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sur 683 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Anthropologue, spécialiste des peuples de Sibérie et d'Alaska, Nastassja Martin relate dans ce récit sa vie après son attaque par un ours. Très grièvement blessée, la jeune femme est d'abord hospitalisée en Russie, puis en France. Ce livre n'est pas simplement le récit de sa convalescence. C'est d'abord un travail d'introspection, de reconstruction physique et psychique. Mais c'est aussi le récit d'une rencontre, ou d'une confrontation, d'un face-à-face entre l'animal et l'être humain, ce moment où les yeux de l'un, dit-elle, se reflètent dans ceux de l'autre. de ce drame, qui remet en cause profondément son rapport à l'autre ; elle tire des leçons tant pour sa vie personnelle que dans le cadre de son travail d'anthropologue. Je dois bien reconnaitre que certains passages m'ont laissé un peu perplexe, soit qu'ils m'ont paru nébuleux, soit qu'ils étaient empreints d'animisme.
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C'est le hasard qui m'a mis entre les mains « Croire aux fauves » de Nastassja Martin. La couverture, comme souvent, a d'abord attiré mes yeux curieux, elle illustre parfaitement ce que contient ce livre. Puis une note « coup de coeur de la librairie -celle dans laquelle je me rends pour enregistrer des interviews radio- » m'a fait me baisser un peu plus pour m'en saisir et ne pas le relâcher. Il est paru le 10 octobre 2019 dans la Collection Verticales chez Gallimard.

le 25 août 2015, sur une montagne en Russie, un ours et une femme se rencontrent et des frontières implosent. Nastassja Martin est anthropologue, elle a vécu cet évènement de l'intérieur et cherche un sens à cette rencontre. Nous l'accompagnons alors dans cette quête. Là-bas, dans la montagne, deux mondes se sont fait face et se sont confrontés. Toutes les étapes nous sont dévoilées : l'avant, le passage à l'hôpital là-bas puis le retour en France et enfin l'appel à repartir vers cet ailleurs : des rencontres, des visions autres, des paysages ressentis, des vies aux extrêmes.

« Revenir de cela implique une métamorphose physique,
une métamorphose intérieure et une métamorphose du regard qu'on porte sur les choses. »

Elle n'envisage pas le contact avec l'ours comme une attaque, elle n'est pas victime et lui agresseur. Elle a choisi d'inventer un cheminement personnel, de faire preuve d'ouverture d'esprit et d'écoute envers le peuple Évène qu'elle a côtoyé durant ces expéditions. Il en ressort un récit vivant empreint de liberté.
Nous partageons avec cette femme ses réflexions, ses avancées, sa curiosité d'esprit, sa poésie d'âme. Nous découvrons un monde différent du nôtre, nous comprenons que nos certitudes sont à prendre avec précaution. C'est un livre humain, empli d'émotions, d'envie de comprendre sans rester figé dans l'acquis. le vivant est moins saisissable que nos besoins cartésiens de « tout pouvoir ». le savoir comporte ses incertitudes.
Et comme le souligne le philosophe Jean-Luc Nancy : « Nous ne sommes pas surhumains, nous ne sommes jamais trop humains. » Je quitte cet univers avec une sensation de souffle renouvelé qu'apporte le parti pris d'une écriture sincère.

Voici un extrait du récit, c'est un échange entre l'anthropologue et une petite fille rencontrée sur place et une réflexion qui en découle :
“J'aime ça, dessiner, parce que comme ça je m'échappe d'ici… Je crois qu'il ne faut pas fuir l'inaccompli qui gît au fond de nous, qu'il faut s'y confronter… si grandir c'est voir mourir ses rêves, alors grandir devient mourir. Mieux vaut snober les adultes, lorsqu'ils nous font croire que les cases sont déjà là, prêtes à être remplies ”

Spécialiste des populations arctiques, son premier livre est un essai tiré de sa thèse de doctorat :
“En tant qu'anthropologue, j'ai beaucoup travaillé sur la question de l'animisme, qui consiste en cette idée, partagée par de nombreux collectifs indigènes dans le Grand Nord et ailleurs, que nous partageons avec les autres membres du vivant, ce qu'on pourrait appeler un fond commun animé. C'est ce que Philippe Descola appelle l'intériorité, on pourrait aussi dire “âme”. On partage une âme en commun [...]
Penser le monde comme ça, nous permet d'être en mesure d'enclencher un dialogue avec les êtres qui nous entourent. L'important pour ces populations, c'est de se donner les moyens de maintenir le dialogue avec les êtres non-humains.“
"... partir « rêver plus loin ». Parce qu'être en forêt, ce n'est pas seulement chasser, pêcher, mais c'est aussi se donner les moyens de dialoguer avec ces êtres, tout perturbés soient-ils par les métamorphoses environnementales, en partant là où il est encore possible de les entendre… les canaux du rêve sont brouillés lorsque l'on est trop près de là où ça grésille. [...]
Si on se met en capacité de dialogue avec l'autre, on va dans cette zone où l'on n'est plus vraiment soi. Lorsqu'on commence à séjourner dans la forêt pendant de longues périodes, c'est comme si les limites entre nous et l'extérieur se dissolvaient peu à peu. [… ] il faut se donner la possibilité de penser … ce que nos concepts n'arrivent plus à saisir… on est à un moment crucial de l'histoire où l'on peut vraiment repenser nos manières de nous relier au vivant, et même repenser le vivant, puisque le vivant est lui-même en train de se repenser."
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Une anthropologue (pour de vrai) se lance dans l'écriture d'un roman et c'est très réussi.
Nous sommes dans les plaines de l'extrême orient russe, au Kamtchatka plus précisément, avec cette chercheuse française, spécialiste des cultures animistes. Aussi quand elle est victime d'une rencontre avec un ours qui lui défigure le visage, la frontière entre le monde réel et ce qu'on a du mal expliquer se confond. Elle devient une miedka, celle qui vit entre deux mondes, et emporte avec elle le lecteur dans cet univers à la fois incompréhensible, parallèle, onirique et méditatif.
Ces deux mondes qui s'opposent, c'est aussi un peu une continuité de la guerre froide (anthropologue ou espionne, médecine de l'est ou de l'ouest), mais aussi une dualité de la personnalité de Nastassjia qui s'est trouvée une voie, l'anthropologie, et qui se partage entre la famille, basée en Isère, et les contrées éloignées où le rapport à la nature et aux croyances prédomine.
De cette expérience incroyable, l'auteure en tire un livre bouleversant, philosophique sur le rapport à la vie et c'est magnifique.
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Livre étrange un peu envoûtant, la rencontre d'une femme et d'un ours. On pense un peu au Lambeau du fait de la défiguration qui défait le regard de l'autre. Mais il y a aussi l'interrogation sur une symbiose possible animiste.
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