Les bobos sont joyeux. Ils ont pu se constituer un patrimoine en virant les pauvres et en transformant d'anciens ateliers en loft. Ça s'appelle la « gentrification ». Les bobos sont de haute qualification, volontiers voyageurs, volontiers « couples mixtes », écolos ; ils mangent bio et aiment les animaux ; ils participent de l'internationale bobo ; qui habitent les centres-villes partout dans le monde (sauf à Marseille, encore populaire, mais pas pour longtemps). Ils roulent autant que faire se peut à vélo. Sinon, ils prennent de zélés TGV pour traverser rapidement les précédentes zones périurbaines sur lesquelles ils ferment pudiquement les yeux. Ils ne sont pas racistes. Ils font de gros efforts pour que leur nounou mauricienne obtienne la nationalité française. Ils votent évidemment à gauche (la preuve, Paris). Ils sont tolérants et communautaristes (même s'ils ne répugnent pas au double digicode, comme l'explique Alain Finkielkraut ; « les bobos typiques célèbrent le métissage et vivent dans des forteresses »). Ils sont la « mondialisation heureuse ». « L'immigré est mondialisé par le bas, le bobo par le haut. » Le bobo est plus altermondialiste que mondialiste (quoique...). Il est pour le mariage homo, les fringues vintages, l'éducation des enfants à l'étranger, les associations de riverains, les débats politiques, la culture (il protège les intermittents, souvent bobos eux-mêmes, travaillant dans la com', la prod' ou le journalisme), il est pour la libre entreprise, mais aussi le service public. L’État-providence ne lui fait pas peur, il aime le durable, le recyclable, les droits de l'homme, etc., en bref, c'est l'anti-beauf, l'anti-pavillonnaire et l'anti-versaillais. Il ne va pas à la messe, et la « Manif pour tous » le fait rigoler. Il est haï de la droite.
Pour moi, deux des plus grands défenseurs de la France sont François Cavanna, anarchiste, fils de maçon immigré italien, fondateur d'Hara -Kiri puis de Charlie Hebdo, rat d'archives et grand connaisseur de la période des Rois dits fainéants, incroyable goûteur et apprêteur de la langue, ennemi radical du point-virgule que j'adore, et le meilleur conteur de l'histoire et de l'architecture de Paris ; et Mustapha, algérien, correcteur de son métier, immigré, Mustapha dont la syntaxe est tellement parfaite qu'il en remontrerait au Bon Usage - fait par un Belge, si j'ai bonne mémoire.
Repris dans CHARLIE Hebdo n°1433 du 7 janvier 2020, choisi par Gabrielle et Raphaël, ses enfants.
La Grèce nous lègue la philosophie, les sciences, la médecine, la démocrate, Homère et Eschyle en prime. C’est un petit pays méprisé par d’autres au nom de l’argent. Et pourtant nous avons tant de dettes vis-à-vis de la Grèce endettée.
L'urbain marche. Le périurbain roule.
En 1877, le tour de France par deux enfants, de G.Bruno, s'achève en apothéose à Paris après une déambulation dans la beauté des paysages, des métiers et des traditions.
J’ai connu des gens pleins de gaieté qui parlaient de la France avec tristesse, et d’autres pleins de tristesse qui en parlaient encore joyeusement.
Homme libre, toujours tu chériras la ville ; homme libre, toujours tu chériras Paris.
La droite parle de la France comme d'une douleur, d'un mal au dos. Elle a une vision rhumatismale de la France.p.17
La droite parle de la France comme d'une douleur, d'un mal de dos. Elle a une vision rhumatismale de la France, et lorsque la France est battue en 1940, c'est la "divine surprise", la douleur disparaissant soudain avec la Républque, comme le résume la phrase ignoble de Maurras.
Repris dans CHARLIE Hebdo n°1433 du 7 janvier 2020, choisi par Gabrielle et Raphaël, ses enfants.
Incroyable que cette nation survive sous cette lancinante lapidation des pierres du désespoir !