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Critique de Bigmammy


Il faut se replonger dans l'ambiance de cette fin du XIXème siècle, juste après le désastre de 1871, pour comprendre et imaginer à la fois la rapidité avec laquelle la France s'est relevée de la défaite, commence à s'habituer au mécanisme de la république parlementaire, constate des écarts de fortune et de revenus colossaux, vit dans des appartements tout juste sortis des chantiers du baron Haussmann et où un grand espace est ménagé pour « recevoir » avec plus ou moins de faste.

Il n'est que de se souvenir de l'immense cohorte des littérateurs, poètes, dramaturges, académiciens, romanciers, peintres, musiciens qui ont illustré cette période d'intense création artistique qui court jusqu'aux années vingt, avec deux larges coupures : l'affaire Dreyfus et la Grande Guerre.

Une époque où seule la Presse – développée à l'extrême – a le quasi-monopole de l'information. Sauf pour les « mondains ». Ceux et surtout celles qui « tiennent salon », ont leur « jour », ceux qui fréquentent ces irremplaçables lieux de sociabilité – on dirait aujourd'hui ces réseaux sociaux – pour promouvoir une carrière (le leur ou celle de leurs protégés), obtenir d'être édité, trouver un engagement, se faire élire à l'Académie ou nommer au Gouvernement.

Héritiers des Lumières des XVIIème et XVIIIème siècle, les salons de la IIIème République fleurissent dans les nouveaux quartiers chics : ce n'est plus tellement le faubourg Saint-Germain, mais plutôt les belles avenues rectilignes de la rive droite, où se rencontrent pratiquement chaque soir l'élite intellectuelle de la vie parisienne.

On y fait et défait une réputation, on y parle des célébrités du moment, de leurs histoires, de leurs ambitions, de leurs biles rentrées, de leurs vices intimes (Julien Benda). On s'y marie, on divorce, on se brouille sur des questions politiques, on y rencontre de façon informelle des adversaires, des émissaires étrangers …

Emmanuel Kant disait déjà en 1798 : « La nation française se caractérise avant tout par son goût de la conversation ». C'est là que se rassemble la bonne société, un ensemble de personnes privilégiées chez lesquelles une vie oisive et raffinée a créé un besoin de sentir.

L'ouvrage est un véritable pavé, qui décrit de manière exhaustive l'ensemble des salons et dîners réguliers qui se tiennent à Paris ou dans les châteaux alentours et leur typologie : littéraires, musicaux, politiques, voués au théâtre ou à l'art lyrique. J'y ai retrouvé la trace de grandes figures féminines comme la comtesse Greffuhle, Anna de Noailles, Juliette Adam, la marquise Arconati-Visconti, la comtesse de Loynes, les inévitables frères Goncourt, Jules Lemaître et Anatole France, Emile Zola et Léon Blum, Paul Deschanel, Jean Cocteau et Alphonse Daudet, Marcel Proust … parmi tant d'autres.

Une masse de découvertes de noms qui furent célèbres au point d'avoir aujourd'hui encore leur nom sur une plaque de rue de la capitale, mais totalement oubliés aujourd'hui – comme le dramaturge Edouard Pailleron dont je ne connaissais l'existence qu'à travers le dramatique incendie du collège qui portait son nom … A quoi tient la notoriété !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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