Rupture(s)

La philosophe Claire Marin écrit dans un langage clair et simple cet essai très agréable à lire sur les ruptures, qu'elles soient amoureuses, amicales, familiales ou autres.
Bref, tous ces moments de vie qui opèrent une scission entre un “avant” et un “après”. le livre fourmille de références littéraires, cinématographiques, philosophiques et répond à la question obsédante de “comment vivre l'après ?”.
Un livre très beau et essentiel

Un essai pris dans notre époque, pour le meilleur et pour le pire. C'est un livre assez intéressant malgré quelques défauts qu'un académicien peut constater. Sans doute une réflexion trop quotidienne et une existentialité trop courante pour celui-ci. Toujours est-il que la lecture est agréable et parlera à tout le monde - et cette universalité du quotidien est un bon point.

Acheté suite à une rupture, lu dans une période de guérison d'une autre, des années plus tard, je ne savais plus à quoi m'attendre. Ce livre m'a plongé dans des réflexions philosophiques et psychologique sur le deuil et les ruptures de tout ordre. Il ne donne pas de conseils, mais des axes de réflexion basés sur le travail d'auteurs et philosophes.
Probablement difficile à lire en période de souffrance, parce qu'il place la réflexion à un niveau plutôt élevé.

Claire Marin s'interroge sur toutes ces ruptures qu'on décide ou qu'on subit : celle avec son amant vient spontanément à l'esprit, mais ce serait évacuer toutes les autres, celle tout d'abord avec un « faux soi », avec ses autres identités, avec un ancien soi en bonne santé pour devenir un être souffrant. C'est également oublier la naissance, cet arrachement, cette séparation entre un corps qui s'est transformé et déformé pour donner la vie à cet autre corps si fragile, qui fait renoncer au parent au luxe de pouvoir être seul, séparé, de s'appartenir, pour lui faire endosser la responsabilité de l'enfant, et qui redéfinit souvent la relation de couple. Cela peut être, à l'inverse, rompre avec sa famille pour pouvoir survivre. C'est aussi voir disparaître l'être familier en un fantôme que la maladie ou la vieillesse rend méconnaissable. C'est enfin voir surgir une sexualité débridée, témoin d'une destruction intérieure, pour pouvoir se reprendre après la perte de l'autre ou de soi.

Claire Marin est plus que jamais convaincue que notre vie professionnelle comme notre histoire personnelle sont marquées par des ruptures qui sont autant de déchirures qui nous marquent, nous façonnent pour mieux nous permettre ensuite d'explorer d'autres identités de soi, de rebondir. D'excellents moments de réflexion, notamment sur la naissance et sur la disparition avant l'heure de l'être cher transformé par la maladie. Une réflexion très accessible et dans l'air du temps.