L'Espagne, l'Algérie et mieux que l'Algérie, Oran, ma ville : tout ce que j'aime ! Des histoires de femmes souffrantes et prenant leur destin en main, un peu de fantastique, et
Carole Martinez, dont j'ai beaucoup aimé «
du domaine des murmures » ! Autant dire que je me promettais, pendant ces vacances, quelques beaux après midis de pur bonheur.
Et j'ai été déçue, j'ai même parfois eu du mal à avancer. Oh ! le livre n'est pas mauvais, comparé à ce qu'on nous offre généralement en tête de gondoles, il est même plutôt bon, mais j'ai eu de la peine à tenir jusqu'au bout. Je vois ici des critiques « livre somptueux », « souffrance des femmes », « magique»… Il n'a rien été de tout cela pour moi, sauf dans la dernière partie, en Algérie (bien peu reconnaissable, mais on est dans l'irréel, et c'est très bien). Pour moi, le livre ne s'envole qu'avec la caractérisation des enfants, tous plus improbables les uns que les autres, tous fascinants, Pedro le doux artiste que son père condamne à la violence, Clara l'enfant phosphorescente, attirée par tout ce qui brille, Soledad la narratrice, Angela, l'enfant à plumes et surtout Martirio, ma préférée, l'ange de la mort. Là, les personnages prennent de la consistance, le fantastique s'enrichit et se mêle au quotidien. Là, ça devient vraiment beau. Mais dans toutes les deux premières parties, cette Frasquita fadasse, victime sans désirs, et tous les personnages qui l'entourent (sauf peut-être le mari, poulet de basse-cours) me semblent falots et pâles.
Je crois qu'en fait, le livre a souffert pour moi d'une constante comparaison avec ceux d'
Isabel Allende, qu'il ne manque pas de beaucoup rappeler. Sauf que chez Allende, les personnages sont charnels, sensuels (sensualité qui manque singulièrement dans
le coeur cousu) bouillonnants de vie. On s'identifie, on les aime, on tremble pour eux. Sauf aussi qu'il y a chez Allende une dimension politique et sociale généreuse, chaleureuse, qu'on ne retrouve aucunement ici. (L'épisode du soulèvement populaire et du bel anarchiste est même, au contraire, à mes yeux, non seulement fade, malgré l'hémoglobine, mais ridicule).
Je ne découragerai personne de lire ce livre, d'abord parce que ce que je propose ici n'est qu'une opinion, qu'une humeur, on n'est pas obligé de me suivre, et ensuite parce que, comme je l'ai dit au début, c'est quand même un plutôt bon livre mais, pour moi, 13/20 ou 14, là où j'en attendais 18 ou 19.