AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 92 notes
5
7 avis
4
2 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
J'ai découvert une première le personnage de Nasr Eddin aux alentours de 1996, quand il a été proclamé personnage de l'année par l'Unesco. L'ouvrage était destiné aux enfants, et je constate que les histoires ont été soigneusement sélectionnées, car ce que j'ai lu aujourd'hui était nettement moins « politiquement correct » que dans mes souvenirs !

Nasr Eddin est reconnu pour sa sagesse, non seulement dans son village mais dans le monde entier, puisque les grands souverains n'hésitent pas à réclamer ses conseils. Ses aventures se déclinent en petites histoires en tout genre : parfois sérieuses, d'autres fois franchement bouffonnes. Notre héros apparaît comme rusé ou idiot (ou faussement idiot), capable autant de raisonnements logiques absurdes que de clouer le bec à ses opposants par une réplique bien sentie. Chaque histoire contient une leçon de morale, ou une question philosophique à méditer.

Nasr Eddin est un personnage haut en couleur et très attachant, et plaira aux petits comme aux plus grands !
Commenter  J’apprécie          263
Personnage intemporel, à la croisée du mysticisme et de la mystification, Nasr Eddin Hodja aurait réellement vécu au XIIIème siècle de notre ère, dans l'actuelle Turquie. Pour certains c'est un sage. Pour d'autres, c'est un parfait idiot. Et il est à noter que ces deux identités ne sont pas forcément incompatibles si on prend « idiot » au sens étymologique (et sublime ?) du mot, celui de la racine grecque idiotes : simple, particulier. L'idiotie de Nasr Eddin lui permet d'être toujours égal à lui-même et de trouver la voie qui lui correspond. N'est-ce pas là une définition de la sagesse ? Plutôt que d'aspirer au Paradis et de craindre l'Enfer, Nasr Eddin préfère « rester ici ».

Ainsi, quels que soient les angles dont les conteurs abordent le personnage (rusé, naïf, scabreux…), la simplicité irréductible de Nasr Eddin le conduit toujours à porter un regard particulier sur le monde, à rebours de celui de ses interlocuteurs, et à rebours de son âne qu'il chevauche à l'envers. Ou plutôt c'est lui qui est à l'endroit, mais « cet imbécile qui est en dessous n'en sait rien. »

C'est cette intime conviction d'être toujours dans le bon ordre des choses qui le pousse à sa façon à contester l'ordre établi, représenté par ses concitoyens, les cadis, les imams, les mollahs et même Timour Leng, figure du tyran sanguinaire dont il devrait pourtant être interdit de se moquer. Mais voilà, Nasr Eddin est désarmant par sa simplicité d'esprit.

« — Timour, je suis un protégé d'Allah et Il parle par ma bouche. Aussi dois-tu te prosterner devant moi et me donner un palais, des esclaves, des femmes et de la nourriture de choix. (…)

— Imbécile ! Idiot !…

— Seigneur (…) je ne comprends pas ton étonnement : comment aurais-je pu te faire une pareille requête, si je n'étais pas un parfait idiot ? »

S'il n'est pas toujours très constructif (et parfois aussi constructif qu'un rat mort), Nasr Eddin s'emploie toujours à saper nos certitudes, nos préjugés. Telle est la vertu du provocateur. ll est si doué en la matière que la personne qu'il provoque le plus, c'est lui-même. Et comme dirait le premier idiot venu, c'est en provoquant qu'on provoque quelque chose. Peut-être est-ce ainsi que l'on désamorce les pensées en boîte ?

Les commentaires éclairés de Jean-Louis Maunoury insistent sur les liens qui unissent les histoires de Nasr Eddin à la tradition soufie, notamment celle de la voie du blâme, qui s'opposait à l'hypocrisie des religieux traditionnels et mettait donc un point d'honneur à renverser les codes en se comportant contre une application rigoureuse des piliers de l'Islam, sans pour autant délaisser la sagesse qu'une lecture non littérale du Coran permettrait d'atteindre. Nombre d'histoires de Nasr Eddin s'inscrivent clairement dans cette tradition. Autant dire que cela ne fait pas de lui un ami des fondamentalistes. Et c'est peut-être paradoxalement le Coran qu'il défend contre eux, quand, devenu mollah, il s'exclame :

« Maintenant c'est au Coran d'avoir peur de moi ! »

Qu'il soit cousin de Rûmî ou de trolls d'internet, on trouve toujours des histoires qui peuvent nous parler chez Nasr Eddin. Et d'autres qui ne nous parlent pas du tout car parfois ça tombe tellement à plat qu'on croirait de l'anti-humour à la Andy Kaufman (qui cultivait lui aussi une forme d'idiotie). Tels sont les aléas de ces histoires aux multiples auteurs, qui reflètent toute la diversité du monde musulman et même un peu au-delà, Nasr Eddin étant allé folâtrer jusqu'aux balkans et en Europe de l'Est. A quelques détails près, certaines de ses histoires sont d'ailleurs identiques à certains contes hassidiques. D'ici à dire que l'idiotie est universelle...
Commenter  J’apprécie          193
Livre de chevet, livre incontournable, à mettre dans toute bibliothèque, je ne peux que le confirmer. de 0 à 99 ans, des condensés de sagesse populaire.
Commenter  J’apprécie          172
Quel plaisir de redécouvrir les sages paroles de Nasreddin ! Je connaissais le hodja grâce à une vieille édition illustrée que je lisais et relisais étant enfant, fascinée par tant de simplicité dans les maximes.
Car la particularité de Nasreddin, c'est d'être à la fois idiot et sage, du coup les morales de ses histoires, parfois très courtes, sont un savant mélange d'absurde et d'évidence.
C'est souvent très drôle, parfois moins car cela peut sembler lointain à des occidentaux, mais d'une manière générale ces contes touchent à l'universel de la pensée humaine, du jugement d'autrui, des petites finesses du quotidien.
Une perle à découvrir !
Commenter  J’apprécie          161
Ce livre m'a été mis dans les mains avec une injonction : "lis-le, tu vas aimer!".
Et oui, j'ai aimé !
En Occident, nous avons Renart, le rusé, qui parvient à ses fins en roulant Ysengrin et autres. Et bien au Moyen-Orient (Nasr Eddin tient ses racines de la Turquie et, de là, s'est répandu) il y a le Hodja. Rusé ? Non. Encore que, sa façon de pointer l'absurdité de certaines situations ou à d'autres moments, de faire preuve d'une logique imparable pourrait se faire poser la question. Nasr Eddin l'idiot ne l'est pas parce qu'il est ignorant, mais parce qu'il ne se gêne pas pour dire ce qu'il pense, ce qu'il voit, avec une franchise et une irrévérence désarmante - et, il faut bien l'avouer, désopilante.
L'ouvrage des éditions Phébus compile trois recueils d'historiettes mettant en scène le Hodja, chaque recueil étant précédé d'une introduction fort intéressante et éclairante sur le personnage légendaire. Certaines historiettes sont scatologiques, voire même choquantes, mais la plupart sont drôles, irrévérencieuses à souhait et tellement instructives !
J'ai vraiment apprécié cette lecture, et apprécié également de découvrir ce pan de la culture moyen-orientale que je ne connaissais pas du tout. Je recommande donc vivement la lecture de ce livre.
Commenter  J’apprécie          160
“ Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja” traduites et présentées par Jean-Louis Maunoury. Très belle introduction sur l'humour oriental et sa différence avec l'humour occidental. On ne connaît pas l'origine de ce personnage connu des Balkans jusque en Mongolie, il aurait vécu au XIII° siècle. Son tombeau existe en Turquie, il est sous une coupole soutenue par quatre colonnes, et trois des côtés sont ouverts à tous les vents, seule la façade est murée et percée d'une porte close par un énorme cadenas! Toutes ces courtes histoires sont d'origine orale, Nasr Eddin est à la fois un idiot et un sage... Un livre de chevet!!!
Commenter  J’apprécie          61
Un si petit livre ne m'avait jamais autant de joie et de bonhomie.

Les textes sont cours, empreints de philosophie, de morale, de bon sens et sont encore largement transposables dans notre société actuelle.

Lire un chapitre dure environ 2 minutes.
On s'en rappelle pendant 2, 4, 5, 10, 20 ans :)
Commenter  J’apprécie          52
Nasreddine est une référence du Maghreb à la Chine en passant par l'Asie centrale, à tel point que ses anecdotes font parfois partie du langage du quotidien. C'est ici une somme monumentale d'histoires de ce joyeux personnage qui sont recensées.

Les histoires sont très courtes, c'est le genre de bouquin qui se "picore" par ci-par là.
Commenter  J’apprécie          50
un pur moment de joie dans les histoires ubuesques,abracadabrantesques narrées par Nasr Eddin Hodja avec toujours une petite leçon donnée aux plus grands, à ceux qui se croient plus malin.
Commenter  J’apprécie          30
Sublimes paroles
Nasr Eddin est une figure incontournable et légendaire du folklore persan. Ces courtes histoires philosophiques tiennent en une page, parfois en quelques lignes.
Sous des dehors parfois absurdes, les paroles et les actes de Nasr Eddin nous interpellent tous.
Grâce à sa verve facétieuse et à sa gouaille irrévérencieuse, elles nous offrent un regard neuf sur l'Orient et l'Islam.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (228) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20248 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}