- Moi, je suis juste content qu’on ait traversé le Darien et la Colombie sans encombre. Pas de mauvaises rencontres, rien du tout…
- Ce n’est plus ce que c’était la Colombie, tu sais. Escobar, les cartels qui mettaient le pays à feu et à sang, sans compter les FARC qui enlevaient et flinguaient les gens à tout va, tout ça c’est fini…
- Ouais. N’empêche, y a tout un tas de gens que j’avais pas envie de croiser… L’Équateur, c’est plus tranquille.
- Alors là, excuse-moi de tempérer ton enthousiasme, mais je crois que tu n’es pas du tout à la page… L’Equateur a de sérieux problèmes. Les FARC se sont reconvertis dans le trafic de drogues et font sauter des bagnoles et des immeubles des deux côtés de la frontière pour essayer de la contrôler… C’est chaud, par ici…
- Toi, alors ! Je n’arrive pas à savoir si tu le fais exprès pour me saper le moral ou si tu es un oiseau de mauvais augure…
- Ni l’un ni l’autre. Je me tiens au courant des affaires du monde, c’est tout. Un homme averti en vaut deux. Et je te rappelle que celui d’entre nous deux qui a la poisse, c’est toi, et moi je te sors des emmerdes.
- Ça n’existe pas la poisse, Tango. Juste les emmerdes qui n’arrêtent jamais de tomber sur le coin de la gueule des braves gens. C’est la vie qui veut ça.
-Tu sais que ce pont a été construit par les incas. Le pont Rumichaca. En Quecha, rumi ça veut dire pierre et chaco, pont.
-Pont de pierre quoi...
-Ouais. Et on s'en sert encore! Ils étaient bons les incas quand même, non?
-Pour construire, ils étaient pas mal, mais pour les noms, ils ne se creusaient pas trop la tête.
- Nus ne sommes ni des trafiquants, ni des bandits, comme tu dis Hermosa. Plutôt l'inverse. Moi par exemple, je suis un ancien policier.
- Ce n'est pas une garantie d'honnêteté, malheureusement.
Si on s'en tire, ce coup-ci, c'est un miracle.