. De nous comprendre et de nous faire comprendre. De dire des choses complexes avec des mots simples, vrais, honnêtes : et telle est la puissance du grec ancien.
Commenter  J’apprécie          00
Ceux qui ont étudié le grec ne s'en rappellent peut-être rien du tout aujourd'hui, mais ils se souviennent certainement des après-midi passées à répéter en boucle le tableau des verbes irréguliers. Voilà ce qui arrive lorsque l'on apprend par coeur sans comprendre le sens de ce que l'on fait. Voilà le résultat de l'application de catégories, comme le temps, qui sont celles de notre langue à des langues qui en sont dépourvues : c'est l'oubli forcé.
Commenter  J’apprécie          00
Comme le dit Xénophane, tout Grec a appris à être un Grec (AOC) en ses us et coutumes, et à se distinguer de ceux qui n'étaient pas Grecs, chez Homère, dans la multitude et la variété d'obligations sociales (ainsi que d'interdits, naturellement) contenues dans l'Iliade et l'Odyssée : le manuel pratique par excellence de l'être humain et grec, et de la grécité en son entier.
Commenter  J’apprécie          40
« Le grec ancien se préoccupait peu, voire pas du tout, du temps. Les Grecs s’exprimaient en prenant en considération l’effet des actions sur le locuteur. Eux, qui étaient libres, se demandaient toujours comment. Nous, qui sommes prisonniers, nous nous demandons toujours quand. »
Commenter  J’apprécie          140
« Nous ne saurons jamais avec certitude comment on prononçait un mot grec. Les sons du grec ont disparu pour toujours avec ses locuteurs. Nous possédons les textes littéraires, nous pouvons les lire, les étudier, mais non les prononcer. Ils nous sont parvenus muets. Ou plutôt réduits au silence. Sans voix. »
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (183) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    855 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}