Janet est mieux pour moi qu’une simple collaboratrice. Très intelligente, belle, c’est une fille compréhensive et sans histoire. Elle occupe à la maison une situation assez particulière qui demande beaucoup de tact, car ma femme est d’un naturel jaloux et d’un caractère fort difficile. Avec mes autres secrétaires, j’avais des scènes conjugales extrêmement déplaisantes, tandis qu’avec Janet tout est simplifié. Voyez comme elle est discrète, jamais devant ma famille ou les étrangers elle ne se permettrait un geste déplacé qui pourrait révéler la nature réelle de nos rapports, de plus, avec les tiers, elle ne se laisse jamais aller à des confidences. Voilà pourquoi je l’emmène avec moi dans tous mes déplacements. A tout point de vue elle m’est indispensable…
Ce traquenard que l’on avait tendu sous ses pas ressemblait trop à un mauvais film policier pour y croire… Mais cependant… Tous les faits paraissaient s’enchaîner… Il songea aux pièces d’un puzzle qui s’emboîtent les unes dans les autres. Depuis la veille tous les événements qui s’étaient déroulés s’ajustaient d’une façon si parfaite qu’il ne pouvait croire à une coïncidence.
Il songea qu’il était affreusement triste à son âge – elle n’avait sûrement pas plus de vingt-cinq ans – de rayer à tout jamais le mot bonheur de son existence et d’être sentimentalement réduite au passé d’un aussi bref roman d’amour car il percevait qu’elle n’était pas de celles qui peuvent facilement recommencer une existence nouvelle.
C’était peut-être cela qui ajoutait encore à sa séduction. Il y avait dans ses gestes, dans son attitude quelque chose de digne qui forçait le respect. Comme elle était différente des filles de sa génération, si libres, si superficielles qui acceptent en riant la faillite d’un mariage et sont prêtes à recommencer une expérience malheureuse avec le même enthousiasme et la même légèreté !
Bien que très amoureux de celle qui partageait actuellement sa vie sentimentale Axel n’était pas insensible à la beauté des femmes et il faut dire que celles qui évoluaient autour de lui, formaient un bataillon assez impressionnant de nudités dignes de figurer devant un jury chargé de sélectionner les plus parfaits spécimens de la gente féminine.
— … J’ai deux filles… Elles sont toutes les deux folles dans leur genre…
— Le croyez-vous vraiment ?
— Parfaitement, elles sont folles… L’une avec ses couleurs… L’autre, avec ses idées révolutionnaires. Elle voudrait réformer la société… Une disciple de Jane Fonda. Vous vous rendez compte ? Je suis bien partagé.