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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Kamikaze. Un terme que l'on ne prononce pas aujourd'hui sans un léger frisson de crainte mâtiné de colère et qui n'a désormais que peu de chose à voir avec sa définition d'origine. Kami Kaze, au Japon, c'est avant tout le Vent Divin, un typhon légendaire qui serait parvenu à stopper les tentatives d'invasion mongoles du XIIIe siècle. Ce n'est que face à la menace d'une défaite déshonorante au profit des Américains lors de la guerre du Pacifique que le mot a plus tard été repris par les Japonnais. Il désigne alors la première unité d'attaque spéciale née en 1944 et composée de jeunes pilotes volontaires dont l'objectif était de faire s'écraser leur avion ou leur sous-marin sur les navires américains et alliés. Ce n'est désormais plus une surprise, Xavier Mauméjean semble vouer une véritable passion pour L Histoire dont il s'inspire largement pour décor de ses romans : L'Angleterre victorienne pour « Mémoires de l'homme éléphant », la ville antique de Babylone dans « Car je suis légion », l'Amérique des premiers pionnier dans « Bloodsilver »..., ce ne sont pas les choix qui manque. Cette fois, c'est à la seconde guerre mondiale qu'entend s'intéresser l'auteur, et plus particulièrement à un aspect bien particulier du conflit : ces fameux attentats-suicides en masse lancé par l'armée japonaise afin de freiner coûte que coûte l'avancée des Américains sur leur sol.

Sans être pour autant un très grand roman, « Rosée de feu » se sera en tout cas révélé une lecture fort divertissante, et ce à plus d'un titre. Comme souvent, le plus grand point fort de Xavier Mauméjean réside dans son habilité à proposer un récit immersif car abondamment documenté. le roman est ainsi truffé de petites anecdotes véridiques, bien que parfois légèrement teintée de fantasy pour le bien de l'histoire : l'horrifiant récit du suicide collectif des civils de l'île de Saipan à l'arrivée des Américains ; le massacre de Nankin perpétré par les troupes japonaises ; ce soldat luttant sur une île tellement isolée que l'on ne l'a informé que des années plus tard que la guerre était terminée depuis 1945... On voit également défiler un certain nombre de personnages historiques qui parleront sans aucun doute aux amateurs de cette période historique : l'amiral Onishi, chef des forces aériennes à l'origine de la création du corps des kamikazes, les plus grands chefs de l'état-major... Xavier Mauméjean nous dresse là le portrait sans fard d'une société fortement éloignée de la notre, encore fortement imprégnée du code d'honneur des samouraïs remontant au XIIe et où la reddition n'est pas une option envisageable. Et c'est justement là toute la force du roman qui, loin de mettre en scène des fanatiques fous furieux et haineux, porte au contraire un regard dénué de tout jugement et de toute condamnation sur ces jeunes hommes avant tout portés par leur sens de l'honneur et par l'amour qu'ils portent à leur pays et ses traditions.

Le roman se constitue ainsi de trois points de vue différents qui se succèdent au fil des chapitres : celui d'un jeune garçon plein d'admiration pour ces vaillants soldats japonnais qui vont donner leur vie pour leur pays ; celui de son grand frère, affecté au poste de pilote, et qui déchante pour sa part bien vite face aux horreurs de la guerre ; et enfin celui d'un militaire en partie à l'origine de la création du corps des kamikaze. Les émotions des personnages sont rarement explicitées et la narration adopte souvent un ton froid et concis qui n'empêche malgré tout pas le lecteur de se prendre d'affection pour la plupart des personnages. le seul véritable bémol du roman tient en fait aux légères touches de fantasy rajoutées par l'auteur. Car au lieu d'avion, ce sont des dragons que pilotent ces kamikazes japonais ! Un élément qui n'est pas sans laisser penser à la série « Téméraire » de Naomi Novik mettant en scène des dragons utilisés comme véritable corps d'armée à l'époque des guerres napoléoniennes, mais qui n'apporte ici que peu de choses et qui aurait mérité d'être davantage exploité (notamment en ce qui concerne les liens entretenus entre pilote et dragon). Les scènes de combat aérien sont pour leur part un peu trop nombreuses et parfois difficilement compréhensibles car trop chaotiques.

Avec « Rosée de feu » Xavier Mauméjean s'attaque avec succès à un sujet rarement abordé lorsqu'il est question de la Seconde guerre mondiale. Un récit très instructif qui ne commet par l'erreur de tomber dans le jugement moral ou le pathos et nous offre au contraire une vision la plus impartiale possible concernant le Japon et ses traditions, y compris celles qui passeraient pour du fanatisme aux yeux des lecteurs occidentaux. Dommage que le seul élément « fantasy » de l'histoire ait été un peu trop maladroitement intégré au roman. Encore une belle réussite pour Xavier Mauméjean !
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Etrange roman que ce ROSEE DE FEU, écrit par un Mauméjean féru d'histoire. le romancier s'attaque ici à la guerre du pacifique et décrit les défaites successives des Japonais après leurs premières victoires, notamment à Pearl Harbour. Les Nippons ont alors recours aux kamikazes, ces fameux pilotes lancés dans des missions suicides pour tenter de couler les navires américains.
Xavier Mauméjean aurait pu tirer de cette fascinante histoire un roman historique « de guerre » traditionnel sur le sens du sacrificie mais il a choisi une approche différente. le romancier livre, en effet, une étrange uchronie et remplace les avions japonais par des dragons. Ce sera, étrangement, le seul élément fantasy introduit dans l'histoire (ou l'Histoire), d'ailleurs assez peu développé quoique l'auteur s'attarde sur le lien qui unit les créatures à leur pilote, un peu à la manière de la BALLADE DE PERN. On aurait aimé davantage de divergence entre cette Histoire et la notre suite à la présence des dragons mais, dans l'ensemble, il n'y a pas d'altérations majeures.
Au-delà de cet aspect fantastique, beaucoup de faits historiques sont donc présents et peu (ou pas) romancés, certains connus, d'autres nettement moins. le livre revient ainsi sur l'anecdote du soldat ne sachant pas que la guerre est terminée depuis des décennies. Mauméjean décrit aussi le massacre de Nankin (immortalisé au cinéma dans « City of life and death » mais aussi dans le très déviant « Black Sun »), les exactions de la fameuse Unité 731 (vue dans les films d'exploitations « Men behind the sun »), la création des kamikazes, etc. Les grandes figures historiques de l'époque répondent également présentes à côté de personnages fictifs, ROSEE DE FEU suivant les points de vue de trois protagonistes principaux : un jeune soldat idéaliste qui découvre la guerre dans toute sa violence, son jeune frère, resté au pays et plein d'admiration pour lui et, enfin, un gradé qui lance le projet kamikaze. Ils représentent, comme nous le dit l'auteur dans la postface, les trois éléments (terre, air, feu), rejoints par le quatrième (l'eau) à la toute fin du roman, en signe d'harmonie retrouvée.
L'inclusion des éléments fantasy dans ROSEE DE FEU produit, au final, une impression étrange. D'un côté le lecteur peut les trouver superflus. de l'autre, il peut aussi avouer que sans la présence de dragons sur la magnifique couverture il serait passé à côté d'un roman historique instructif et réussi. A découvrir en sachant à quoi s'attendre…

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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Très joliment écrit, fouillé, mais pourtant décevant...

Paru en 2010, ce roman modérément uchronique et fantastique promettait beaucoup, et m'a un peu déçu...

1944-1945 : le Japon vit des heures sombres alors que la défaite inévitable se rapproche à grands pas. Une habile construction romanesque nous permet de suivre l'avancée de la fin et le sort de la tentation kamikaze à travers les regards d'un officier expérimenté de l'aéronavale, d'un jeune pilote et de son petit frère encore écolier, au milieu de dizaines de personnages historiques réels. Cette immersion dans la société militaire japonaise, les liens étroits entretenus entre religion et propagande durant ces terribles années, le rôle des différentes factions militaires et politiciennes : tout cela est superbement documenté et très habilement rendu (à la manière froide, toutefois, du bunraku - théâtre de marionnettes - comme l'explique l'auteur dans sa postface). Une belle bibliographie sur le sujet est d'ailleurs fournie en annexe, dans laquelle il ne manque guère que le remarquable "Japan's War" (1986) d'Edwin Hoyt (sans doute la meilleure étude disponible sur la guerre du Pacifique vue du côté japonais).

Là où le bât blesse quelque peu, c'est que les Japonais pilotent des dragons cracheurs de feu,... et que cet artifice fantastique, certes amusant, n'apporte au fond pas grand-chose au propos, alors qu'il tient une place très importante (quantitativement) au sein des 250 pages du roman. L'osmose entre pilote et animal / machine a déjà été particulièrement bien traitée et rendue par Ann McCaffrey, dès son "Dragonflight" de 1968, et les considérations produites ici n'ajoutent rien de notable à la saga de Pern...

Ce détour "raté" gâche donc quelque peu le plaisir d'une remarquable plongée dans la société japonaise, à un tournant de son histoire.
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