Samy, il fait une philosophie de dire ce qu'il pense et ce qu'il ressent. Il a drôlement du cran, lui. Il est à l'aise avec ça. Jamais honte de rien. Il prend chaque pensée après l'autre, il gère, il a l'air heureux.
Tomber dans un coma profond pendant plusieurs mois pour voir si à mon réveil les choses auraient changé avec le temps
Je me sens pas capable d'assumer la vie.
Samy tu vois jamais ses yeux clairs. Il a souvent l'air de baisser le regard, mais c'est une feinte. Il est plus lucide que tous les autres. Le jour où tu croises son regard d'eau c'est une révélation. Ça m'est arrivé. Il m'a tendu la main pour m'aider à me relever. Viens, il a dit. [...] Je crois que c'est la première fois que quelqu'un me touchait comme ça, avec autant de douceur. Comme si c'était normal.
Pour les gens souvent le sang ça leur
rappelle la mort, moi c'est plutôt le contraire. Tant que je saigne je suis vivant.
Il m'a dit ça se trouve tu l'es. Je suis quoi ? J'ai dit. Homo, ça m'étonnerait pas, tu es sensible. Moi j'ai plus rien dit.
"Samy a fait le tour du banc pour se placer derrière nous deux, il a mis son visage entre les nôtres et nous a enlacés. Il faisait ça souvent, mais je l'ai ressenti différemment. Je me suis mis à trembler. Il m'a embrassé sur la joue, près de l'oreille. Je crois que j'aurais pu fondre de plaisir. Il l'a compris, parce qu'il a ri. J'ai rougi. A la fin de la récré, quand j'ai ramassé mon sac pour aller en cours avec les filles, il s'est penché en même temps que moi pour prendre le sien, et en se relevant, on était si près que j'ai pas pu m'empêcher, j'ai embrassé furtivement ses lèvres, juste pour voir. Il a souri. Gourmand, il a dit. J'en ai eu le cœur tout chaviré de plaisir, va comprendre. Soudain je me suis dit il y a enfin quelque chose que j'aurais peur de perdre."
Samy, il fait une philosophie de dire ce qu’il pense et ce qu’il ressent. Il a drôlement de cran, lui. Il est à l’aise avec ça. Jamais honte de rien. Il prend chaque pensée après l’autre, il gère, il a l’air heureux.
Damien Decarolis, c'est comme ça que je m'appelle. C'est le prénom qu'on m'a donné à la naissance, celui inscrit sur les registres et les listes d'appel depuis que j'ai l'âge d'aller à l'école. Mais on m'appelle presque jamais comme ça. On a très vite tranché. Dam. Il reste plus qu'un tout petit bout de moi dans mon nom.
Ils retenaient leur souffle pour entendre ma réponse. Je crois que c'était la première fois que ce que je disais avait de l'importance.