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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Dans une contrée imaginaire au milieu de steppes où galopent des chevaux sauvages et que l'on peut supposer se situer dans un Moyen ge encore paganiste, l'enfance et l'adolescence d'un petit noble. Son père, qui l'oublie le plus souvent, est de plus en plus sénile et impotent et entouré de chevaliers plus près du reître que du défenseur de la veuve et de l'orphelin. Sa mère ne s'adresse guère à lui que pour le battre, ses frères aînés le méprisent et le détestent.
Cet enfant est doté d'une famille aussi rustre et peu aimante que possible qui le rend lui-même farouche, cruel, et dépourvu de langage si bien que lorsque son père ordonne à sa suite que l'un deux lui attrape l'un des chevaux, cet enfant ne trouve à lui donner comme nom que Krim-le-cheval du nom du chevalier Krim-le-guerrier qui lui apporte par le geste sans aucune paroles les rudiments du combat à l'épée. En conséquence de quoi le début semble être une étude de l'absence d'éducation et d'amour sur le développement humain.
Lorsqu'enfin il est envoyé chez le baron Mohl, il commence à s'humaniser .
Ce récit à la première personne comprend de nombreuses incises correspondant aux méandres de sa réflexion. Laquelle réflexion paraît non pas confuse mais coupée parfois du réel. Il vit dans un monde fantastique peuplé d'ogres et d'ogresses, et par ailleurs malgré sa robustesse et son courage tremble parfois devant ce qui semble plus être des visions que la vérité, jusqu'à perdre connaissance. Sans doute un psychiatre y verrait-il les symptômes d'une maladie mentale.
C'est un livre finalement assez étrange.
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Vous est-il déjà arrivé de lire un livre qui, lorsque vous n'étiez pas en train de lire, semblait raconter une histoire peu transcendante mais qui, en pleine lecture, devenait une addiction impossible à cesser ?
Et bien c'est ce qu'a produit ce livre sur moi, un sentiment assez déroutant finalement.
Si je dois vous le recommander, il me sera difficile de le faire en n'évoquant que l'histoire. Pourtant, comment vous en donner le goût autrement ?
Je me lance… L'histoire est celle d'un garçon, puis d'un homme, fils d'un petit seigneur sans aucune noblesse, gras et rustre, à l'époque féodale, qui partira servir le baron Mohl au service de qui sont ses frères aînés, et qui lui enseignera l'art de la guerre. Elle conte sa vie, de sa naissance jusqu'à son adoubement en chevalier, véritable combat d'un être d'une extrême laideur physique faisant face à la laideur environnante, des sentiments, des comportements, des coutumes.
Et toute cette laideur tranche magnifiquement avec l'écriture de Ana Maria Matute, un vrai trésor d'enchantement qui vous condamnera à ne plus pouvoir laisser tomber ce livre jusqu'au dernier mot. Et qui fait de ce livre, un très beau conte.
Je termine cela dit sur un bémol, tout du moins je nuance un peu mon enthousiasme, car il me faut être honnête aussi : la première partie est très engageante et on avale les pages en souhaitant connaître la suite de la vie du jeune homme ; la seconde partie est plus la proie d'une écriture qui semble mettre en forme les errances du jeune homme qui, visiblement, sombre dans une lucidité ou une hallucination, et perd parfois tout à fait pied, comme le lecteur. Il faut donc vous attendre à une part d'onirisme frôlant avec une poésie hermétique mais qui peut également être considérée comme la mise en forme des pensées du jeune homme, doublant le sens du fond par la forme. On peut également simplement se laisser bercer par la musique que l'écriture crée alors, véritable musique très agréable à lire pour ceux qui apprécie les belles tournures.
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Un roman inclassable, halluciné!
Dans des temps anciens, dans une contrée obscure, naît un jeune garçon, dernier rejeton d'un non moins obscur seigneur. Traité cruellement par sa famille, il mène une vie semblable à celle des gueux dans la douleur, la faim, le froid. Ses seuls amis Krimm-le-guerrier qui fait son éducation et Krimm-le-cheval. Puis un jour, comme ses frères, il est envoyé à la cour de Mohl. Un autre monde de raffinement et de cruauté. le jeune héros a des visions terribles et fugitives, visions que la sentinelle de la tour de guet, sorte d'alchimiste involontaire va étayer. Une terrible légende va naître dans les steppes.....
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Ana Maria Matute crée ici un roman d'apprentissage très étrange, tout entier tourné vers la vie intérieure de son personnage, entre réel fantasmé, hallucination fantastique et quête de soi. A l'image de ce personnage, l'écriture se module entre simplicité limpide et complexité tortueuse, tissée de sensations brutes, d'allusions visionnaires. Je m'y suis perdue, parfois, jusqu'à soupçonner quelques errances de la traduction, et l'esprit sans doute un peu trop terre-à-terre pour accrocher entièrement à ce type de récit. Et pourtant, jusque dans l'incompréhension même, il m'a indubitablement fascinée, par l'originalité absolue de son univers, la puissance ambiguë de ses personnages, sa poésie et la beauté brutale de ses images.
Ceux qui ont besoin d'un minimum d'action feront mieux de passer leur chemin. Les autres pourront avec plaisir se laisser dérouter, troubler, et peut-être captiver.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Dans un Moyen-Âge sombre et mystique, nous suivons les péripéties d'un jeune garçon au physique ingrat, mal aimé de son père, un seigneur vieillissant, et de ses frères qui le traitent avec cruauté. Certains côtés évoquent le roi des Aulnes de Tournier

Dans un style riche et chatoyant comme une étoffe précieuse, un roman par bien des aspects halluciné - et même hallucinant, qui ne laisse pas de déconcerter et de surprendre, par sa profondeur, son effrayante poésie, ses inquiétants personnages - depuis le baron Mohl jusqu'à son ogresse d'épouse, en passant par la sentinelle de la tour de guet - et son extraordinaire puissance d'évocation, dans un tourbillon qui confronte le bien et le mal, le noir et le blanc, et le mystère des destinées auxquelles on n'échappe pas.

"Lorsque le vent d'hiver se mettait en fureur et chargeait contre les murs du château, je frémissais certes de peur. le vent de notre terre, protégée par le coude du Grand Fleuve contre lequel s'étendaient les vignobles de mon père, n'étaient rien en comparaison de cet autre vent qui enveloppait et semblait même parfois prêt à arracher, à la racine, les créneaux et les tours. La neige s'élevait en tourbillons de poudre blanche, aussi légers que des plumes et, de loin, les dunes ressemblaient à une étrange forteresse, qui, de temps en temps, changeait de contours, ce qui, du moins pour moi, lui conférait la menace d'une inquiétante et fantomatique armée avançant, même sans le paraître, vers le château (et avant tout disposée à le démolir de fond en comble)" (page 101)

Roman d'apprentissage autant que réflexion métaphysique, La Tour de guet peut plaire ou ne pas plaire, mais il est difficile de rester indifférent à la magie, au caractère étrange, parfois terrifiant, et décidément inclassable de ce roman.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Lorsque l'on ouvre “La tour de guet”, on ne sait pas dans quel pays se situe l'action ou à quelle époque. le jeune narrateur évolue sur des terres gouvernées par des seigneurs qui sont assujettis à un roi extrêmement lointain et cela nous fait immanquablement penser au Moyen-Age. Il naît alors que son père, un petit noble, est déjà âgé et ses trois frères en âge de quitter la maison. La mère rechigne à s'occuper de son dernier enfant affligé d'une laideur repoussante. Rapidement l'enfant est totalement seul : la mère part dans un couvent, les frères commencent leur apprentissage de chevalier et le père se laisse aller à ses vices en dépensant tout son argent. Il apprend alors à se débrouiller seul, à chasser, à monter à cheval, à se servir d'une épée. Tout cela lui est très utile lorsqu'il doit quitter la demeure familiale pour le château du baron Mohl où il doit faire son apprentissage de chevalier. Notre jeune héros est totalement fasciné par ce nouvel univers : “Peu de temps dut s'écouler après mon arrivée pour que me sautât aux yeux la différence qu'il y avait entre le château, ses us et coutumes fastueux, et le climat, les usages, la maison et la personne de mon père. de plus lourdauds que moi auraient apprécié sans grande difficulté un tel fossé, et supporté, comme je le faisais moi-même, l'étourdissement et la confusion que cela provoquait dans mon esprit.” Notre narrateur va devoir s'adapter à ce nouveau monde sous l'autorité du baron Mohl et sous le regard menaçant de ses trois frères.

La tour de guet” de la grande romancière espagnole Ana Maria Matute est un roman d'éducation. Nous suivons l'évolution du narrateur, son apprentissage. Dès sa naissance, il vit dans un monde brutal, ses frères surtout le maltraitent : “S'ils me rencontraient, ils m'administraient des coups de pied, des insultes et des crachats (…).” La seule forme d'éducation qui apparaît dans le récit est la scène du bûcher. Des femmes sont accusées de sorcellerie et brûlées vives. La mère y traîne le narrateur pour l'effrayer, l'éducation se fait par la peur. L'enfant est profondément marqué par ce châtiment, le lecteur aussi d'ailleurs car le récit en est magistral. Il doit évoluer dans un monde cruel aux moeurs monstrueuses. Tout au long du roman, le narrateur cherche un sens à sa vie, il questionne sans cesse le bien et le mal. Il pense trouver des réponses en entrant au service du baron Molh qui le prend sous sa protection. le baron est un personnage fascinant, imposant, puissant. Il s'impose vite comme une figure paternelle. Mais l'enfant, en entrant dans son intimité, découvre que le géant a des pieds d'argile. le baron est vieillissant, il aime les jeunes adolescents, sa chair est finalement aussi faible que celle du père du narrateur. le jeune héros se retrouve plongé dans un abîme d'interrogations, de visions prémonitoires dont il ne sait comment sortir.

Ana Maria Matute crée un monde fantasmagorique pour raconter l'histoire de son héros. On se trouve plongé en plein Moyen-Age, une époque de transition entre la sauvagerie et la culture. le baron Mohl le symbolise très bien, lui qui est capable de tuer violemment un jeune amant en le donnant en pâture à ses chiens et qui est également extrêmement raffiné dans sa vie quotidienne. C'est également le moment du passage du paganisme au christianisme. Se confrontent les dieux anciens, perdus, et le dieu unique. L'univers où évoluent les personnages est encore en grande partie irrationnel, peuplé de monstres comme le dragon, d'ogre et d'ogresse (le baron et sa femme), de cavaliers blancs et noirs personnifiant le bien et le mal, de chèvres sacrées. L'écriture de Ana Maria Matute est puissamment évocatrice et elle nous plonge dans ce monde halluciné . le style est riche, expressif, imagé et il accompagne parfaitement ce monde brutal et changeant. C'est la grande force de ce livre.

Si vous ouvrez “La tour de guet”, vous vous retrouverez plongés dans un univers effrayant, violent qui évoque un tableau de Jérôme Bosch. Mais ne vous y trompez pas, Ana Maria Matute ne parle pas uniquement du Moyen-Age et une des résolutions de son héros est très actuelle : ” Je me promis de ne jamais plus participer à une vie qui n'était pas ma vie, me mêler et me confondre à une race qui subsiste et gravit à force de coups, de ruses, de renoncements, de désespoir, de haine, d'amour et de mort (…). Jamais ils ne feront de moi une autre outre mordue, sacrifiée à l'incurie de l'esprit, humiliée par la stupidité, calcinée par la terreur.”
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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