Je suis ressortie de ce roman un peu écoeurée de constater un tel écart entre les discours de Rousseau et sa vie personnelle.
Écrire un traité d'éducation quand on a soi-même abandonné cinq enfants, c'est tout de même un peu fort.
On peut évidemment argüer de la volonté de l'auteur de rester libre, de ne pas s'attacher, mais c'est faire bien peu de cas de sa compagne Thérèse, dont les parents auraient apparemment pu s'occuper des enfants.
Quelle souffrance cela a dû être pour elle de se séparer de ses enfants les uns après les autres (même si le 18e siècle était une autre époque).
Je me suis demandée si elle n'aurait pas dû partir, mais pourquoi faire ?
Lingère, sans mari, déshonorée, elle avait sans doute peu de choix.
Il faut aussi rappeler que si Rousseau finit par tenter de retrouver son fils ainé, c'est sous la pression sociale entrainée par la dénonciation de
Voltaire.
De lui-même, rien ne dit qu'il ait eu une réelle préoccupation pour ses enfants avant cette époque où il se met à écrire sur ce sujet.
L'écriture d'
Isabelle Marsay sert parfaitement ce récit.
Son écriture est simple et agréable, sans pathos, sans jugement.
Elle donne les clés pour comprendre, organise les récits de la vie de Baptiste et de celle de Rousseau pour que le lecteur dispose de toutes les informations tout en conservant une réserve qui permet de ne pas se sentir obligé de penser dans un sens ou un autre.
J'ai vraiment apprécié que l'on me laisse penser ce que je veux, tout en sentant une volonté de comprendre, de pouvoir embrasser l'ensemble des informations.
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