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EAN : 9782732430782
256 pages
Editions de la Martinière (17/01/2004)
4/5   1 notes
Résumé :
La vie et la carrière de Charles Cordier (Cambrai, 1827-Alger, 1905) sont à l'image de la singularité de sa sculpture. Après le succès, au Salon de 1848, du bust
de Saïd Abdallah, de la tribu de Mayac, royaume de Darfour, il décida de se consacrer à la représentation de " l'ubiquité du beau ". Pionnier de la polychromie des marbres sous le second Empire, figure majeure de la sculpture française de la seconde moitié du XIXe siècle qui n'avait pas encore fait l... >Voir plus
Que lire après Charles Cordier (1827-1905) : L'autre et l'ailleursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Anne Pingeot nous avait prévenus que la sculpture du XIXe siècle nous réserverait bien des surprises. Et il est vrai, aujourd'hui, que bien des noms et des oeuvres sont sorties de l'ombre des réserves pour avoisiner les statues d'Auguste Rodin. Personnellement, les bustes de Charles Cordier (1827-1905) m'ont irrémédiablement conquis lors de la rétrospective au Musée d'Orsay en 2004. Mais qui connaît vraiment ce sculpteur français ? Pourtant, lors du Salon de 1857, il connut un important succès avec dix-sept bustes. Deux d'entre eux sont taillés dans le marbre blanc, ceux du Maréchal Jacques Randon et de son épouse (et nous semblent aujourd'hui bien académiques). Non, ce qui frappe les esprits, ce sont des bustes de personnes anonymes, des Algériens, des Arabes, des Soudanais, des Kabyles, des Mauresques, des Abyssiniens, des hommes et des femmes, des mulâtresses, des nègres (comme on disait à l'époque). le catalogue de l'exposition nous les présente tous, les uns après les autres. Et sur la couverture, une des pièces les plus incroyables : « Nègre en costume algérien » acheté par l'empereur Napoléon III pour une petite fortune (3000 francs de l'époque). Ce buste polychrome nous offre son visage en bronze argenté oxydé, son turban et ses draperies en onyx, le tout sur un piédouche en granit des Vosges. Sa taille (76 cm) impose la confrontation avec le spectateur. Tous les traits du visage sont finement ciselés dans l'airain ; le regard est acéré ; les lèvres sensuelles légèrement entrouvertes. Une indéniable présence qui force nécessairement l'admiration.
L'époque est à l'ethnographie. Ainsi l'Europe découvre les peuples des colonies et leurs cultures. Depuis le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, les artistes (et dans la foulée, le public français, et plus particulièrement parisien) prennent pour modèles des personnes venues de là-bas. C'était le cas d'un certain Saïd Abdallah, esclave affranchi, vivant à Paris tout en étant modèle pour les artistes. Au XIXe siècle, celui du scientisme, de la laïcité et du progrès, les peuples sont classés, en races et en types, car on veut organiser scientifiquement l'humanité. Et dans la foulée, nous trouvons le darwinisme mais également l'eugénisme et le bertillonnage. C'est dans ce contexte culturel que Cordier demande une bourse pour se rendre en Algérie (1856) afin de représenter les différents « types » humains présents dans la population de la colonie française. le sous-titre de l'exposition « l'autre et l'ailleurs » me semble bien ambigu. Il semble avancer que Cordier était différent de ses contemporains, sans préjugés raciaux occidentaux. Alors que, non, dans plusieurs lettres, il prône la suprématie de la beauté blanche par rapport à celle rencontrée lors de son périple. Complètement insensible à la négritude pour autant ? A un autre endroit, il écrit : « le plus beau nègre n'est pas celui qui nous ressemble le plus ». N'y aurait-il donc dans ces superbes bustes que l'intention documentaire, destinée aux peuples dominateurs et non aux rapprochements entre les peuples ?
Charles Cordier est le chantre de la sculpture polychrome, aux côtés de Jean-Léon Gérôme (1824-1904) et Ernest Barrias (1841-1905). Ce renouveau du mélange de matériaux sous le Second Empire est intimement lié à la redécouverte des carrières d'onyx, dans la région de Constantine (Algérie), en 1840. L'utilisation de ce type de marbre baptisé « albâtre oriental » à l'époque, fut encouragée auprès des artistes par le pouvoir afin de promouvoir la colonie. Léopold II fit exactement la même démarche avec l'ivoire congolais, trente ans plus tard. En 1860, Charles Cordier, encouragé par le gouverneur général d'Algérie, le Maréchal Randon, présente au public sa « Galerie ethnographique » dans le cadre de l'exposition des produits venus d'Algérie au palais de l'Industrie. Une cinquantaine de sculptures « typiques » sont présentées au public et viennent à la suite de la longue tradition du portrait en buste, héritée De La Renaissance et du Baroque. Mais surtout, en mélangeant les marbres, il renoue avec la statuaire antique romaine. Ne serait-ce que par l'usage du porphyre des Vosges, pourtant très différent de celui d'Egypte ! Les portraits des empereurs (Claude, Caracalla, etc.) sculptés dans le porphyre étaient des symboles du pouvoir, de la domination de l'Empire. Bref, Charles Cordier est un orientaliste attardé dans le siècle, nourri d'envies d'ailleurs mais toujours réévaluées à l'aune de sa propre culture. Il n'est pas Paul Gauguin. Il n'y a chez lui aucune envie de renouveler la forme, seulement le besoin de trouver d'autres sujets, d'autres thèmes, servis par une technique brillante.
Après le catalogue raisonné, qui en est à sa première tentative à l'époque, se trouvent une chronologie des expositions entre 1848 et 1906, et une assez conséquente bibliographie.
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