Les souvenirs aussi peuvent être extériorisés, mais ça ne marche pas comme pour les rêves. On ne peut pas effacer les souvenirs, pour la bonne raison qu’ils dépendent d’un événement qui s’est effectivement produit dans le monde réel.
Le soir on s'est couchés devant le feu en nous écoutant mutuellement respirer jusqu'à ce qu'aucun autre son au monde ne compte.
C’étaient les rêves qu’on faisait quand on était stressé, fatigué, tracassé par ceci ou cela. Le plus souvent, ils mettaient en scène des tâches minutieuses et complexes dont le rêveur devait s’acquitter inlassablement sans bien comprendre ce qu’il faisait et en se trouvant constamment obligé de tout reprendre au début
Si on ne s’entraîne pas régulièrement à la violence aveugle, on en perd de vue le véritable but.
Il ne saurait exister de mal plus effrayant que le bien quand le bien vous hait.
Je me suis habitué à ce que l’argent peut vous apporter d’autre, par exemple un minimum de respect ou une compagne de plumard qui ne vous présente pas la facture le lendemain matin.
Quand on effaçait un rêve, en fait, on détruisait seulement une imagerie, une composante visuelle qu’on empêchait ainsi de se projeter dans l’œil intérieur du rêveur. La substance du rêve, cette impalpable abstraction qui semblait impossible à isoler, demeurait.
Les rêves d’angoisse, beaucoup plus fréquents que les cauchemars, tendaient à affecter les cadres moyens et supérieurs, susceptibles en priorité de s’intéresser aux techniques d’oniro-effacement. Les détenteurs de cette nouvelle technologie ont donc changé leur fusil d’épaule, revu leur baratin commercial et amassé une petite fortune.
Faire un cauchemar ce n’est tout de même pas si grave, outre le fait qu’on en profite souvent pour prendre conscience d’informations utiles. Quand telle ou telle chose vous flanque une trouille bleue, en général, il y a une raison.
J’avais l’impression que ma vie s’était progressivement arrêtée, et qu’il allait sans doute falloir quelque chose de retentissant pour qu’elle se remette en branle. Une réincarnation, par exemple. Ce n’était pas la première fois que j’éprouvais cette sensation, mais là, j’étais particulièrement pessimiste. Le genre de situation dont on peut facilement ne jamais se relever.