Tant que je saigne, je suis vivant.
"J'ai montré du doigt le calendrier punaisée au mur. Regardez, j'ai dit, j'ai fais une croix rouge à chaque fois que l'un de vous m'a demandé comment j'allais. Juste un "ça va?" ca compais. Un "ça va?", une croix rouge. Simple. Regardez. Ils avaient l'air stupides à essayer de fixer le calendrier sans perdre l'arme de vue. Alors, j'ai demandé, combien de croix rouges? Ils ont pas répondu. Combien? j'ai hurlé. J'en vois pas, à dit ma mère en pleurant. Je suis désolée, Damien, J'en vois pas. Je voit que des points bleus et des croix noires. Et tu sais ce que c'est que les croix noires? J'ai demandé. Non, elle a dit entre deux sanglots, je sais pas, Dam. C'est chaque fois que vous avez fais un commentaire négatif sur moi. Mes polos, mes piercings, ma coupe de cheveux, ma silhouaite de fille, mes goûts, ma musique, mes amis. Il y en a presque tous les jours. Tu les vois? Vous les voyez? Ils ont hochés la tête, ils étaient pas fier. Par contre, j'ai dit, il y à un point bleu chaque fois que Samy s'est inquiété pour moi. Chaque fois qu'il m'a dit quelquechose de gentil ou d'agréable. Chaque fois qu'il ma consolé ou embrassé. Vous voyez les points bleus? Ils ont hoché la tête comme des pantins. Il y en a presque tous les jours des fois plusieurs fois par jour."
Il y avait le ciel au dessus de moi, mais je le voyais pas. Il faisait tout noir. Le soleil a du s'éteindre pour de bon cette fois.
Des fois, j'étais mal à en crever, sans raison, mais j'avais pas envie que ça s'arrête, comment t'expliquer ça ? Si ça s'arrêtait, c'était le vide, et le vide ça me fichait la trouille pire que tout.
Si c'était possible, on aurait habité dans des chansons.
J'aurai voulu lui dire que je me sentais comme abîmé. Que j'existais sans vivre vraiment. Que des fois j'étais vide et que des fois je bouillonnais à l'intérieur, que j'étais sous pression, prêt à éclater.
C'était facile d'être avec lui, mais difficile aussi, comme si c'était dangereux, parce que je n'avais plus de barrières.
Moi des fois, je me sentais vide, et d'autres fois trop plein, sans que jamais ça s'équilibre.
Il m'a dit au lieu d'écrire sur ta peau essaye sur un cahier. Tu peux prendre l'encre que tu veux. C'est toi qui voit. J'ai dit je peux écrire en rouge si je veux, il a dit bien sûr, si tu as envie. Mais j'ai écrit avec du bleu. Je continue. J'ai des pages et des pages, avec plus d'encre que j'aurais jamais eu de sang dans toute ma vie.
Si j'avais étais comme Sammy j'aurais été heureux sans m'en rendre compte. J'aurais dit à mon père... Je sais pas ce que je lui aurais dit, mais enfin je lui aurais dit. J'aurais dit à Céline ferme-là, et à ma mère regarde-moi. P.72