Bonne nuit les petits

Sur la forme, c'est une très bonne bd. Il n'y a rien à redire. On suit le parcours d'une journée de deux jeunes personnes de 18 ans que tout sépare (à commencer par la classe sociale) et qui vont se croiser pour un final détonnant.

Sur le fond, je m'interroge quant à la noirceur la plus absolue de ce récit. Qu'est ce que voulait nous montrer l'auteur ? Qu'il existe une jeunesse dorée parisienne à vomir pendant que d'autres essayent péniblement de gagner leur vie ? Que cela se termine toujours mal et sans aucune morale pour les bons ? Il faudra retenir vos larmes et pas que...

On ressort de cette lecture l'estomac complètement noué par autant d'injustices. Ce n'est pas bon pour le moral que de lire "bonne nuit les petits". Ce titre qui fait penser à une comptine pour enfant est d'ailleurs assez provocateur. On ne peut être que désanchanté !

Amateurs de lumière, passez votre chemin, tout est noir ici. Histoire, personnages, dessin, caractères, l'humanité ne donne pas grand espoir dans cette BD façon polar, dont on craint le pire à mesure que le récit avance. Drogue, sexisme, chômage, barrières sociales, prostitution, argent facile et humiliation, il y en a pour tous les masochismes. le trait est fort, les thèmes abordés intéressants.

Je regrette juste que le tableau soit si noir, j'aurais voulu des choses à sauver. Mais c'est un parti-pris - pas à mon goût - qui tient la route, je comprends la démarche, même si je n'y adhère pas, la copie est plus que correcte dans son genre. Voilà du noir, profond et vivace, tenu jusqu'au bout, qui ravira les écorchés.