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EAN : 9782081349957
Flammarion (03/09/2014)
3.63/5   100 notes
Résumé :
Servitude, frustration, angoisse sous l'impitoyable « loi de l'offre et de la demande » ou celle de la « destruction créatrice » ; souffrance dans les eaux glacées du calcul égoïste et l'extension du domaine de la lutte qui conduira à la disparition de l'espèce? Tel est l'univers des héros houellebecquiens.Comme Balzac fut celui de la bourgeoisie conquérante et du capitalisme triomphant, Michel Houellebecq est le grand romancier de la main de fer du marché et du cap... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Cette mise en perspective économique de l'oeuvre de Houellebecq est intéressante bien que je n'ai pas lu tous les romans cités. Bernard Maris tragiquement disparu convoque de grands noms de la pseudo science économique pour présenter une critique du libéralisme omniprésente dans le discours et de l'auteur et de son sujet...Cet essai très accessible se lit d'une traite en moins de deux heures...
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On peut essayer de comprendre l'économie en se tapant les théories décérébrées des économistes (tous pourris) mais on peut aussi se mettre à la lecture de Houellebecq. On comprendra aussi bien la marche aberrante de l'humanité, et on sirotera à l'occasion son pur style d
ésenchanté.


Derrière tous les romans de Michel Houellebecq, Bernard Maris reconnaît la figure de certains grands économistes. Ceux-ci s'appellent Marx, Malthus, Schumpeter, Smith, Marshall ou Keynes, et ils ont popularisé les notions de « minimum vital nécessaire », de « destruction créatrice » ou d' « infantilisme des consommateurs ». On peut ainsi lire L'extension du domaine de la lutte comme un roman sur le libéralisme et la compétition, Les particules élémentaires sur la marchandisation des rapports humains, Plateforme sur l'absurdité de l'offre et de la demande, La possibilité d'une île pouvant quant à lui se lire comme la science-fiction d'une humanité dont tous les membres seraient enfin devenus les kids éternels rêvés par la société de consommation.


Si les romans de Houellebecq sont si violents et cruels, c'est parce qu'ils reproduisent à l'échelle individuelle la violence et la cruauté qui se cachent derrière les théories économiques les plus nobélisables. Ce qui se passe dans les romans de Houellebecq est-il plus odieux et répugnant que la théorie de Gary Becker (les familles se répartissent en deux catégories selon qu'elles ont peu d'enfants mais de bonne qualité ou beaucoup d'enfants mais de qualité médiocre), celle de Gérard Debreu (notre société doit réfléchir de toute urgence à la question de la durée de vie des vieux : vaut-il mieux les débrancher tôt ou les maintenir en vie le plus longtemps possible pour créer des emplois ?) ou celle de Larry Summers (il vaut mieux déverser la pollution du Nord vers le Sud pour faire mourir les noirs et conserver les blancs afin que l'humanité y gagne en termes de revenu mondial économisé) ? N'oublions pas de préciser que les trois bonhommes sus-cités ont chacun reçu le Prix Nobel d'économie.


Un être humain trop sensible ayant grandi et vécu dans une société qui valorise de tels raisonnements et qui reconnaît les valeurs qui en découlent ne peut finir autrement qu'un personnage de Houellebecq. Il se montrera cynique pour se protéger, il déprimera s'il ne peut pas lutter, ou il collaborera s'il croit encore pouvoir tirer son épingle du jeu. Chacun des romans de Houellebecq présente des personnages pris au piège de ces comportements qui découlent d'un paradigme nauséabond. Voudrait-on s'en sortir que le reste de la société nous rattraperait et nous collerait à nouveau le nez devant les étalages de cosmétiques puants du Monoprix.


Les personnages des romans de Houellebecq présentent tous un léger décalage : ils louchent un peu trop et se prennent les jambes dans le tapis en voulant filer droit avec les autres. Leur regard dévie d'un angle infime par rapport à l'angle droit de la servilité joyeuse. Ils sont peut-être nés trop tard ou espèrent être nés trop tôt, ils regrettent la disparition du christianisme qui permettait de « refuser l'idéologie libérale au nom de l'encyclique de Léon XIII sur la mission sociale de l'Evangile » tandis que « le marché, lui, se charge de les abolir et de les pulvériser, en abolissant tout lien autre que monétaire ». En considérant que le déclin du christianisme s'accompagne de la naissance du matérialisme et de la science moderne, avec pour conséquences le rationalisme et l'individualisme, on peut interpréter Soumission, le dernier roman de Houellebecq, publié après cet essai de Bernard Maris, sous l'angle de la recherche d'un nouveau paradigme apte à mieux satisfaire les aspirations authentiques de l'être humain. Et si cette perspective semble affreuse, il faut alors se demander quel terreau a pu lui permettre de se développer ? Il paraît que les chiens ne font pas des chats.


Si Bernard Maris parle de Michel Houellebecq, c'est surtout pour dessiller certains de ses (mauvais) (ou faux) lecteurs qui croient voir en lui le représentant démoniaque des pires aspects de notre société. Peut-être n'est-il finalement que le témoin le plus intérieur de la catastrophe économique.
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Houellebecq a des millions de lecteurs. Parmi eux, il faut en distinguer au moins un: Bernard Maris. De tous les ouvrages que ce grand et regretté penseur assassiné nous laisse, celui-ci me sidère particulièrement. On ne sait en effet ce qu'on doit admirer le plus: la modestie du commentateur ou l' intelligence de son analyse. Avec quelle élégance l'économiste Bernard Maris s'efface-t-il derrière l'écrivain Houellebecq, pour le pousser en pleine lumière et lui décerner d'autres lauriers, lauriers qu'on ne lui accordait certes pas en première intention comme on le verra plus loin. Bernard Maris connait intimement les rouages du néo-libéralisme. Il a lu avec une attention extrème l'oeuvre de Michel Houellebecq, et il s'enthousiasme de reconnaître dans l'art de l'un la parfaite radiographie du premier.Ainsi non seulement cet écrivain est grand parce qu'il sait " parler de la mort, de l'amour et du malheur", mais il est à ce jour unique, parce qu'il sait comme personne surprendre "cette petite musique économique, ce fond sonore de supermarché qui de ses notes lancinantes et fades pollue notre existence, ces acouphènes de la pensée quantifiante…" Mais plus encore, il illustre dans les ressorts dramatiques de son oeuvre les théories de "la secte" des économistes, ces gens qui se reconnaissent à ce qu'ils savent toujours se justifier après coup de n'avoir rien prévu de ce qui arriva, qui prétendent scientifique leur discipline " qui ne parvient même pas à faire des pronostics vérifiables", ces apôtres de la quantification, des dites lois de l'offre et de la demande, ces mortificateurs des valeurs humaines d'entraide et de générosité, ces aiguillonneurs de la pulsion de mort du capitalisme.
Les personnages de Houellebecq sont des désarrimés ou des asservis volontaires, infantiles et infantilisés par la peur de ceux qui les maltraitent, les appâtent et les rudoient, comme les petits nazis en herbe rudoyaient et maltraitaient jusqu'au viol le petit pensionnaire des Particules élémentaires. Enfants perdus devant l'incertitude généralisée ( du travail, du couple, de la famille, mais aussi de la pérennité des objets (obsolescence programmée) qui disparaissent dès lors qu'ils en maîtrisent l'usage et le maniement. Enfants appâtés par des désirs fabriqués et entretenus par une pluie incesssante d'objets dont l'usage est incompréhensible à qui n'est pas encore adonné à leur consommation, mais qui deviennent très vite une espèce de nécessité pour rester dans les rouages des services, prestations, ouvertures de droits, inscriptions dans la plupart des actes de la vie civile.. Houellebecq va encore plus loin: de ce triste visage de notre monde, il déduit l'avenir et la fin de l'humanité, à partir d'une démarche logique à peine forcée, il nous livre l'inévitable conclusion .
Là où le personnage de l'écrivain Houellebecq peut le plus nous surprendre, dans l'hommage (le mot n'est pas trop fort) de Bernard Maris, c'est dans les valeurs qui in fine se dégagent , a contrario de l'horreur économique et néo libérale: la bonté, l'amour des femmes et la valorisation du travail.
Surpris? Si vous l'avez déjà lu, cela mérite une relecture. Si comme moi vous ne l'avez pas lu.. faites comme il vous plaira.En tout cas, je vais tenter l'aventure.
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Qui aurait cru que ces deux-là soit politiquement et amicalement compatible. A ma droite le plus médiatique, le plus controversé, le plus adoré ou le plus détesté des écrivains français de ce début de siècle, à ma gauche l'économiste humaniste (oxymore ?) journaliste à Charlie Hebdo et France Inter.

Qui aurait cru que l'univers nihiliste, anxiogène et le regard sans espoir que porte Michel Houellebecq sur notre monde ont pu inspirer le doux et bienveillant Oncle Bernard, lui qui bataillait contre Dominique Seux chaque vendredi sur notre radio national.

Bref la droite et la gauche se rencontre dans cet essai érudit mais accessible au commun des mortels. Bernard Maris sait parler d'économie de manière simple et compréhensible, il utilise les romans et essais de Houellebecq, qu'il connait parfaitement, pour décortiquer et expliquer notre monde contemporain : l'offre et la demande, l'individualisme, l'entreprise, le consumérisme, l'utile et l'inutile, le capitalisme en fin de règne, bref toutes ces joyeusetés qui font le monde Houellebequien si désespéré et pourtant si proche de nous.

Que vous aimiez ou détestiez Houellebecq, vous retrouverez le regard singulier de notre regretté oncle Bernard, disparu dans l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier dernier, en 150 pages il réussit à rendre attachant le plus énervant des écrivains français contemporains, ce n'était pas gagné d'avance.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Etant données les circonstances tragiques liant l'auteur et le sujet de ce petit livre - l'assassinat du premier le jour de la sortie du roman du second le 7 janvier 2015 -, sa lecture ne peut que provoquer un petit quelque chose au niveau de la poitrine chez quiconque a plus d'humanité que de cynisme. Mais bien sûr tout cela n'est pas une raison pour ne pas en faire une (saine) critique.

Houellebecq économiste est un essai séduisant dans son principe, bien écrit et plutôt bien documenté pour un pamphlet. Mais qui m'a laissé sur ma faim sur l'essentiel : le fond de l'analyse économique de l'oeuvre houellebecquienne.

Le vrai souci ici est que Maris se fait plus royaliste que le roi en appuyant le propos antilibéral de Houellebecq, qui est chez lui, au sens du libéralisme économique - l'aspect qui intéresse ici Bernard Maris -, sans doute moins central que la critique de la pensée libertaire, et de la libération des moeurs et des normes sociales de manière générale. Cette pensée libertaire, si elle est implicitement évoquée au passage de la critique du consumérisme, n'est jamais distinguée en tant que telle dans cet essai. . Sans doute parce que Maris souscrit à la libération des moeurs... et donc “oublie” la critique du libéralisme sexuel chez Houellebecq, qui est pourtant centrale dans son oeuvre, dès Extension... et qui est clairement l'un des fils rouges de l'ensemble de ses romans. Alors vous allez me dire que le bouquin parle d'économie et pas de social... Ce à quoi je vous répondrai "Certes, mais le libéralisme au sens économique n'est jamais abordé séparément, comme un objet critiqué chez Houellebecq".

Bref, Bernard Maris fait une interprétation hémiplégique, de gauche, marxiste, donc économisante, de l'oeuvre de Houellebecq : sans doute de la même façon qu'un réactionnaire pourrait faire une interprétation hémiplégique de droite de son oeuvre en négligeant par exemple toute sa description du monde du travail, mais en insistant sur le fait religieux et une certaine vision conservatrice de la société.

On sent donc bien que Maris, au delà de Houellebecq, a en son agenda caché la volonté d'en découdre sur un mode quasi marxiste avec le capitalisme et le libéralisme. Alors même, rappelons-le, que Houellebecq est loin, malgré le titre de son premier roman, de défendre de près ou de loin des positions marxistes... ou des positions politiques quelles qu'elles soient ! Et si l'opinion de l'auteur lui-même est de plus en plus difficile à cerner au fil des romans, les opinions exprimées par ses personnages en matière d'économie deviennent aussi de plus en plus variées. Et j'ai bien du mal à voir dans les derniers romans de Houellebecq le marxisme sous-jacent relevé par Maris.

Au fil des pages apparait donc l'impression un peu gênante que l'oeuvre de Houellebecq se fait manipuler par Maris.

Nous ne sommes donc clairement pas face à un essai littéraire, mais "juste" économique, et surtout: économique-de-gauche-anticapitaliste. On aurait donc aimé, quitte à conserver ce parti pris - qui me parait comme vu plus haut au moins discutable - plus d'éléments soutenant l'affirmation que l'économie n'est pas une science, que tous les économistes dits libéraux (j'imagine qu'il entend par là “classiques”, “autrichiens”, etc.) sont des charlatans, qu'il n'y a pas de vérité en économie... Façon déguisée, évidemment, de considérer que l'économie ne peut être une discipline rationnelle, mais qui se fonde sur des valeurs, et se doit donc d'être soumise à la "volonté générale"... donc à l'Etat.

Apprécions tout de même la jolie plume de Bernard Maris, qui fait de la lecture de ce petit livre un assez bon moment. Et d'ailleurs, n'est-ce pas là principalement ce que l'on peut attendre a minima d'un pamphlet dont on n'approuve pas la thèse ?
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critiques presse (1)
NonFiction
26 janvier 2015
Un ouvrage qui, à travers l’œuvre de Houellebecq, dénonce les théories économiques, responsables d’une société devenue invivable pour l’homme.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (60) Voir plus Ajouter une citation
On doit donner au salarié un peu plus que ce qui lui permet de vivre, afin qu’il puisse se perpétuer et fabriquer de nouveaux petits salariés. Etymologiquement, le prolétaire est celui qui n’a de richesse que sa progéniture.

[Définition du concept de minimum vital social de Malthus]
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Le capitalisme s’adresse à des enfants dont l’insatiabilité, le désir de consommer sans trêve vont de pair avec la négation de la mort. C’est pourquoi il est morbide. Le désir fou d’argent, qui n’est qu’un désir allonger du temps, est enfantin et nuisible. Il nous fait oublier le vrai désir, le seul désir adorable, le désir d’amour.
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A ma connaissance, aucun écrivain n'est arrivé à saisir le malaise économique qui gangrène notre époque comme lui.(…) personne n'a surpris cette petite musique économique, ce fond sonore de supermarché qui, de ses notes lancinantes et fades, pollue notre existence, ces acouphènes de la pensée quantifiante - gestion, management, placement, retraite, assurance, croissance, emploi, PIB, concurrence, publicité, compétitivité, commerce, exportations,… - qui tombent goutte à goutte sur notre tête et rongent notre cerveau au point de nous rendre fous. Car notre époque est folle dans sa prétention à masquer ce qui a torturé et torturera les hommes jusqu'à ce que l'humanité disparaisse (hypothèse houellebecquienne) : l'amour et la mort.
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Houellebecq économiste était un sourire, bien sûr… Un sourire pour dévoiler la triste morale et la forte poigne dissimulées sous les oripeaux d’une science. Car il n’y a pas de science économique ; il y a de la souffrance masquée sous de l’offre et de la demande, autrement dit de la poésie et de la compassion constamment laminées par le talon de fer du marché –marché des biens, du travail, du sexe.
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« Dans quelques décennies, un siècle, plus tôt peut-être, il apparaîtra invraisemblable qu’une civilisation ait pu accorder autant d’importance à une discipline non seulement vide mais terriblement ennuyeuse, ainsi qu’à ses zélateurs, experts et journalistes, graphicomanes, aboyeurs, barons et débatteurs du pour et du contre (quoique l’inverse soit bien possible). L'économiste est celui qui est toujours capable d'expliquer ex post pourquoi il s'est, une fois de plus, trompé.
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