Cette bande dessinée a le mérite de m'avoir fait découvrir l'histoire imaginée par
Italo Calvino. L'idée de départ est originale (vivre dans les arbres) et surtout hautement symbolique: ce qui ressemble à un caprice d'enfant est en réalité une volonté de s'affranchir de l'éducation paternelle afin d'être libre et indépendant.
Le petit Côme est issu d'une famille noble "aux traditions vieillottes". Son père, conservateur, n'est "pas très ouvert d'esprit" et fait tout pour dissuader son fils... en vain ("Les titres, l'argent et les responsabilités ne m'ont jamais intéressé"). Côme se révèle particulièrement ingénieux et dégourdi, réalisant toutes sortes d'aménagements dans les arbres pour y vivre sans plus jamais poser le pied à terre ("Tu es doué en bricolage aérien"). Sous l'influence de Jean des Bruyères, il lit
Montesquieu,
Voltaire et l'Encyclopédie, s'imprégnant des idées des Lumières.
On le retrouve quelques années plus tard, surpris de constater que son père s'est fait une raison et même qu'il est fier de son fils! Celui-ci a fait adopter son style de vie à tous, ce qui ne l'empêche pas de participer à la vie du village. L'intrigue stagne un peu, heureusement le graphisme est agréable et sait se renouveler. Les couleurs froides (bleu gris) contrastent avec les couleurs chaudes (orangé), et l'auteur réussit à varier les plans des arbres. Côme découvre une communauté d'exilés espagnols qui vit perchée dans les arbres, ce qui le réjouit et lui apporte un peu de compagnie. Cependant eux n'ont pas le choix. Lui est un "agitateur". Il s'inspirera d'ailleurs des actes de la Révolution française pour encourager les habitants d'Ombreuse à se révolter contre les collecteurs d'impôts.
L'histoire prend une tournure sentimentale avec le retour de Violette, son amour d'enfance. Mais la jeune fille, qui aime s'amuser et voir du monde, ne peut s'accommoder de vivre dans les arbres en permanence ("Comment fais-tu pour rester tout le temps à distance des événements?"). Et il est hors de question pour Côme de descendre: "Je perdrais tout intérêt à tes yeux. Et de toute manière, je serais totalement inadapté dans le monde".
Sur la fin de sa vie, ce sont les villageois qui, à leur tour, viendront améliorer son quotidien. Jusqu'à sa mort qui se révélera, à l'image de l'oeuvre toute entière, à la fois poétique et surprenante.
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