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Antoinette Block (Traducteur)
Stock (01/01/1961)
3.21/5   7 notes
Résumé :
Guerre civile espagnole sur une île des Baléares.

Après le décès de sa mère, Maria, la narratrice, est confiée à sa grand-mère. Le père de Maria est absent : il se bat sur le front au côté de ce qui est alors désigné comme « l’ennemi rouge ».

Bientôt Maria est rejointe par Borja et sa mère Emilia dont le mari est lui aussi engagé dans cette terrible guerre mais du côté nationaliste. La grand-mère de Maria règne d’un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une mère morte, un père sur le front républicain, une nourrice devenue impotente, un collège qui la renvoie et voilà Matia obligée d'aller vivre chez sa grand-mère, sur une île des Baléares. Dans la maison, au pied d'un côteau couvert d'amandiers, vivent déjà sa tante Emilia et son cousin Borja dont le mari et père se bat dans les troupes de Franco. Les deux adolescents vont faire front commun pour échapper à la surveillance incessante d'une grand-mère autoritaire qui aime régenter son monde. La guerre est loin, les seules nouvelles proviennent des journaux et Matia et Borja semblent préservés de tout. Pourtant, leur enfance est sur le point de s'achever. Au village, la guerre exacerbe les jalousies et les rancoeurs, le conflit est larvé et entre dans le monde enchanté des cousins.

Ana Maria Matute aime évoquer l'enfance et les mondes imaginaires que se fabriquent les enfants pour éviter de se confronter aux tristes réalités du monde des adultes. Dans ses brûlures du matin, Matia et Borja ont quatorze et quinze ans. Ils jouent aux adultes en dérobant alcools et cigarettes mais ils restent ancrés dans le monde de l'enfance quand ils font le mur pour s'isoler sur une plage où ils cachent leurs trésors ou quand ils investissent le village pour se battre avec une bande rivale. La guerre civile qui déchire l'Espagne les atteint très peu, si ce n'est par la présence de leurs pères sur le front dans des camps opposés. Complices mais aussi rivaux, les deux adolescents vont faire la découverte du mensonge, des dissimulations, de la jalousie et de la trahison. le temps suspendu de l'enfance va prendre fin brutalement les envoyant de plain-pied dans le monde adulte où l'on meurt, on saigne, on tue.
L'autrice excelle à décrire les sentiments contradictoires de la période charnière qu'est l'adolescence. Elle sait aussi décrire merveilleusement la beauté sauvage de cette île isolée des Baléares.
Une plume de qualité, des phrases très travaillées, un vocabulaire recherché…peut-être trop de perfection dans l'écriture pour emporter le lecteur. Tout cela manque de tripes.
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Considérée comme un auteur important dans la deuxième moitié du XXe siècle dans son pays (prix Cervantès, elle a fait partie de l'Académie espagnole de lettres) elle a eu les honneurs de nombreuses traductions françaises. La plupart de ses livres ont peu à peu disparu des catalogues, même si récemment quelques rééditions semblent redonner une seconde vie à certains de ses romans, en particulier aux éditions Phébus. Cela n'a pas encore été le cas de ce roman, Les brûlures du matin, devenu donc difficile à trouver.

Nous sommes à une date indéterminée pendant la guerre civile espagnole, dans une île loin du monde, qui n'est pas nommée. La narratrice, Matia, se trouve chez sa grand-mère. Sa mère est morte, son père quelque part au front, chez « l'ennemi  rouge ». La maison loin des combats accueille aussi sa tante Emilia avec son fils Borja, le père et mari de ces derniers est officier dans l'armée nationaliste. La terrible grand-mère règne sur tout ce petit monde, comme elle règne en partie sur l'île. Les deux enfants, ou plutôt adolescents, vivent des moments hors du temps en apparence, avec des jeux et des découvertes d'enfants, se construisant un univers qui leur permette d'échapper à main mise de la grand-mère. Mais l'univers de l'enfance s'éloigne de plus en plus, face à la violence du monde, et aussi face à la violence qui les habite.

Ana-Maria Matute a un incontestable talent pour créer une ambiance, un décor, à rendre compte du monde sensible, avec sensualité et une sorte de poésie mélancolique. Elle est aussi très à l'aise dans le monde de l'enfance, entre la capacité à créer, à inventer, à rêver, et une forme de cruauté brute, primitive, qui ne se cache pas sous les politesses et le jeu d'apparence des adultes. Nous sommes dans une sorte de paradis déjà perverti, dans un récit qui s'achemine un peu vert une fin que l'on pressent tragique d'une façon inéluctable.

J'ai un peu de mal à dire ce qui m'a un peu manqué dans ce livre pour complètement m'emporter. Un tout petit peu trop prévisible, les personnages, en particulier Matia, avec un souffle de profondeur qui fait défaut, les belles descriptions peut-être un rien trop sur-écrites. Quelque chose qui serait de l'ordre d'une nécessité absolue plutôt que de la belle ouvrage très bien faite n'est pas complètement là. À un cheveu de la grand littérature, qui est sans doute l'ambition, presque atteinte. Mais incontestablement une très bonne lecture.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ma grand-mère avait des cheveux blancs dont les vagues houleuses lui donnaient un air coléreux. Elle n'abandonnait presque jamais sa canne de bambou à pommeau d'or, dont pourtant solide comme un cheval elle n'avait aucun besoin. En feuilletant un vieil album, je crois retrouver dans ce visage épais, massif et blanchâtre, dans ces yeux gis bordés d'un cercle bleuâtre, un reflet de Borja et même de moi. Je suppose que Borja a hérité son assurance, son manque absolu de pitié et moi, peut-être, cette grande tristesse.
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Aujourd'hui, je ne peux plus me rappeler combien de fois j'ai vu Manuel, si nos entrevues étaient espacées, ou si, au contraire, elles se succédaient sans trêve. Je peux, en revanche, retrouver exactement la couleur de la terre et celles des arbres, l'odeur de l'air, les treillis d'ombres au-dessus de nos têtes, les fleurs déjà fatiguées et le puits avec son reflet à côté de nous.
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Me voici devant cette absurde absinthe verte et le coeur gros. Se pourrait-il que tout soit dit dès notre enfance et qu'adulte nous ne soyons qu'une aveugle répétition de nous-même ?
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